Les enseignements du Nagual (tuer le Je)

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Et c’est quoi plus loin? Est-ce l’aspect dynamique du Nirvâna quand la conscience cristallisée agit dans les plans subtils. Dans cet état, on peut toucher avec la conscience n’importe qui sur Terre et autour; afin de faire cela, on doit juste avoir de l’information au sujet de cet être.

Alors, les disciples de Juan Matus maîtrisaient l’état de Nirodhi, connu dans toutes les Écoles développées de bouddhi yoga. Don Juan a également décrit cet état en termes endémiques précis dans son École. Il enseignait aux disciples qu’il existe des vagues d’énergie, qui roulent constamment sur toutes les créatures vivantes et de qui nous sommes protégés par nos cocons. Et que l’on peut employer la puissance de ces vagues afin de se transférer avec leurs aides vers des mondes inconnus. Ces mondes inconnus sont d’autres dimensions spatiales. Pour ce faire, on doit permettre à la force de roulement d’inonder le cocon. Alors, on se transforme en rien; le je meurt.

C’est seulement après avoir atteint l’état de disparition en Brahman qu’il devient possible de connaître Ishvara — et de disparaître en Lui pour toujours, ayant conquis la mort. C’est-à-dire, comme don Juan l’a compris, on ne doit pas se sauver du bec de l’Aigle, mais plutôt fusionner dans l’universel Pouvoir Divin.

Il convient de noter qu’avec l’aide du Feu on peut maîtriser la dématérialisation du corps physique. Juan Matus et ses compagnons réalisaient cela.

… Ainsi, nous avons considéré les principales étapes du travail dans l’École du bouddhi yoga de Juan Matus. Elles s’avèrent être communes pour toutes les Écoles de bouddhi yoga, indépendamment de l’endroit où sont ces Écoles sur la surface de la Terre, qu’elles soient reliées l’une à l’autre ou pas, et sans se soucier des langues parlées dans ces Écoles et des termes utilisés en elles. Il en est ainsi parce que Dieu guide les personnes, qui consacrent leurs vies à Lui, selon les mêmes lois du développement spirituel.

Et maintenant, considérons plus en détail les méthodes spécifiques de travail de l’École de Juan Matus, qui ont été décrites par Castaneda et que nous pouvons appliquer à nous-mêmes.

Ils peuvent être divisés en deux groupes: préliminaires et de bases.

La première des méthodes préliminaires est la récapitulation. Essentiellement, c’est identique au repentir, qui est l’une des pratiques principales dans toutes les principales religions. Les disciples devaient se rappeler — principalement en retraite qui durait pendant plusieurs jours — toutes les erreurs qu’ils avaient faites dans leurs vies, et revivre ces situations, mais cette fois correctement. Afin d’intéresser davantage les disciples dans ce travail très difficile, on leur disait que pendant la récapitulation ils regagneraient l’énergie perdue en raison de leurs réactions émotives incorrectes. La qualité du travail pénitent n’a pas été détériorée en raison de ce manège, puisque son but principal — apprendre à réagir de la manière moralement correcte et éviter de commettre des offenses — a été réalisé avec les efforts appropriés.

Ils devaient également détruire le sentiment de suffisance et de pitié envers soi — puisque ces qualités ont comme conséquence un énorme gaspillage de son énergie personnel. En effet, si l’on se pense très important et que quelqu’un d’autre empiète sur notre sentiment d’importance avec une attitude irrespectueuse, on réagit avec excès émotif et ressentiment, colère, et ainsi de suite. Dans ce processus, l’énergie de l’organisme est intensivement gaspillée.

Voici un fait intéressant de la biographie de Castaneda: quand son étude à l’École de don Juan s’est terminée, lui et son compagnon, La Gorda — bien que Castaneda soit devenu millionnaire grâce à ses livres et pouvait vivre une vie libre de soucis matériels — néanmoins, lui et La Gorda se sont fait engager sous différents noms comme domestiques pour un homme riche et ont souffert des humiliations, de la grossièreté et de la trahison venant des autres domestiques. Ils ont eu recours à cela afin de détruire complètement le sentiment de suffisance, pour effacer de leurs mémoires leurs histoires personnelles — afin d’atteindre l’humilité. Puisque tout ce qui arrive au guerrier sur le plan physique, comme le disait Castaneda, n’importe pas; la seule chose qui importe est l’état de la conscience.

Et cela est sans importance en effet, comparé au But Suprême! Ce qui est d’importance principale est la capacité d’être rien, la capacité de ne pas se défendre quand quelqu’un est injuste envers vous, mais d’être protégé — ainsi enseignait don Juan. Et l’état de protection vient seulement quand il n’y a plus aucun moi, quand il y a seulement Dieu.

Bonne lecture: Claude Sarfati

Les enseignements du Nagual (le cocon)

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Une personne résolue à réaliser l’immortalité doit d’abord devenir un chasseur. Pas un chasseur qui tue, mais celui qui chasse la connaissance, qui marche sur le sentier du cœur — compatissant, aimant la Terre ainsi que les êtres qui y vivent.

Après avoir maîtrisé l’étape du chasseur spirituel, on peut devenir un guerrier spirituel — qui est celui qui trace la Puissance (Dieu), tâchant de La traquer et de La connaître.

Don Juan enseignait souvent à Castaneda et à ses autres disciples quand ils marchaient dans le désert et les montagnes — Dans des conditions naturelles en contact direct avec le monde qui nous entoure.

En guise d’exemple, une fois ils ont attrapé un lièvre. Don Juan savait que la vie de ce lièvre sur Terre s’achevait, selon sa destinée. Et il suggéra que Castaneda tue ce lièvre de ses propres mains. Castaneda s’exclama: « je ne peux pas faire cela! » Don Juan s’opposa: « mais tu as tué des animaux avant! » Castaneda répondit: « oui, mais je les ai tués avec mon fusil, à distance, sans devoir les voir mourir… »

Castaneda refusa de commettre la mise à mort; pour la première fois, il pensa au bien-fondé de son éthique à faire cela, au sujet de la douleur des créatures tuées.

Toutefois, le lièvre est mort de lui-même devant les yeux de Castaneda, car la période de son séjour sur Terre s’était vraiment épuisée.

À un certain moment, don Juan et Castaneda descendirent la rue et virent un escargot traversant la route. Et don Juan employa alors cet exemple pour expliquer la philosophie du rôle d’une personne dans les destins des autres créatures.

De telle façon que Castaneda, qui au début était très fière d’être une personne instruite et civilisée, est devenue de plus en plus convaincue que la vraie sagesse ne lui appartenait pas à lui, mais appartenait à ce vieil Amérindien, un grand Chercheur et Enseignant spirituel, qui vivait la vie d’un chasseur et d’un guerrier en harmonie avec le monde autour de lui.

… Après que ses disciples eurent maîtrisé les fondations de l’éthique et de la sagesse, don Juan procédait à leurs enseigner les méthodes psychoénergétiques.

Il devrait être noté ici que seulement un nombre très limité d’étudiants étaient acceptés dans l’École de don Juan. Le critère de sélection était le niveau de développement des structures énergétiques de l’organisme — les chakras. Naturellement, les Amérindiens n’employaient pas des mots tels que chakra. Mais ils parlaient des segments dans le cocon d’énergie de l’homme. Et seulement, les disciples avec des chakras développés étaient considérés comme étant prometteurs et capables de supporter le sentier d’un chasseur et d’un guerrier.

Par conséquent, ceux inscrits dans l’École avaient une grande expérience du travail psychoénergétique acquis dans leurs vies précédentes sur Terre. C’est-à-dire, ils étaient prêts pour un travail sérieux du point de vue psychoénergétique.

Ceci leur permettait de commencer la formation psychoénergétique, pas par le nettoyage et le développement des méridiens et des chakras, mais immédiatement avec le développement de la structure de puissance principale de l’organisme, le hara.

Quand le travail avec le hara était terminé, l’étape suivante commençait: la division du cocon en deux parties: les bulles supérieures et inférieures de perception. C’est de ces bulles que l’on perçoit le tonal et le nagual, respectivement.

La Division du cocon en deux bulles de perception était considérée comme une étape intermédiaire importante vers d’autres étapes de perfectionnement psychoénergétique. On devait maîtriser la concentration de la conscience dans les deux pôles du cocon divisé de la sorte.

Ensuite, davantage de travail était effectué afin de développer la bulle inférieure de perception. Mais cela commençait seulement après que la conscience ait été correctement raffinée, ou comme cela était appelé dans l’École de don Juan, après que la luminosité du cocon ait été nettoyée.

C’est-à-dire, comme dans toutes les autres Écoles spirituelles avancées, les techniques visaient l’amélioration de la conscience précédant le processus à grande échelle de sa cristallisation. Cependant, Castaneda ne décrit pas les méthodes de nettoyage de la luminosité exceptée une, qui peut être vue seulement comme une plaisanterie, à savoir — inhaler la fumée d’un feu.

Grâce à l’amélioration de la conscience et du travail avec la bulle inférieure de perception, les disciples atteignaient l’état du Nirvâna (ils n’employaient cependant pas ce terme). D’abord, ils maîtrisaient la variation statique du Nirvâna en Brahman, et après cela — la dynamique.

À un certain moment, don Juan donna une claque à Castaneda sur le dos avec sa main (il avait souvent l’habitude d’utiliser cette technique pour décaler le point d’assemblage, celui de la zone de distribution de la conscience du disciple) — et Castaneda, se préparait pour cela par des exercices préparatoires, entrait dans la variation statique du Nirvâna dans l’un des états Brahmaniques. À ce moment, il éprouva pour la première fois un état de profonde paix; pour la première fois, il perçut Dieu; il perçut que Dieu est en effet Amour…

Mais soudainement il entendit la voix de don Juan qui disait que bien que cet état était splendide — cela n’était pas celui auquel il devait maintenant aspirer. Tu dois aller plus loin! Ne pense pas que c’est le maximum de tes capacités… Avec ces mots don Juan suggérait à Castaneda, qui avait connu le bonheur suprême du Nirvâna, de ne pas s’attacher à ce bonheur, mais d’aller encore plus loin… Au début, Castaneda se sentit offensé et fâché avec don Juan, mais ce dernier était inflexible: on doit avancer plus loin!…

Bon dimanche: Claude Sarfati

Dia de muertos

La fête des morts est une fête d’une grande importance au Mexique. Elle se déroule en effet, pendant 2 jours, le 1er et 2 novembre juste après la fête de Halloween qui n’a aucun rapport. C’est aussi une occasion pour se retrouver en famille.

Tout le monde, un jour ou l’autre, est confronté à la mort, que ça soit par la sienne ou celle d’un proche. De nombreux rituels, spécifiques à chaque culture, ont été développés pour permettre aux vivants d’accepter la mort ainsi que pour aider le défunt à accéder à accéder à son nouvel état méta-physique.

La fête des morts, vieille d’environ 3500 ans, découle de nos jours de plusieurs traditions.

Lors de l’époque de Moctezuma (dernier empereur Aztèque), les habitants du Mexique avaient l’habitude de venir plusieurs fois par an sur les tombes des morts. La famille du défunt dansait, chantait et laissait des offrandes afin de pourvoir aux besoins du défunt dans l’au-delà.

En réalité, les Aztèques pratiquaient 2 fêtes majeures: une pour les enfants (Miccaihuitontli), et une pour les adultes (Hueymiccalhuitl). La petite fête était célébrée 20 jours avant la grande.

Les Espagnols, eux, avaient l’habitude de venir dans les cimetières pour y déposer du pain, du vin et des fleurs pour la Toussaint. Les Espagnols pensaient que les âmes parcouraient la Terre et flottaient autour d’eux. Tous craignaient qu’elles s’abattent sur eux pour les emporter avec elles. C’est pourquoi ils préparaient des autels avec du vin et du pain pour les apaiser. Des cierges les guidaient jusqu’à l’autel.

Le rituel Aztèque n’a donc pas été éradiqué par les Espagnols en les convertissant au catholicisme. La date a juste été fixée afin qu’elle coïncide exactement avec le jour de tous les saints, le 1er et 2 novembre, à la place des 2 précédentes fêtes séparées de 20 jours).

De nos jours, une autre culture vient s’ajouter à cete fête. L’arrivée des âmes des enfants le 31 octobre coïncide avec la fête d’Halloween. C’est pourquoi on rencontre dans les rues des enfants déguisés en Dracula, momies et autres morts vivants tenant une citrouille. Ils ne disent pas « trick or treat », mais « calaveras » selon la tradition del dia de los Muertos, afin d’obtenir des friandises ou des pièces de monnaie.

Le rituel et les célébrations

Ce jour de la fête des morts, les familles vont rendre visite aux tombes de leurs ancêtres et les nettoient, les décorent, leurs mettent des fleurs (spécialement des fleurs oranges appelées zempaxuchitl) ainsi que des bougies. Les âmes des défunts reviennent sur Terre suivant un certain ordre. Il convient alors de leur donner les offrandes appropriées.

Les personnes décédant durant le mois précédent ne reçoivent pas d’offrande car elles n’ont pas eu le temps de demander la permission de retourner sur Terre.

Pour les enfants morts avant d’avoir été baptisés, on offre des fleurs blanches et des cierges. Pour les autres, on apporte des jouets.

Pour les adultes, on apporte des bouteilles de tequila.

Des offrandes sont aussi faites dans chaque maison sur des autels situés dans les chambres des défunts, plus ou moins décorés et remplis selon les familles.

On y trouve: du copal dans son encensoir, des fleurs porte-bonheur, des cierges allumés, des photos représentants le défunt de son vivant, des têtes de morts en sucre ou en chocolat, des fruits, le pain des morts, des bonbons, de la nourriture que le défunt appréciait le plus, des boissons, de l’eau bénite et diverses offrandes particulières au défunt (tabac, poteries…).

Les têtes de morts portent sur le front les prénoms des morts. Bien qu’elles soient généralement représentatives du défunt, elles peuvent se déguster.

Les Aztèques et autres civilisations gardaient comme trophée les crânes des vaincus et les rassemblaient lors de la fête des morts. Ces crânes symbolisent le mort et la renaissance.

Pour guider les âmes, un chemin de pétales de fleurs est réalisé de la rue jusqu’à l’autel. Des prières sont récitées et de la musique est jouée. Les Mexicains, qui sont presque tous catholiques, débutent leur journée en priant les défunts, et la terminent en buvant à leur santé.

Le mexicain n’a pas peur de la mort, il se moque d’elle, joue avec, et même cohabite. C’est une coutume qui pour nous, nous semble choquante voire provocante car la mort est traitée comme un personnage quasi humain avec familiarité et dérision…

Ne serait-ce pas tout simplement une autre manière d’aborder la vie et par là même d’intégrer plus naturellement et sans honte cette mort qui nous fait peur et nous fascine ?

Juan Matus (don Juan)

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“Beaucoup de gens sur Terre, qui sont devenus impliqués dans la religion superficiellement, croient que leur devoir religieux est de pleurer.

“Mais, un guerrier spirituel ne pleure pas ni se plaint ni s’apitoie sur son sort. Il voit ses défauts et — sans arrêter de combattre — se débarrasse d’eux une fois pour toutes!

“Quand nous sommes concernés seulement à chercher nos défauts et à s’affliger au sujet de nos imperfections — nous manquons la possibilité afin d’effectuer le travail vraiment sérieux d’aider les personnes et se développer.

“Nous devons pouvoir être en mesure de mettre notre attention hors de notre petit ‘moi’ personnel — en regardant Celui Que nous aimons! Nous devons apprendre à vivre et à agir par Son exemple et suivre Ses préceptes!

“Nous devons Lui demander de nous aider à comprendre nos erreurs et à les reformer — cependant, nous devrions maintenir à l’esprit que le succès dépend, tout d’abord, de nos efforts.

“Et la chose principale — nous devons changer notre attitude envers les événements qui nous semblent défavorables. Nous devons apprendre à considérer cela — de Son point de vue, c’est-à-dire du point de vue de l’Évolution de la Conscience Universelle et de la croissance spirituelle de conscience individuelle sur le Chemin à Lui.

“… Savez-vous, par exemple, comment maîtriser l’art du contrôle parfait de la matière? C’est très simple! On doit apprendre à rire!

“J’aime rire! Est-ce que vous voulez que Je vous dise au sujet du rire du Nagual?

“Un guerrier spirituel dès le début doit apprendre le rire du Nagual: il rit de ses propres vices et les fait ainsi éclater comme des bulles de savon — elles éclatent ainsi que le sentiment gonflé de la suffisance!

“Beaucoup de gens croient que c’est l’arme qui rend l’homme fort. C’est faux! C’est le rire qui rend l’homme fort! Le rire du Nagual transforme l’enveloppe du ‘moi’ en rien. La seule chose que l’on doit ajouter est le calme et le rire — et puis… Il y a seulement infinie, coulante, libre conscience…

“La recherche de la puissance personnelle n’est qu’un crochet, un tour que La Puissance utilise afin ‘d’attraper’ et enseigner à qui n’entend pas quand il est informé au sujet de l’Amour… et de la Tendresse…

“S’il n’apprend pas cela de La Puissance, il ne va pas progresser…

“Il y a la loi suivante: La Puissance n’appartient pas à personne, seulement vous pouvez appartenir à La Puissance.

“La Puissance est juste, et c’est La Puissance de l’Amour.

“Quand vous gagnez La Liberté, vous fusionnez juste avec Elle en Un… Vos désirs et les désirs de La Puissance deviennent les mêmes; votre choix et le choix de La Puissance deviennent identiques…

“Celui, qui essaie… de ‘contrôler’ ‘La Puissance’, chute dans son voyage. La Puissance l’attrape par ce désir, et il devient Son outil, même sans le savoir. Il vit comme un aveugle, frappé par le sentiment de la suffisance, et il peut ne jamais retrouver la vue.

“Et le processus d’accroissement de la puissance brute peut devenir irréversible comme le processus d’un cancer…

“… D’autre part, la capacité de rire de ses propres vices tournant cela à la dérision est la première étape à la vraie fusion avec La Puissance!

“Celui qui a appris à rire de telle sorte de ses vices, cesse d’exister — il est sur le point d’exécuter de grandes actions!

“Un guerrier spirituel peut rire seulement de lui; il ne rit jamais des autres!

“De la vérité, qui vit en lui, il regarde ce qui est imparfait en lui — et il rit! Et quand il ne reste plus rien en lui qui le fait rire — il devient Tout, il devient un vrai Nagual; son rire s’unit à la joie de l’Existence, avec la Liberté et La Puissance!

“Alors, il gagne la capacité d’affecter les particules du Grand Tout, enlevant ce qui empêche la joie de l’existence, ce qui empêche la Lumière Radiante de La Puissance de se manifester dans les autres qu’Il sent en Lui-même — ceux qui se sont confiés à lui, au Nagual, à la conduite sur le Chemin menant à la Liberté.

“Voyez comment beau est le rire du Nagual: il guérit les âmes, les débarrassant du fardeau et de la douleur, il les rend capables du vol dans l’inconnu…

“Comprenez-vous maintenant les fondations de l’art du contrôle parfait de la matière?

“Quand vous avez maîtrisé cela, je vous en dirai plus… ceci peut vous aider.

“… l’action impeccable d’un guerrier spirituel dans l’interaction avec La Puissance remplit sa vie avec une intensité spéciale et une passion silencieuse.

“Et la vie du Nagual devient une manifestation de l’action de La Puissance.

“On peut apprendre la connaissance dans les universités — et cela est bon. Cependant, on devrait apprendre la Connaissance plus élevée en interagissant avec La Puissance. Quand vous cherchez des solutions pour la partie du Nagual, quand vous trouvez des méthodes pour enseigner aux étudiants — vous gagnez la Connaissance.

Genaro et Moi sommes Ceux Qui vivent et agissent, et ne faisons pas qu’en parler. Nous avons toujours vécu et vivons maintenant la vie remplie de l’état d’Amour et de Puissance impeccable.

“Sentez cet état de la vie du Nagual en ce moment ‘maintenant’, sentez que La Puissance de Dieu remplit tout à chaque instant:

“… Ce feu brûlant…

“… Le calme de la forêt…

“… La terre sous votre corps…

“… Ce lieu de puissance, qui permet de connaître la conscience vivante de la Terre… et plus loin plus profondément… plus profondément…, où il y a seulement un Grand Amour et la Puissance du Créateur!

“… Cela ne peut pas être transmis aux autres au moyen de mots. Cela doit être ‘goûté’: comme quelqu’un prend une bouchée, mâche, et avale un morceau de pain — alors seulement vous pouvez connaître cela.

“Tel est le Chemin spirituel: si vous l’avez choisi — allez-y! Alors, chaque moment de la vie en interaction avec La Puissance devient une expérience de valeur inestimable pour l’âme.

“Dans la vie d’un véritable guerrier spirituel, il n’y a aucun trou, il ne s’ennuie jamais, il ne peut pas être dépressif face aux échecs du passé ou s’inquiéter face à l’avenir. Il y a seulement la vie qu’il vit jusqu’à la fin avec efficacité maximale, avec la pleine conscience du But, avec la pleine responsabilité de ses décisions! Et alors, La Puissance remplit cette vie jusqu’au rebord…

“Vous pouvez être les Mains de Dieu si vous ne vous séparez pas de l’Océan du Créateur. C’est l’Océan de l’Amour-Puissance qui infiltre vos corps et cocons et Se manifeste par eux. Nous l’avons appelé — embrasement de toutes les émanations du cocon, alignant leurs énergies sur la subtilité du Plan Primordial.”

Propos de  Don Juan Matus, receuillis par Carlos Castaneda

Stopper le monde.

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Voir Castaneda – Psychology Today (1972) – deuxième partie:

Est-ce que don Juan utilise régulièrement des drogues psychotropes pour stopper le monde ?

Non. Il peut maintenant le stopper à volonté. Il m’a dit qu’il était inutile pour moi d’essayer de voir sans l’aide des plantes psychotropes. Mais que si je me comportais comme un guerrier et en assumais la responsabilité, je n’en aurais pas besoin ; elles ne feraient qu’affaiblir mon corps.

Cela arrive un peu comme un choc pour beaucoup de vos admirateurs. Vous êtes un peu comme un saint patron de la révolution psychédélique.

Il est vrai que j’ai des partisans et ils ont d’étranges idées à mon propos. L’autre jour, je me suis rendu à une conférence que je donnais dans l’état de Californie, à Long Beach, et un type qui me connaissait m’a montré du doigt à une fille et a dit : « Hé, c’est Castaneda. » Elle ne l’a pas cru parce qu’elle avait dans l’idée que je devais être très mystique. Un ami a récolté quelques-unes des histoires qui circulent sur moi. Le consensus est que j’ai des pieds mystiques.

Des pieds mystiques ?

Oui, que je marche pieds nus comme Jésus et que je n’ai pas de cales aux pieds. Je suis supposé être défoncé la plupart du temps. Je me suis aussi suicidé et je suis mort dans différents endroits.

Une de mes classes d’université à presque péter les plombs quand j’ai commencé à leur parler de phénoménologie et d’appartenance, et d’explorer la perception et la socialisation. Ils voulaient qu’on leur dise de se relaxer et de débrancher leur esprit. Mais pour moi, il est important de comprendre.

Des rumeurs fleurissent au milieu d’un vide informatif. Nous savons quelque chose à propos de don Juan mais presque rien sur Castaneda.

C’est une partie délibérée de la vie du guerrier. Pour vous promener d’un monde à l’autre, vous devez rester discret. Plus vous êtes connu et identifié, plus votre liberté est réduite. Quand les gens ont des idées définitives à propos de qui vous êtes et comment vous allez agir, alors vous ne pouvez plus bouger. Une des toutes premières choses que don Juan m’a enseignée était que je devais effacer mon histoire personnelle. Si petit à petit vous créez un brouillard autour de vous, alors vous ne serez pas considéré comme allant de soi et vous aurez plus d’espace pour changer. C’est la raison pour laquelle j’évite les enregistrements vocaux quand je fais des conférences, et les photographies.

Peut-être que nous pouvons être personnel sans être historique. A présent vous minimisez l’importance de l’expérience psychédélique connectée à votre apprentissage. Et vous ne semblez pas vous baladez en faisant le genre de trucs que vous décrivez comme ce qu’un sorcier a en boutique. Quels sont les éléments des enseignements de don Juan qui sont importants pour vous ? Vous ont-ils changé ?

Pour moi, l’idée d’être un guerrier et un homme de connaissance, avec l’éventuel espoir d’être capable de stopper le monde et de voir, a été la plus adéquate. Elle m’a donné la paix et la confiance dans ma capacité à contrôler ma vie. A l’époque où j’ai rencontré don Juan, j’avais très peu de pouvoir personnel. Ma vie avait été très erratique. J’avais fait beaucoup de chemin depuis mon lieu de naissance au Brésil. De l’extérieur, j’étais agressif et impudent, mais à l’intérieur j’étais dans l’indécision et peu sure de moi. Je m’excusais tout le temps. Don Juan m’a une fois accusé d’être un enfant professionnel parce que j’étais plein d’apitoiement. Je me sentais comme une feuille dans le vent. Comme la plupart des intellectuels, j’avais le dos au mur. Je n’avais aucun endroit où aller. Je ne pouvais envisager aucune façon de vivre qui m’excite vraiment. Je pensais que tout ce que je pouvais faire était un ajustement mature à une vie d’ennui, ou bien trouver des formes plus complexes pour me divertir comme l’utilisation de psychédéliques, fumer de la marijuana et avoir des aventures sexuelles. Tout cela était exagéré par mon habitude à l’introspection. Je regardais toujours à l’intérieur et me parlais à moi-même. Mon dialogue intérieur s’arrêtait rarement. Don Juan a tourné mes yeux vers l’extérieur et m’a enseigné à accumuler du pouvoir personnel.

Je ne pense pas qu’il y ait aucune autre façon de vivre si on veut être exubérant.

Il semble vous avoir accroché avec le vieux truc du philosophe en agitant la mort devant vos yeux. J’ai été frappé par l’approche classique de don Juan. J’ai eu des échos sur les idées de Platon disant  qu’un philosophe doit étudier la mort avant de pouvoir acquérir un quelconque accès au véritable monde, et la définition de Martin Heidegger sur le fait qu’un homme doit se tenir en face de la mort.

Oui, mais l’approche de don Juan prend une étrange tournure parce qu’elle vient de la tradition de sorcellerie qui dit que la mort est une présence physique qui peut être ressentie et vue. Une des gloses de la sorcellerie est : la mort se tient sur ta gauche. La mort est un juge impartial qui vous dira la vérité et vous donnera de justes conseils. Après tout, la mort n’est pas pressée. Elle vous aura demain ou la semaine prochaine ou dans cinquante ans. Cela ne fait aucune différence pour elle. Au moment où vous vous souvenez que vous allez finalement mourir, vous êtes abattu par le côté droit.

Je pense que je n’ai pas encore rendu cette idée assez vivante. La glose – « la mort est sur ta gauche » – n’est pas un problème intellectuel en sorcellerie ; c’est une perception. Quand votre corps est correctement tourné vers le monde et que vous tournez vos yeux vers votre gauche, vous pouvez être le témoin d’un événement extraordinaire, voir la présence de la mort comme une ombre.

Dans la tradition existentialiste, les discussions concernant la responsabilité suivent habituellement les discussions sur la mort.

Alors don Juan est un bon existentialiste. Lorsqu’il n’y a aucun moyen de savoir si j’ai une minute de plus à vivre, je dois vivre comme si c’était mon dernier instant. Chaque acte est la dernière bataille du guerrier. Ainsi tout doit être fait impeccablement. Rien ne peut être laissé en suspend. Cette idée a été très libératrice pour moi. Je suis là à vous parler aujourd’hui, et peut-être ne retournerai-je jamais à Los Angeles. Mais cela n’a pas d’importance parce que j’ai pris soin de tout avant de venir.

Ce monde de mort et de décision est loin des utopies psychédéliques dans lesquelles la vision d’un temps infini détruit la qualité dramatique du choix.

Lorsque la mort se tient sur votre gauche, vous devez créer votre monde par une série de décisions. Il n’y a plus de grandes ou de petites décisions, seulement des décisions qui doivent être prises maintenant.

Et il n’y a pas de temps pour les doutes ou pour avoir du remords. Si je perds mon temps à regretter ce que j’ai fait hier, j’évite les décisions que j’ai besoin de prendre aujourd’hui.

Comment don Juan vous a t-il enseigné à être décisif ?

Il a parlé à mon corps avec ses actes. Mon ancienne manière était de tout laisser en suspend et de ne jamais rien décider. Pour moi, les décisions étaient quelque chose d’horrible. Cela semblait injuste qu’un homme sensible ait à décider. Un jour don Juan m’a demandé : « Pense-tu que toi et moi soyons égaux ? » J’étais un universitaire et un intellectuel, et il était un vieil Indien, mais j’étais condescendant et je lui ai dit : « Bien sûr que nous sommes égaux. » Il a dit : « Je ne pense pas que nous le soyons. Je suis un chasseur et un guerrier et tu es un macro. Je suis prêt à compresser ma vie à chaque instant. Ton monde faible d’indécisions et de tristesse n’est pas égal au mien. » Eh bien, je me suis senti très insulté, et je serais parti si nous n’étions pas au milieu d’une étendue sauvage. Alors je me suis assis et je suis resté prisonnier de mon ego. J’étais sur le point d’attendre jusqu’à ce qu’il se décide à rentrer. Après plusieurs heures, je vis que don Juan resterait pour toujours s’il le devait. Pourquoi pas ? Pour un homme sans affaires en suspend, cela est en son pouvoir. J’ai finalement réalisé que cet homme n’était pas comme mon père, qui aurait fait vingt bonnes résolutions de l’année et les aurait toutes annulées. Les décisions de don Juan étaient irrévocables tant que cela le concernait. Elles pouvaient seulement être annulées par d’autres décisions. Alors je me suis approché et l’ai touché,  il s’est levé et nous sommes rentrés. L’impact de cet acte fut immense. Cela me convainquit que le chemin du guerrier est une façon de vivre puissante et exubérante.

Ce n’est pas tant le contenu de la décision qui est important, mais plutôt l’acte d’être décisif.

C’est ce que don Juan voulait dire en parlant de faire un geste. Un geste est un acte délibéré qui est entrepris pour le pouvoir qui vient de l’acte de prendre une décision. Par exemple, si un guerrier trouve un serpent qui est engourdi et froid, il se pourrait bien qu’il lutte pour inventer une façon d’emporter le serpent vers un endroit chaud sans être mordu. Le guerrier fera ce geste juste pour s’amuser. Mais il le fera avec perfection.

Il semble y avoir beaucoup de parallèles entre la philosophie existentialiste et les enseignements de don Juan. Ce que vous avez dit à propos de la décision et du geste suggère que don Juan, comme Nietzsche ou Sartre, croit que la volonté est une faculté plus fondamentale chez l’homme que la raison.

Je pense que c’est exact. Laissez-moi parler pour moi-même. Ce que je veux faire, et peut-être que je peux l’accomplir, est de prendre le contrôle sur ma raison. Mon esprit a été sous contrôle toute ma vie, et il me tuerait plutôt que d’abandonner ce contrôle. A un moment de mon apprentissage, j’étais profondément déprimé. J’étais submergé de terreur, de morosité, et de pensées suicidaires. Alors don Juan m’a averti que c’était un des trucs de la raison pour garder le contrôle. Il a dit que ma raison faisait tout pour que mon corps sente que la vie n’avait aucun sens. Une fois que mon esprit eut guerroyé et perdu, la raison a commencé à assumer sa propre place en tant qu’outil du corps.

« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », et il en est ainsi pour le reste du corps.

C’est le problème. Le corps a une volonté qui lui est propre, ou plutôt, la volonté est la voix du corps. C’est pourquoi don Juan mettait constamment ses enseignements sous une forme dramatique. Mon intellect pouvait facilement écarter son monde de sorcellerie comme un non sens. Mais mon corps était attiré par son monde et sa façon de vivre. Et une fois que le corps a pris le dessus, un nouveau règne plus sain a été établi.

Les techniques de don Juan pour traiter avec les rêves m’ont attiré car elles suggèrent la possibilité d’un contrôle volontaire sur les images rêvées. C’est comme s’il proposait d’établir un observatoire stable, permanent à l’intérieur de l’espace interne. Parlez-moi de l’entraînement de don Juan concernant le rêve.

Le truc dans rêver est de retenir les images du rêve suffisamment longtemps pour les regarder avec attention. Pour obtenir ce genre de contrôle, vous avez besoin de choisir quelque chose à l’avance et d’apprendre à le trouver dans vos rêves. Don Juan suggérait que j’utilise mes mains comme point de départ, et d’aller d’avant en arrière entre elles et les images. Après quelques mois, j’ai appris à trouver mes mains et à arrêter le rêve. J’étais si fasciné par cette technique que je pouvais à peine attendre d’aller me coucher.

Est-ce que stopper les images dans le rêve à quelque chose à voir avec stopper le monde ?

C’est similaire. Mais il y a des différences. Une fois que vous êtes capable de trouver vos mains à volonté, vous réalisez que c’est juste une technique. Ce que vous rechercher après ça, c’est le contrôle. Un homme de connaissance doit accumuler du pouvoir personnel. Mais ce n’est pas suffisant pour stopper le monde. Un certain abandon est également nécessaire. Vous devez faire taire la discussion qui a lieu à l’intérieur de votre esprit et vous abandonner au monde extérieur.

Parmi les nombreuses techniques que don Juan vous a enseignées pour stopper le monde, laquelle pratiquez-vous encore ?

Maintenant, ma discipline principale est de bouleverser mes routines. J’avais toujours été une personne très routinière. Je mangeais et dormais à heure fixe. En 1965, j’ai commencé à changer mes habitudes. J’écrivais durant les heures calmes de la nuit et dormais et mangeais quand j’en ressentais le besoin. Maintenant, j’ai démantelé tellement de façons habituelles d’agir, que je peux devenir imprévisible et surprenant même pour moi.

Votre discipline me rappelle l’histoire zen des deux disciples qui se vantent à propos de pouvoirs miraculeux. Un des disciples affirme que le fondateur de la secte à laquelle il appartient peut rester sur la berge d’une rivière et écrire le nom de Bouddha sur un morceau de papier tenu par son assistant qui est sur la berge opposée. Le second disciple réplique qu’un tel miracle n’est pas impressionnant. « Mon miracle, » dit-il, « c’est que lorsque j’ai faim je mange, et quand j’ai soif, je bois. »

C’est cet élément d’engagement dans le monde qui m’a gardé de suivre le chemin que don Juan me montrait. Il n’est pas nécessaire de transcender le monde. Tout ce dont nous avons besoin est juste en face de nous, si nous faisons attention. Si vous entrez dans un état de réalité non-ordinaire, comme cela arrive quand vous utilisez des plantes psychotropes, c’est seulement pour en retirer ce dont vous avez besoin afin de voir les signes miraculeux de la réalité ordinaire. Pour moi, cette façon de vivre – le chemin qui a du cœur – n’est pas une introspection ou une transcendance mystique mais la présence dans le monde. Ce monde est le champ de bataille du guerrier.

Le monde que vous et don Juan avez dessiné est plein de coyotes magiques, de corbeaux enchantés et de magnifiques sorcières. Il est facile de voir à quel point cela vous a donné envie de vous engager. Mais que dire à propos du monde d’une personne moderne vivant dans un environnement urbain ? Où est la magie ? Si nous pouvions tous vivre dans les montagnes, nous pourrions garder le merveilleux vivant. Mais comment cela est-il possible quand nous vivons juste à côté d’une autoroute ?

Une fois, j’ai posé la même question à don Juan. Nous étions dans un café à Yuma et j’ai suggéré que je pourrais être capable de stopper le monde et de voir si je pouvais venir vivre dans la nature avec lui. Il a regardé par la fenêtre les voitures passer, et a dit : « ça, dehors, c’est ton monde. » Je vis à Los Angeles maintenant et je trouve que je peux utiliser ce monde pour accommoder mes besoins. C’est un défi de vivre sans routines fixes dans un monde routinier. Mais c’est possible.

Le niveau sonore et la pression constante de la masse semblent détruire le silence et la solitude qui doivent être essentiels pour stopper le monde.

Pas du tout. En fait, le bruit peut être utilisé. Vous pouvez utiliser le bourdonnement de l’autoroute pour apprendre à écouter le monde extérieur. Lorsque nous stoppons le monde, le monde que nous stoppons est celui que nous maintenons habituellement par notre continuel dialogue intérieur. Une fois que vous êtes capable de stopper le babillage intérieur, vous cessez de maintenir votre ancien monde. La description s’effondre. C’est le moment où le changement de personnalité commence. Lorsque vous vous concentrez sur les sons, vous réalisez qu’il est difficile pour le mental de catégoriser tous les sons et, assez rapidement, vous cessez d’essayer. C’est cette perception inhabituelle qui nous garde de former des catégories et de penser. C’est si apaisant quand vous pouvez couper le dialogue, la catégorisation, et le jugement.

Le monde intérieur change mais que se passe t-il avec le monde extérieur ? Nous pouvons révolutionner la conscience individuelle mais ne pas toucher les structures sociales qui créent notre aliénation. Y a-t-il une place pour la réforme politique et sociale dans votre pensée ?

Je viens d’Amérique Latine où les intellectuels sont sans arrêt en train de parler de révolution politique et sociale, et où beaucoup de bombes ont été posées. Mais la révolution n’a pas changé grand-chose. Cela demande peu de courage pour faire exploser un immeuble, mais pour arrêter de fumer, ou pour cesser d’être anxieux, ou pour stopper le bavardage intérieur, vous devez vous reconstruire. C’est là que commence la véritable réforme. Il n’y a pas si longtemps, don Juan et moi étions à Tucson au moment du tremblement de terre. Un homme faisait une conférence sur l’écologie et sur les démons de la guerre du Vietnam. Il a fumé tout le temps de sa conférence. Don Juan a dit : « Je ne peux pas imaginer qu’il soit concerné par le corps des autres gens alors qu’il n’aime pas le sien. » Notre premier intérêt devrait être nous-même. Je peux aimer mes frères humains seulement quand je suis au sommet de ma vitalité et que je ne suis pas déprimé. Pour être dans cette condition, je dois garder mon corps en parfaire santé. Toute révolution devrait commencer ici, dans ce corps. Je peux altérer ma culture mais seulement depuis l’intérieur d’un corps impeccable, accordé à ce monde étrange. Pour moi, le véritable accomplissement est l’art d’être un guerrier, ce qui, comme le dit don Juan, est la seule façon d’équilibrer la terreur d’être un homme et la merveille d’être un homme.

Par Sam Keen

Publication : Décembre 1972

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