Chapitre VII. Questions d’orientation

A l’époque primordiale, l’homme était, en lui-même, parfaitement équilibré quant au complémentarisme du yin et du yang;

d’autre part, il était yin ou passif par rapport au Principe seul, et yang ou actif par rapport au Cosmos ou à l’ensemble des choses manifestées; il se tournait donc naturellement vers le Nord, qui est yin, comme vers son propre complémentaire.

Au contraire, l’homme des époques ultérieures, par suite de la dégénérescence spirituelle qui correspond à la marche descendente du cycle, est devenu yin par rapport au Cosmos; il doit donc se tourner vers le Sud, qui est yang, pour en recevoir les influences du principe complémentaire de celui qui est devenu prédominant en lui, et pour rétablir, dans la mesure du possible, l’équilibre entre le yin et le yang.“ (p. 64)

L’orientation vers le Nord est polaire, pendant que celle vers le Sud est solaire. Dans les cartes et les plans chinois, le Sud est placé en haut et le Nord en bas, l’Est à gauche et l’Ouest à droite, ce qui est conforme à la seconde orientation; cet usage n’est d’ailleurs pas assez exceptionnel qu’on pourrait croire, car il existait aussi chez les anciens Romains et subsista même pendant une partie du moyen âge occidental.

En Chine, le côté auquel on accorde la prééminence est la gauche. Mais à l’époque de Sseu-ma-tsien, au IIe siècle avant l’ère chrétienne, la droite semble l’avoir au contraire emporté sur la gauche. Le conseiller de droite (iou-siang) avait un rôle plus important que le conseiller de gauche (tso-siang).

A l’époque de Lao-tseu la gauche correspondait au yang et la droit au yin.

En hébreu la droite signifie toujours le Sud et la gauche le Nord, ce qui implique que l’orientation est prise, comme dans l’Inde, en se tournant vers l’Est.

Ce même mode d’orientation était pratiqué par les constructeurs du moyen âge pour déterminer l’orientation des églises.

René Guénon, La grande triade (extraits)

3 réflexions au sujet de « Chapitre VII. Questions d’orientation »

  1. marie-christine dit :

    Chez les Indiens Lakota, (leurs réserves se trouvent aujourd’hui dans les états du sud et nord Dakota – USA – l’entrée des huttes à sudation, est toujours dirigée vers l’est. C’est à dire, lorsqu’on sort de la hutte, nous sommes toujours orientés vers l’est. L’Ouest correspond chez eux à l’endroit où se dirigent les morts.
    Le principe de la hutte à sudation correspond au retour au ventre de la mère, à notre état foetal et nous renaissons à la vie après notre purification dans la hutte. Pour entrer dans la hutte nous nous débarrassons de nos vêtements, nous retournons à notre état naturel. Symboliquement parlant, entrer dans la hutte signifie également que nous retournons faire un petit tour dans notre inconscient, ou dans l’état non manifesté, nous nous reconnectons au grand tout, en dehors de notre corporalité puisque nous sommes dans le noir et environné de vapeur (symbole de l’esprit par opposition à la matière).
    Dans la hutte nous sommes assis en tailleur en contact avec le sol, la terre, nos racines… et la vapeur qui nous entour entraîne la connection avec le ciel…

    Amitiés

    Marie-Christine

  2. marie-christine dit :

    Chez les Indiens Lakota (Réserves Sud et Nord Dakota, USA), l’entrée des huttes à sudation est toujours dirigée vers l’Est. Lorsque nous sortons de la hutte, nous sommes en direction de l’Est. L’Ouest représente pour eux l’endroit où se dirigent les morts. Nous entrons dans la hutte sans nos vêtements, nous nous débarrassons de nos images, nous retournons à notre état naturel. Entrer dans la hutte revient à retourner dans le ventre de notre mère, pour nous y purifier, retrouver l’essentiel, l’essence de notre nature et lorsque la hutte est finie, nous sortons, c’est une renaissance. Retrouver le ventre de la mère, ici la mère primordiale, revient à prendre contact, reprendre contact, s’immerger même totalement dans notre inconscient, symboliquement retrouver le contact avec le cosmos, le grand tout… Nous ne sommes plus dans le monde matériel, dans le moi conscient, la hutte se déroule dans le noir, nous sommes en prise directe avec ce qui nous relie à notre centre non matérialisé.

    Amitiés

    Marie-Christine

  3. claude dit :

    Bonjour Marie-Christine,

    merci pour votre commentaire bienvenu concernant,

    les rites des Indiens Dakota,

    c’est de cette manière en observant les différentes traditions que René Guénon (malgré une personnalité contestée) à construit une oeuvre majeure.

    Amitiés: Claude Sarfati

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