… Donc, la pensée se rend-elle compte par elle-même qu’elle est limitée?
Il me faut le découvrir.
C’est un défi auquel je dois faire face.
A cause de ce défi, j’ai une gigantesque énergie.
Présentons la chose différement.
La conscience se rend-elle compte que son contenu est elle-même?
Ou serait-ce que j’ai entendu quelqu’un d’autre déclarer:
La conscience est son contenu; c’est son contenu qui la constitue.
à quoi j’aurai répondu oui, c’est bien ça?
Voyez-vous la différence entre les deux.
La deuxième façon de voir, issue de la pensée, est imposée par le moi.
Si j’impose quelque chose à la pensée, il y a conflit.
C’est comme quand un gouvernement dictatorial impose sa loi par voie d’ukase, à la différence qu’ici, ce gouvernement, c’est ce que j’ai créé.
Ainsi, je me demande:
est-ce que la pensée s’est rendue compte de ses propres limitations?
Ou est-ce qu’elle prétend être quelque-chose d’extraordinaire, de noble, de divin?
Ce qui serait absurde, étant donné qu’elle est issue de la mémoire.
Je vois qu’il faut que ce point soit établi avec une limpidité absolue;
qu’il faut qu’à l’évidence aucune influence extérieure n’ait imposée à la pensée la notion qu’elle est limitée.
Alors parce que rien n’à été imposé, il n’y a pas de conflit;
la pensée saisit, tout simplement, qu’elle est limitée;
elle sait que tout ce qu’elle fait
qu’il sagisse d’adorer dieu et ainsi de suite
est limité, mièvre, mesquin
même si elle a parsemé l’europe de merveilleuses cathédrales destinées au culte de dieu.
J.Krisnamurti (extrait d’une discussion qui eut lieu lors du Brockood Park Gathering, le 30 août 1977)