La Bohème (Hommage à Charles Aznavour)

La Bohème

Je vous parle d’un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l’humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu’on s’est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posais nue

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu’un jour sur deux

Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d’y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l’hiver

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
Tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie

Souvent il m’arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d’un sein
du galbe d’une hanche
Et ce n’est qu’au matin
Qu’on s’asseyait enfin
Devant un café-crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l’on s’aime
Et qu’on aime la vie

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l’air du temps

Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d’un escalier
Je cherche l’atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts

La bohème, la bohème
On était jeunes
On était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout

Paroliers : Charles Aznavour / Jacques Plante

Paroles de La Bohème © Editions Musicales Djanik

Adieu L’artiste!

Bon dimanche.

Amitiés,

Claude Sarfati

Les spécialistes

 

Je suis allé voir un spécialiste, un pneumologue…

Il était plus de 20h et le monsieur qui m’a reçu semblait harassé.

Il me questionna sur ma santé en général…

Puis il me demanda quel était mon métier :

-Conseil, je donne des conseils !

-Très bien nota l’homme un peu embêté par la maigreur de ma réponse, il dériva un instant la conversation puis revint à la charge :

-des conseils à qui ?

-à tout le monde !

-sur quoi ?

-avec du Yi King

-Du Yi quoi ?

Il tapota ce mot sur son clavier…

Plus tôt, dans la salle d’attente, j’avais déchiré sur un hebdo gratuit une page qui concernait les prédictions que j’avais donné à ce journal.

Triste article, je l’avoue, ce monsieur journaliste ne faisait pas la différence entre l’astrologie, le Yi King, le Tarot (et lequel ?), etc.

Dés la vision de ce bout de papier, mon spécialiste comprit tout, j’étais un voyant et il retrouva sa sécurité, sa rationalité…

Son regard devint froid et vide.

Que savait-il de moi cet homme: une photo de mes poumons et pas bien prise, en plus…

J’ai eu envie de plaisanter et de lui dire :

-Non en fait mon vrai métier, c’est Pute , ou Voleur, ou Chômeur, ou Pauvre, enfin un de ces métiers que l’on peut mépriser confortablement.

Mais, je ne sentais pas ce monsieur ouvert à la plaisanterie, je n’ai donc rien dit.

Je l’observais dans son travail, je le sentais si épuisé que j’ai pensé lui conseiller de consulter Solidarité Voyance et de se faire un don à lui-même : des bonnes vacances !

J’ai mieux compris en lisant l’intitulé en haut à droite de la page qui sortait de l’imprimante.

Expert, vous m’en direz tant ; pour les grands on dit un particule, pour d’autres on dit un matricule, mais tout ça c’est pareil, c’est des numéros, rien d’autre.

Chez moi, je reçois tout le monde de la même manière; les parépatéticiennes et les experts:-)

Je ne m’intéresse pas à l’apparence de l’être, juge d’instruction ou femme de ménage, quelle importance ?

C’est avec l’être humain que l’échange va se faire…

Les experts, les Spécialistes sont toujours des techniciens de haut vol mais il semble parfois que le plus éminent des cardiologues n’entend plus son coeur battre et n’écoute plus L’amour.

Pas vrai, Léo ?

Amitiés

Claude Sarfati

Champagne! (Hommage à Jacques Higelin)

La nuit promet d’être belle
Car voici qu’au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d’une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses
Valets volages et vulgaires
Ouvrez mon sarcophage
Et vous pages pervers
Courrez au cimetière
Prévenez de ma part
Mes amis nécrophages
Que ce soir nous sommes attendus dans les marécages

Voici mon message
Cauchemars, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes
Tenue du suaire obligatoire

Lutins, lucioles, feux-follets,
Elfes, faunes et farfadets
S’effraient d’mes grands carnassiers
Une muse un peu dodue
Me dit d’un air entendu
Vous auriez pu vous raser
Comme je lui fais remarquer
Deux, trois pendus attablés
Qui sont venus sans cravate
Elle me lance un air hagard
Et vomit sans crier gare
Quelques vipères écarlates

Vampires éblouis
Par de lubriques vestales
Egéries insatiables
Chevauchant des Walkyries
Infernales appétits de frénésies bacchanales
Qui charment nos âmes envahies par la mélancolie
Envoi !
Satyres joufflus, boucs émissaires
Gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières
Et mes chimères à la licorne

Soudain les arbres frissonnent
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition
L’air tellement accablé
Qu’on lui donnerait volontiers
Le bon Dieu sans confession
S’il ne laissait malicieux
Courir le bout de sa queue
Devant ses yeux maléfiques
Et ne se dressait d’un bond
Dans un concert de jurons
Disant d’un ton pathétique
Que les damnés obscènes cyniques et corrompus
Fassent griefs de leur peine à ceux qu’ils ont élus
Car devant tant de problèmes
Et de malentendus
Les dieux et les diables en sont venus à douter d’eux-mêmes
Dédain suprême

Mais déjà le ciel blanchit
Esprits je vous remercie
De m’avoir si bien reçu
Cocher lugubre et bossu, déposez-moi au manoir
Et lâchez le crucifix
Décrochez-moi ces gousses d’ail
Qui déshonorent mon portail
Et me chercher sans retard
L’ami qui soigne et guérit
La folie qui m’accompagne
Et jamais ne m’a trahi
Champagne !

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Champagne (1980)

 

Paroles et Musique : Jacques Higelin

«Le poète est semblable au prince des nuées. Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.»

Baudelaire: Les fleurs du mal, L’albatros

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Une dernière pour la route:

Adolescent, « Aux héros de la voltige » 1994

Paroles et Musique: Jacques Higelin

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Amitiés,

Claude Sarfati