De sauvages bourrasques au loin ont projeté
Ces pierres de mémoire que sculptèrent des hommes
Eux les fils du granit qu’un glaive a mis à mort,
Au milieu des fureurs des révoltes qui disent
Combien est dense et grand le temps de l’espérance
Depuis toi qui vécus dans cette grotte sombre
Des années puis des siècles afin de nous rejoindre
Et vous autres menhirs aux frontons de héros
Par des mains érigés contre vents et marées
Vous tous tressés et dignes au creux de notre histoire
Puis vint le fracas mortel d’arquebuses et d’acier
Un fleuve qui charria la liberté vaincue
Ces gouffres de regards orphelins de la vie
Et ce soleil mourant sur d’antiques falaises
A faire trembler la terre de pleurs et de blasphèmes
Mais est venu ce temps émergeant des espaces nouveaux
Tout pétri d’héritage et de mondes à créer
Quand des yeux sans bandeaux enfin se dessillèrent
Sur tout ce qui fut tu et criblé par l’affront
Ce temps où s’enchevêtrent le sable et le diamant.
Quand vous dansiez en ce temps-là, Pas besoin de pédale wahwah. C’était pas la bossa nova Mais ça remuait bien déjà. Les caves étaient profondes Et la ronde Ne s’arrêtait pas. Un vieux piano bastringue Et les dingues Tournoyaient déjà.
Et Juliette avait encore son nez. Aragon n’était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer. Il hantait déjà les boutiquiers. Dans sa chambre, on troquait du café. Il ignorait qu’un jour, j’en parlerais. Quand vous flirtiez en ce temps-là, Vous vous touchiez du bout des doigts. La pilule n’existait pas. Fallait pas jouer à ces jeux-là. Vous vous disiez « je t’aime », Parfois même Vous faisiez l’amour. Aujourd’hui, deux salades, Trois tirades Et c’est l’affaire qui court.
L’oncle Adolf s’était déjà flingué. Son Eva l’avait accompagné, Des fois qu’il aurait voulu draguer: Qui sait si, là-haut, il n’y a pas des folles
Et mon père allait bientôt planter Cette graine qui allait lui donner Ce débile qui essaie de chanter. Il ignorait que viendraient mes cadets.
Quand vous chantiez en ce temps-là, L’argent ne faisait pas la loi. Les hit-parades n’existaient pas, Du moins, ils n’étaient pas de poids. Tu mettais des semaines Et des semaines, Parfois des années. Si t’avais pas de tripes, Ta boutique, tu pouvais la fermer
Et Trenet avait mis des années, Brassens commençait à emballer Et Bécaud astiquait son clavier. Monsieur Brel ne parlait pas encore des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l’avenir… même s’ils sont fatigués.
Et Juliette avait encore son nez. Aragon n’était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l’avenir… même s’ils sont fatigués.
Quand l’album de Nicolas Peyrac est sorti en 1976, je rentrais dans mes quinze ans. J’ai écouté ce disque en boucle des milliers de fois et je rêvais de partir, de quitter mon confort familial…
Depuis, je suis parti, longtemps puis revenu puis reparti encore…
Jusqu’à comprendre que le vrai voyage était intérieur.
Depuis quelques temps, avec Nicolas Peyrac, nous discutons de temps en temps, c’est un artiste proche des gens…
Il sort d’ailleurs un album que je vous conseille chaudement : Suffit que tu oses. (En précommande à la FNAC)