Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Amour
Santé
Travail
Prospérité
Eveil
Sérénité
Chaque année, j’ajoute une petite vidéo d’un chanteur qui a marqué plus particulièrement notre temps récent.
Cette année, sans aucun doute et à l’unanimité (des moi-même), c’est Calogero🙂
On a tous Une chanson d’Souchon qui nous traîne Un vieux col roulé qui nous gêne Une rentrée, une odeur de trousse Dans nos souvenirs, on a tous Toutes ces choses qui durent et qui tiennent Un vieux poster de Saint-Étienne Des mots qui nous ont démolis Des « je préfère qu’on reste amis »
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse Et qui font de nous un édifice On a tous au fond du mental Toutes ces choses fondamentales Toutes ces personnes nées dans le passé Qui nous poussent et qui nous font pousser Cachées là au fond du mental Ce sont les choses fondamentales
On a tous Une bonne odeur de tarte aux pommes Une chanson super en automne Un vieux couloir qui fout la frousse Dans nos souvenirs, on a tous Une amoureuse en collégienne Des prénoms qui soudain reviennent Devant des vielles photos d’élèves
Ce qui nous a élevé nous élève
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse Et qui font de nous un édifice On a tous au fond du mental Toutes ces choses fondamentales Toutes ces personnes nées dans le passé Qui nous poussent et qui nous font pousser Cachées là au fond du mental Ce sont les choses fondamentales
Si un jour je me désaccorde Même perdu, déboussolé Je ferai résonner la corde La note sur laquelle j’ai poussé
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse Et qui font de nous un édifice On a tous au fond du mental Toutes ces choses fondamentales Toutes ces personnes nées dans le passé Qui nous poussent et qui nous font pousser Cachées là au fond du mental Ce sont les choses fondamentales
De sauvages bourrasques au loin ont projeté
Ces pierres de mémoire que sculptèrent des hommes
Eux les fils du granit qu’un glaive a mis à mort,
Au milieu des fureurs des révoltes qui disent
Combien est dense et grand le temps de l’espérance
Depuis toi qui vécus dans cette grotte sombre
Des années puis des siècles afin de nous rejoindre
Et vous autres menhirs aux frontons de héros
Par des mains érigés contre vents et marées
Vous tous tressés et dignes au creux de notre histoire
Puis vint le fracas mortel d’arquebuses et d’acier
Un fleuve qui charria la liberté vaincue
Ces gouffres de regards orphelins de la vie
Et ce soleil mourant sur d’antiques falaises
A faire trembler la terre de pleurs et de blasphèmes
Mais est venu ce temps émergeant des espaces nouveaux
Tout pétri d’héritage et de mondes à créer
Quand des yeux sans bandeaux enfin se dessillèrent
Sur tout ce qui fut tu et criblé par l’affront
Ce temps où s’enchevêtrent le sable et le diamant.
Quand vous dansiez en ce temps-là, Pas besoin de pédale wahwah. C’était pas la bossa nova Mais ça remuait bien déjà. Les caves étaient profondes Et la ronde Ne s’arrêtait pas. Un vieux piano bastringue Et les dingues Tournoyaient déjà.
Et Juliette avait encore son nez. Aragon n’était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer. Il hantait déjà les boutiquiers. Dans sa chambre, on troquait du café. Il ignorait qu’un jour, j’en parlerais. Quand vous flirtiez en ce temps-là, Vous vous touchiez du bout des doigts. La pilule n’existait pas. Fallait pas jouer à ces jeux-là. Vous vous disiez « je t’aime », Parfois même Vous faisiez l’amour. Aujourd’hui, deux salades, Trois tirades Et c’est l’affaire qui court.
L’oncle Adolf s’était déjà flingué. Son Eva l’avait accompagné, Des fois qu’il aurait voulu draguer: Qui sait si, là-haut, il n’y a pas des folles
Et mon père allait bientôt planter Cette graine qui allait lui donner Ce débile qui essaie de chanter. Il ignorait que viendraient mes cadets.
Quand vous chantiez en ce temps-là, L’argent ne faisait pas la loi. Les hit-parades n’existaient pas, Du moins, ils n’étaient pas de poids. Tu mettais des semaines Et des semaines, Parfois des années. Si t’avais pas de tripes, Ta boutique, tu pouvais la fermer
Et Trenet avait mis des années, Brassens commençait à emballer Et Bécaud astiquait son clavier. Monsieur Brel ne parlait pas encore des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l’avenir… même s’ils sont fatigués.
Et Juliette avait encore son nez. Aragon n’était pas un minet. Sartre était déjà bien engagé. Au Café de Flore, y avait déjà des folles Et mon père venait de débarquer Là ou restait quelque humanité, Là où les gens savaient encore parler De l’avenir… même s’ils sont fatigués.
Quand l’album de Nicolas Peyrac est sorti en 1976, je rentrais dans mes quinze ans. J’ai écouté ce disque en boucle des milliers de fois et je rêvais de partir, de quitter mon confort familial…
Depuis, je suis parti, longtemps puis revenu puis reparti encore…
Jusqu’à comprendre que le vrai voyage était intérieur.
Depuis quelques temps, avec Nicolas Peyrac, nous discutons de temps en temps, c’est un artiste proche des gens…
Il sort d’ailleurs un album que je vous conseille chaudement : Suffit que tu oses. (En précommande à la FNAC)
Vous voyez cette plume ? Eh bien, c’est une plume…d’ange. Mais rassurez-vous, je ne vous demande pas de me croire, je ne vous le demande plus. Pourtant, écoutez encore une fois, une dernière fois, mon histoire.
Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l’air. J’ouvre les yeux, que vois-je ? Dans l’obscurité de la chambre, des myriades d’étincelles…Elles s’en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques, un point situé devant mon lit. Rapidement, de l’accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait. Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grandes ailes de lait. Comme une flèche d’un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit :
» C’est une plume d’ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi. Qu’un seul humain te croie et ce monde malheureux s’ouvrira au monde de la joie. Qu’un seul humain te croie avec ta plume d’ange. Adieu et souviens toi : la foi est plus belle que Dieu. «
Et l’ange disparut laissant la plume entre mes doigts. Dans le noir, je restai longtemps, illuminé, grelottant d’extase, lissant la plume, la respirant. En ce temps-là, je vivais pour les seins somptueux d’une passion néfaste.
J’allume, je la réveille : » Mon amour, mon amour, regarde cette plume…C’est une plume d’ange! Oui ! Un ange était là… Il vient de me la donner…Oh ma chérie, tu me sais incapable de mensonge, de plaisanterie scabreuse… Mon amour, mon amour, il faut que tu me croies, et tu vas voir… le monde ! « La belle, le visage obscurci de cheveux, d’araignées de sommeil, me répondit: » Fous moi la paix… Je voudrais dormir…Et cesse de fumer ton satané Népal ! « Elle me tourne le dos et merde !
Au petit matin, parmi les nègres des poubelles et les premiers pigeons, je filai chez mon ami le plus sûr. Je montrai ma plume à l’Afrique, aux poubelles, et bien sûr, aux pigeons qui me firent des roues, des roucoulements de considération admirative. Je sonne. Voici mon ami André. Posément, avec précision, je vidai mon sac biblique, mon oreiller céleste : » Tu m’entends bien, André, qu’on me prenne au sérieux et l’humanité tout entière s’arrache de son orbite de malédiction guerroyant et funeste. À dégager ! Finies la souffrance, la sottise. La joie, la lumière débarquent ! « André se massait pensivement la tempe, il me fit un sourire ému, m’entraîna dans la cuisine et devant un café, m’expliqua que moi, sensible, moi, enclin au mysticisme sauvage, moi devais reconsidérer cette apparition. Le repos… L’air de la campagne… Avec les oiseaux précisément, les vrais !
Je me retrouvai dans la rue grondante, tenaillant la plume dans ma poche. Que dire ? Que faire ? » Monsieur l’agent, regardez, c’est une plume d’ange. » Il me croit ! Aussitôt les tonitruants troupeaux de bagnoles déjà hargneuses s’aplatissent. Des hommes radieux en sortent, auréolés de leurs volants et s’embrassent en sanglotant. Soyons sérieux ! Je marchais, je marchais, dévorant les visages. Celui-ci ? La petite dame ? Et soudain l’idée m’envahit, évidente, éclatante… Abandonnons les hommes ! Adressons-nous aux enfants ! Eux seuls savent que la foi est plus belle que Dieu. Les enfants…Oui, mais lequel ? Je marchais toujours, je marchais encore. Je ne regardais plus la gueule des passants hagards, mais, en moi, des guirlandes de visages d’enfants, mes chéris, mes féeriques, mes crédules me souriaient. Je marchais, je volais… Le vent de mes pas feuilletait Paris…Pages de pierres, de bitume, de pavés maintenant. Ceux de la rue Saint-Vincent… Les escaliers de Montmartre. Je monte, je descends et me fige devant une école, rue du Montcenis. Quelques femmes attendaient la sortie des gosses. Faussement paternel, j’attends, moi aussi. Les voilà.
Ils débouchent de la maternelle par fraîches bouffées, par bouillonnements bariolés. Mon regard papillonne de frimousses en minois, quêtant une révélation. Sur le seuil de l’école, une petite fille s’est arrêtée. Dans la vive lumière d’avril, elle cligne ses petits yeux de jais, un peu bridés, un peu chinois et se les frotte vigoureusement. Puis elle reprend son cartable orange, tout rebondi de mathématiques modernes. Alors j’ai suivi la boule brune et bouclée de sa tête, gravissant derrière elle les escaliers de la Butte. À quelque cent mètres elle pénétra dans un immeuble. Longtemps, je suis resté là, me caressant les dents avec le bec de ma plume. Le lendemain je revins à la sortie de l’école et le surlendemain et les jours qui suivirent. Elle s’appelait Fanny. Mais je ne me décidais pas à l’aborder. Et si je lui faisais peur avec ma bouche sèche, ma sueur sacrée, ma pâleur mortelle, vitale ? Alors, qu’est-ce que je fais ? Je me tue ? Je l’avale, ma plume ? Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste ? Et puis un jeudi, je me suis dit : je lui dis. Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque. J’ai précipité mon pas, j’ai tendu ma main vers la tête frisée… Au moment où j’allais l’atteindre, sur ma propre épaule, une pesante main s’est abattue. Je me retourne, ils étaient deux, ils empestaient le barreau » Suivez nous « .
Le commissariat.
Vous connaissez les commissariats ? Les flics qui tapent le carton dans de la gauloise, du sandwich… Une couche de tabac, une couche de passage à tabac. Le commissaire était bon enfant, il ne roulait pas les mécaniques, il roulait les r : » Asseyez-vous. Il me semble déjà vous avoir vu quelque part, vous. Alors comme ça, on suit les petites filles ? Quitte à passer pour un détraqué, je vais vous expliquer, monsieur, la véritable raison qui m’a fait m’approcher de cette enfant. Je sors ma plume et j’y vais de mon couplet nocturne et miraculeux. – Fanny, j’en suis certain, m’aurait cru. Les assassins, les polices, notre séculaire tennis de coups durs, tout ça, c’était fini, envolé ! Voyons l’objet, me dit le commissaire. D’entre mes doigts tremblants il saisit la plume sainte et la fait techniquement rouler devant un sourcil bonhomme. – C’est de l’oie, ça… me dit-il, je m’y connais, je suis du Périgord Monsieur, ce n’est pas de l’oie, c’est de l’ange, vous dis-je ! Calmez-vous ! Calmez-vous ! Mais vous avouerez tout de même qu’une telle affirmation exige d’être appuyée par un minimum d’enquête, à défaut de preuve. Vous allez patienter un instant. On va s’occuper de vous. Gentiment, hein ? Gentiment. «
On s’est occupé de moi, gentiment. Entre deux électrochocs, je me balade dans le parc de la clinique psychiatrique où l’on m’héberge depuis un mois. Parmi les divers siphonnés qui s’ébattent ou s’abattent sur les aimables gazons, il est un être qui me fascine. C’est un vieil homme, très beau, il se tient toujours immobile dans une allée du parc devant un cèdre du Liban. Parfois, il étend lentement les bras et semble psalmodier un texte secret, sacré. J’ai fini par m’approcher de lui, par lui adresser la parole. Aujourd’hui, nous sommes amis. C’est un type surprenant, un savant, un poète. Vous dire qu’il sait tout, a tout appris, senti, perçu, percé, c’est peu dire. De sa barbe massive, un peu verte, aux poils épais et tordus, le verbe sort, calme et fruité, abreuvant un récit où toutes les mystiques, les métaphysiques, les philosophies s’unissent, se rassemblent pour se ressembler dans le puits étoilé de sa mémoire. Dans ce puits de jouvence intellectuelle, sot, je descends, seau débordant de l’eau fraîche et limpide de l’intelligence alliée à l’amour, je remonte. Parfois il me contemple en souriant. Des plis de sa robe de bure, il sort des noix, de grosses noix qu’il brise d’un seul coup dans sa paume, crac ! pour me les offrir.
Un jour où il me parle d’ornithologie comparée entre Olivier Messiaen et Charlie Parker, je ne l’écoute plus. Un grand silence se fait en moi. Mais cet homme dont l’ange t’a parlé, cet homme introuvable qui peut croire à ta plume, eh bien, oui, c’est lui, il est là, devant toi ! Sans hésiter, je sors la plume. Les yeux mordorés lancent une étincelle. Il examine la plume avec une acuité qui me fait frémir de la tête aux pieds. » Quel magnifique spécimen de plume d’ange vous avez là, mon ami. Alors vous me croyez ? vous le savez ! Bien sûr, je vous crois. Le tuyau légèrement cannelé, la nacrure des barbes, on ne peut s’y méprendre. Je puis même ajouter qu’il s’agit d’une penne d’Angélus Maliciosus. Mais alors ! Puisqu’il est dit qu’un homme me croyant, le monde est sauvé… Je vous arrête, ami. Je ne suis pas un homme. Vous n’êtes pas un homme ? Nullement, je suis un noyer. Vous vous êtes noyé ? Non. Je suis un noyer. L’arbre. Je suis un arbre. «
Il y eut un frisson de l’air. Se détachant de la cime du grand cèdre, un oiseau est venu se poser sur l’épaule du vieillard et je crus reconnaître, miniaturisé, l’ange malicieux qui m’avait visité. Tous les trois, l’oiseau, le vieil homme et moi, nous avons ri, nous avons ri longtemps, longtemps… Le fou rire, quoi !