Pratique Juste

Dogen-Zenji dit: « Le temps va du présent au passé. » Ceci est absurde, mais dans votre pratique c’est parfois vrai. Au lieu de progresser du passé au présent, le temps remonte du présent au passé. Yoshitsuné était un célèbre guerrier du Japon médiéval. A cause de la situation du pays à cette époque, il fut envoyé dans les provinces du nord, où il fut tué. Avant de partir, il dit adieu à son épouse, et, peu après, elle écrivit dans un poème: « comme on déroule le fil d’une bobine, je veux voir le passé devenir le présent. » Par ces mots, elle rendit effectivement le passé présent. Dans son esprit, le passé devenait vivant et était bien le présent. Ainsi comme disait Dogen:  » Le temps va du présent au passé. » Dans notre esprit logique, ceci n’est pas vrai, mais ceci l’est dans l’effective expérience de transformation du passé en présent. Là nous avons la poésie, et là nous avons la vie humaine.

Quand nous faisons l’expérience de cette sorte de vérité, cela veut dire que nous avons trouvé la vraie signification du temps. Le temps passe constamment du passé au présent et du présent à l’avenir. Ceci est vrai, mais il est vrai aussi que le temps va de l’avenir au présent et du présent au passé. Un maître Zen dit autrefois:  » Faire un kilomètre à l’est, c’est faire un kilomètre à l’ouest. » Ceci est la liberté essentielle. Nous devrions acquérir cette liberté parfaite.

Mais la liberté parfaite ne se trouve pas sans quelques règles. Les gens, surtout les jeunes, pensent que la liberté consiste à ne faire que ce qu’ils veulent, que dans le Zen les règles sont inutiles. Mais il nous est absolument nécessaire d’avoir quelques règles. Cependant, cela ne signifie pas être toujours sous contrôle. Tant que vous avez des règles, vous avez une chance d’être libre. Essayer d’obtenir la liberté en ignorant les règles ne veut rien dire. C’est pour acquérir la liberté parfaite que nous pratiquons Zazen.

Pratique Juste

La pratique de Zazen est l’expression directe de notre vraie nature. Au sens strict, pour un être humain, il n’y a pas d’autre pratique que cette pratique; il n’y a pas d’autre manière de vivre que cette manière de vivre.

Esprit Zen

esprit neuf

Shunryu Suzuki

Editions: Point

Amitiés

Claude Sarfati

Bonne année 2024

Meilleurs voeux pour cette nouvelle année!

Santé, Amour, Prosperité…

Je vous souhaite de vivre vos rêves,

d’être heureux sur le chemin (le vôtre:-)

L’artiste de cette année: Gaëtan Roussel

Voici le lien de son site: gaetanroussel.com

Qui s’accompagne d’un hommage à Jane Birkin, voici le lien de son site: janebirkin.fr

Avec une chanson de Miossec, ici le lien du site de Christophe Miossec: christophemiossec.com

Bonne année, bon dimanche

Claude Sarfati

Au dessous du volcan

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L’année dernière pour illustrer le jour des morts, j’avais publié un article sur la fête des morts au Mexique : Dia de muertos.

Cette année c’est  par la présentation d’un livre considéré comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature : Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry (1947), adapté au cinéma par John Huston (1984) que je me propose de le faire. Toute l’histoire se déroule en un seul jour: Le jour des morts.

Au fond, l’intrigue de « au-dessous du volcan » n’a rien de très difficile à résumer : on y suit l’incompréhensible (a priori du moins) déchéance physique et morale d’un consul alcoolique (Albert Finney) coincé au Mexique, dont la femme (Jacqueline Bisset) lui revient après une période de séparation aux causes ambigües. Y a-t-il eu quelque chose entre la femme du consul et le jeune frère de ce dernier, prévenant, athlétique et plein de charme ? Très probablement, mais la question, rapidement, n’est pas de cet ordre. Il semble que pour Geoffrey, le personnage d’Albert Finney, la première rupture avec sa femme ait été non pas un déclic (il buvait déjà avant) mais le signe qu’il attendait pour mener à bien ce que d’aucun appellerait une autodestruction, mais qui n’est au fond que l’accomplissement d’un destin qu’il s’est lui-même attribué…

Au-dessous du volcan

Geoffrey Firmin a trop vu, trop souffert, trop vilipendé ses propres actions. Sa tête explose de mémoire torturée. Ainsi de cette lettre, jamais envoyée à Yvonne, dans laquelle il met à nu un de ses cauchemars :

Aussi quand tu partis, Yvonne, j’allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je, Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d’une banquette de troisième classe, l’enfant dont nous avons sauvé la vie, sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la tequila de ma bouteille, ou comment, m’en allant dans ma chambre en l’hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine me chassa de l’éblouissement de la rue, et plus tard cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? Horreur à la mesure de nerfs de géants ! 

Au-dessous du volcan 2

Comme si le consul, incapable d’influencer durablement sa propre existence, avait choisi de mener sa perte comme il l’entend. Le retour de sa femme, en ce sens, est vécu à la fois comme l’exaucement d’une prière, et un obstacle à ce voyage sans vrai but dans lequel il s’est lancé. Le Under The Volcano d’Huston n’est pas le récit d’un chagrin d’amour délétère : c’est l’aventure d’un seul homme qui, après avoir caboté égoïstement pendant une partie de sa vie, prend enfin le large.
Si le livre comme le film commencent le jour de la fête des morts, l’approche de Lowry et de Huston diffèrent une fois encore. En plantant ses personnages dans un hôtel vide, déserté, quasiment hanté, Lowry offre une vision somme toute assez classiquement européenne du fantomatique. Pour Huston, mexicain d’adoption, la fête des morts est pleine de couleurs, de vie, de rires. « Pourquoi êtes-vous si joyeux le jour de la fête des morts ? » demande au début du film Albert Finney à un ami mexicain. « Pour ne pas rendre la route trop glissante de larmes aux esprits qui viennent nous visiter », répond en substance ce dernier. Ce lien amical tendu entre notre monde et l’au-delà donne au film tout son côté irréel. Ni morts ni vivants, les personnages déambulent dans un décor qui ne demande qu’à se fissurer, à laisser voir l’invisible. Le tout sans cynisme ou méchanceté : seulement une pointe d’ironie, et beaucoup de compassion.

« No se puede vivir sin amar » On ne peut pas vivre sans aimer.

Bon week-end de la Toussaint: Claude Sarfati