Suis-je dans mon assiette ?

les nourritures 1

 

Il existe un hexagramme dans le Yi King composé de deux traits Yang (premier et dernier traits) et de quatre traits Yin (au milieu). Cet hexagramme (GUA en Chinois) symbolise une bouche, il s’appelle : Yi : La nourriture ou Les commissures des lèvres. Il y est question de l’importance de ce dont on se nourrit.

027.Yi

Pour commencer cette nouvelle série d’articles autour de notre savoureuse « cuisine » je vous propose une réflexion d’Arnaud Desjardins sur ce sujet :

…Une femme : Vous avez évoqué les différents corps grossiers et subtils et les aliments favorables et défavorables pour les différentes parties de l’être humain. Je peux le comprendre à un niveau physique. Cela m’est beaucoup plus difficile de distinguer quelle est la nourriture qui peut m’être profitable sur le plan émotionnel. Par exemple, comment me positionner lorsqu’un proche est agressif ? Est-ce que cela est nocif pour moi ou pas ?

Arnaud : L’absorption, la digestion et l’assimilation des nourritures est un thème essentiel dans les grandes traditions spirituelles, un thème ésotérique. La tradition hindoue à laquelle je me réfère le plus souvent nous a transmis cette expression : sarvam anam, « tout est nourriture », ainsi qu’une formule que je soumets à votre réflexion : « l’existence consiste à se nourrir au niveau physique, culturel, artistique mais à quoi ou à qui est-ce que je sers de nourriture ? Une autre formule nous entraîne encore plus loin : « L’atman (la réalité ultime en nous) est ce qui ne mange rien et qui n’est mangé par rien ».

Mais revenons à l’expérience concrète. Comment est-ce que j’absorbe les nourritures, comment est-ce que je les digère, comment est-ce que j’élimine ce qui ne peut pas être assimilé ? En ce qui concerne le processus physiologique de la digestion au cours duquel l’organisme transforme les aliments en nutriments et sélectionne les éléments assimilables ou non, pourrait-il y avoir une différence selon que j’absorbe les nourritures en état de présence à moi-même ou sans attention particulière ?…

Page 205 : Les nourritures subtiles

La traversée vers l’autre rive (Rencontres au Mexique)

Arnaud Desjardins , Véronique Desjardins

Editions Accarias L’ORIGINEL

Bon appétit: Claude Sarfati.

La bonne mesure avec le Yi King

 

Pour m’aider à  prendre les bonnes décisions  professionnelles dans cette nouvelle année, j’ai consulté le Yi King.

J’ai formulé ma question ainsi:

Que me conseille le Yi King concernant mon travail?

La première difficulté lorsque l’on veut interroger  l’oracle est la formulation de la question.

Au moment de l’écrire, tout en essayant d’être concis, synthétique, nous sommes envahis par une foule de questions, si proches les unes des autres que j’appellerai cela, une famille de questions.

C’est sûrement la raison de la lenteur du tirage traditionnel chinois à l’aide des baguettes d’achillée.

Cette technique, très ancienne mais toujours pratiquée demande un long moment pour fabriquer son hexagramme. Ce temps nous ramène au temps de la méditation prisée par les Orientaux.

Poser sa question en prenant le temps nécessaire, c’est déjà sortir du temps ordinaire pour entrer dans celui du Yi King. Le sens de la méditation est d’ailleurs expliqué par le Yi King à l’hexagramme n° 20: La contemplation.

La méditation ce n’est pas cesser de penser mais agrandir sa pensée, penser avec le regard à l’intérieur, à l’extérieur de soi. Penser avec sa peau qui capte des milliards de choses, penser avec son nez, ses yeux, sa bouche, son cœur. Rendre l’espace de sa pensée si vaste qu’elle est la méditation.

J’ai fait le tirage sur mon site, malgré l’aspect très aléatoire d’un tirage de Yi King sur Internet, par expérience, je peux vous affirmer que cela fonctionne et même très bien.

La réponse est la suivante: Tsie / La limitation, hexagramme 60 avec deux traits mutants à la deuxième et quatrième ligne. La mutation de ces deux traits donne l’hexagramme de perspective: Souei / La suite, hexagramme 17.

La limitation signifie donner un cadre à son action, définir ses objectifs, ses priorités, ses possibilités.

Il s’agit de trouver l’équilibre entre une limite trop sévère, trop contraignante qui inspirerait de l’amertume, de la contrariété et une limite trop laxiste qui ferait éclater le cadre.

L’objectif, est de continuer à proposer à ma mesure du travail de  qualité tout en tenant compte du moment particulier que nous traversons.

Cette fameuse Crise, sociétale, économique, politique, psychologique, environnementale, etc.

Ce n’est plus une Crise, c’est un bouleversement profond, spirituel, qui vient ébranler tout notre être.

Les priorités, c’est le Yi King, depuis 32 ans que j’ai croisé la voie de l’oncle Li, il est resté mon ami. De longtemps mon aîné, certes, mais un noble ami philosophe riche des ses 5000 ans et des ses dix mille façons d’être, de s’exprimer.

L’hexagramme nucléaire (que j’appelle le moteur de la situation, ce qui la motive) est: Yi / La nourriture, hexagramme 27.

 
Nous sommes ce que l’on nourrit en nous, la nourriture alimentaire évidemment, mais aussi la nourriture de l’esprit et des sens. La nourriture d’impression comme l’appelait Arnaud Desjardins.

Donc, reprenons, à la question: Que me conseille le Yi King dans mon travail? il m’est répondu: Yi / La mesure ou La limitation dont l’hexagramme nucléaire est Yi / La nourriture.

Ce qui nourrit mon esprit concernant le travail qui m’occupe, c’est en grande partie le Yi King. C’est donc cela qui m’est conseillé de transmettre en priorité, pour cela, il m’est conseillé d’agir dans un cadre qui ne soit pas trop rigide mais équilibré, allons voir les traits mutants:

 Vieux Yang (9) à la deuxième place:

Ne pas sortir apporte l’infortune

Chassez  vos hésitations: ne cultivez ni le doute ni de l’anxiété. Il est temps d’ agir et de le faire sans tarder ni tergiverser. Si vous ne saisissez pas l’opportunité qui se présente, vous allez rater quelque chose.

Hexagramme dérivé: 3 / Les difficultés initiales. Si le second trait hésite, ne saisit pas l’occasion du mouvement, il inaugure une période de longue incertitude, un retard bien supérieur à ce qu’exige la limitation ; mais peut-être ses moyens sont-ils eux-mêmes limités ?

 Vieux Yin (6) à la quatrième place:

La limitation satisfaite

Utilisez vos aptitudes pour organiser une discipline autour d’elles, et vous réussirez. Si vous n’écoutez pas suffisamment votre nature, vous ne pourrez atteindre des objectifs qui vous contraignent trop.

Hexagramme dérivé: 58 / Le joyeux. Confirme une sereine acceptation des circonstances.

 Au deuxième trait (Yang), il m’est conseillé d’être prudent; faire des choix c’est toujours prendre des risques, mais le pire danger c’est de rester paralysé par la crainte des réactions que vont entraîner les décisions à prendre et laisser passer le train… Décider, c’est cesser d’hésiter et cela doit rester intérieur, aucun intérêt de communiquer ses hésitations…

 Au quatrième trait (Yin), il m’est conseillé , d’échanger de partager avec les autres. Un coup Yang, un coup Yin, c’est bien du Yi King. C’est comme un souffle: retiens tes hésitations, relâche ce qui veut s’exprimer, de manière naturellement organisée.

Voyons maintenant l’hexagramme de perspective: Souei / La suite

Un très bel hexagramme dont le nucléaire est Tsien / Le développement, hexagramme 53.

Souei / La suite, c’est le courant porteur,  la voie,  la sérénité.

Voici la synthèse que je propose:

Question: Que me conseille le Yi King concernant mon travail?

Le Yi King me conseille de mettre un cadre solide mais souple (comme le bambou) à une action qui doit être fondée sur des motivations substantielles, nourrissantes. Éviter l’hésitation, dialoguer pour entendre l’écho de ce qui doit naturellement être fait pour partager développement et bien-être.

Voilà la façon que j’ai choisie pour vous expliquer comment j’ai l’intention de traverser cette année 2014 au travers de quelques changements qui visent à rendre plus accessible ( financièrement par une modification à la baisse de mes tarifs, dans la compréhension par des analyses exigeantes mais plus simples, par mon implication totale pour mener à bonne fin un vrai partage).

 

Amitiés

Claude Sarfati

Evolution de la nourriture

GURDJIEFF ELEVES

L’homme est une usine à trois étages. Nous avons dit qu’il y a trois sortes de nourriture, entrant par trois portes différentes. La première sorte de nourriture est ce que l’on appelle ordinairement « nourriture », pain, viande, etc.

Chaque sorte de nourriture est un do. Dans l’organisme, le do passe à la note suivante. Chaque do a la possibilité de passer à dans l’estomac, où les substances de la nourriture changent de vibrations et de densité, se transforment chimiquement, se mélangent, et, sous l’actions de certaines combinaisons, passent à . a lui aussi la possibilité de passer à mi. Mais mi ne peut évoluer par lui-même : c’est la nourriture de la seconde octave qui lui vient en aide. Le do de la seconde sorte de nourriture, c’est-à-dire de l’air, aide le mi de la première octave à passer à fa, après quoi l’évolution peut se poursuivre. En un point similaire, la seconde octave à son tour a besoin de l’aide d’une octave plus élevée. Elle est aidée par une note de la troisième sorte de nourriture — l’octave des impressions.

Ainsi la première octave évolue jusqu’à si. La substance la plus fine que l’organisme humain puisse produire à partir de ce qui est habituellement appelé nourriture est si. L’évolution d’un morceau de pain va donc jusqu’à si. Mais si ne peut pas se développer davantage chez un homme ordinaire. Si la note si pouvait évoluer et passer au do d’une nouvelle octave, il serait possible de construire un nouveau corps au-dedans de nous. Mais pour cela, des conditions particulières sont nécessaires. L’homme, par lui-même, ne peut devenir un nouvel homme ; des conditions intérieures spéciales sont requises.

Georges Ivanovitch Gurdjieff

Gurdjieff parle à ses élèves (pages 261, 262)

Editions du ROCHER

 

Amitiés

 

Claude Sarfati

Les nourritures d’impressions (A.Desjardins)

corps subtil2

…Mais ce qui est moins habituel, c’est de considérer que nous nous nourrissons aussi au niveau psychique émotionnel, intellectuel. Les différents corps – le corps physique, le corps subtil et à un niveau plus subtil encore, le corps causal –  peuvent être nourris, donc avoir une croissance. De même que pour l’alimentation ordinaire du corps physique, un processus qui comprend l’absorption, la transformation et l’assimilation est à l’œuvre au niveau des corps intérieurs. Et la même question se pose ici : comment est-ce que je transforme toutes les « nourritures d’impressions » en mon propre être ? L’ancienne tradition à laquelle je me réfère – qu’il s’agisse de l’enseignement de Gurdjieff ou du Yoga-vedanta – propose une réflexion très profonde sur la façon de nourrir ces différents corps afin de favoriser leur croissance. Une bonne compréhension de la façon dont ces nourritures d’impressions peuvent être transformées et assimilées va permettre une croissance intérieure dans l’échelle des niveaux d’être, des niveaux de conscience. D’autre part, le disciple qui s’est éveillé en nous constitue, au début de notre sadhana, un contrepoids bien fragile face à la force de nos désirs, de nos peurs et de nos conditionnements. C’est pourquoi cet aspect particulier de nous-mêmes a besoin d’être nourri pour croître et se développer.

Il y a deux idées à comprendre : l’une est que les nourritures nous apportent une énergie nécessaire au déploiement de nos activités quotidiennes. Pour faire du jardinage, nous consommons de l’énergie physique ; pour résoudre des problèmes mathématiques, nous consommons de l’énergie intellectuelle. Quant aux émotions, elles consomment tout à fait inutilement une énorme quantité d’énergie. Mais en même temps, si la nourriture « matérielle » a construit peu à peu notre corps physique, les nourritures d’impressions peuvent soutenir la croissance de notre corps subtil et permettre de constituer en nous une structure intérieure qui va cristalliser et nous amener à fonctionner à un tout autre niveau. C’est ce que l’on appelle croissance intérieure, croissance de l’être…

Arnaud Desjardins

Véronique Desjardins

La traversée vers l’autre rive

Editions Accarias

Bonne lecture, bon dimanche : Claude Sarfati

Alexandre le grand et la fin des utopies

En 1980, le cinéaste Théo Angelopoulos, nous propose une réflexion sur le pouvoir au travers d’un film: Alexandre le grand.  L’histoire du film est simple:

Au début du XXème siècle, en Grèce. Un bandit de grands chemins, Alexandre, devient le héros du peuple pour avoir su répondre à leurs besoins de justice et de vérité. Mais il se prend au sérieux, recherche la déification, et trouve les bons moyens pour y parvenir. Il abandonne ainsi ses projets initiaux et devient un tyran. Contesté, puis répudié, le despote est éliminé par le peuple.

 » On est arrivé à la fin du siècle avec un goût amer » regrette le cinéaste.

Un siècle qui a pourtant commencé avec quelques promesses ».

Cette réflexion sur le pouvoir à travers le destin d’un libérateur devenu tyran, nous renvoie à notre propre relation, individuelle, collective que nous entretenons avec « le pouvoir ».

Le pouvoir que nous exerçons ou subissons à notre travail, dans notre famille, dans notre rôle social, etc.

Nous chérissons des idoles puis nous les massacrons avec une cruauté inouïe, sommes-nous restés des barbares?

Où bien refusons-nous tout simplement notre responsabilité personnelle dans tout ce qui se passe autour de nous, dans notre vie?

Ceux qui doutent de l’existence d’un libre arbitre peuvent méditer sur notre relation au pouvoir..

Si nous déléguons ce pouvoir, nous aurons plus de facilité à nous déresponsabiliser par la suite; il nous suffira de tourner le dos à ceux en qui nous l’avons confiés.

Si nous refusons de déléguer ce pouvoir et que nous acceptons notre part de responsabilité dans tout ce qui se passe, pourrons-nous alors nous détourner de nous-mêmes?

Ce pouvoir comme un anneau sacré qui unit tous les êtres de la terre devrait être gardé par des « sages », des hommes remarquables (selon Gurdjieff) ou des « êtres nobles » (dans le Yi King).

La fin des utopies dont parlait Angelopoulos après la chute du mur de Berlin est aussi la fin d’un système, politique, sociologique, économique, etc.

Ceux qui croient  la prophétie de la fin du monde (prévue pour  la fin de l’année), peuvent-ils observer la fin de tout un paradigme qui se déroule déjà sous nos yeux?

La fin du monde ne sera pas un déluge, une catastrophe planétaire, etc.

Les catastrophes sont déjà là, un nouveau gouvernement n’y changera rien.

Que sont devenues les valeurs humaine en Grèce, en Espagne, en Italie, en Irlande, etc.

Bientôt en France… Nous cherchons toujours des boucs émissaires (ceux que l’on murmure à nos oreilles) mais quand prendrons-nous la juste mesure de cette profonde mutation qui nous affecte tous?

 

Agir, c’est d’abord ne rien faire,

…écouter, voir, sentir;

ensuite devenir pleinement responsable de ses capacités à Aimer, changer vraiment, devenir meilleur  parce qu’on le choisit.

Dans le film de Théo Angelopoulos: Alexandre le grand, seul un enfant échappe à la mort.

Soyons cet enfant, retrouvons l’innocence, la découverte d’un monde nouveau à chaque instant.

Amitiés: Claude Sarfati.