Peu après l’annonce de la mort de Robin Williams, des fans ont rendu hommage à l’acteur en se rendant sur le banc du film « Will Hunting » et en transformant le lieu en mémorial.
C’est sur ce banc, situé dans un parc de Boston, que Robin Williams délivre à Matt Damon un monologue qui lui a valu – entre autre – l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans ce film de Gus Van Sant en 1998. Une scène culte dans laquelle Sean, le psy, donne une leçon à Will, jeune génie incompris et rebelle (voir vidéo en fin d’article).
Comme l’a confié un fan à Buzzfeed, plusieurs personnes ont commencé à se réunir autour du banc de « Will Huntig » après l’annonce de la mort de Robin Williams. Cet habitant de Boston raconte ainsi s’être rendu sur les lieux pour déposer un bouquet de fleur, puis avoir sorti une craie pour inscrire des citations de l’acteur avec sa petite amie. « Your move chief » (« La balle est dans ton camp »), derniers mots de son monologue sur le banc, le « bangarang » de « Hook ou la Revanche du capitaine Crochet » ou encore « Sorry guys, I went to see about a girl » (« désolé, j’étais avec une fille »), note de Matt Damon dans Will Hunting qui résume l’impact positif de Robin Williams sur lui à la fin du film.
Voici l’extrait de « Will Hunting » sur ce banc et la retranscription du monologue de Sean (Robin Williams) à Will (Matt Damon).
J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit l’autre jour, à propos de ma peinture; j’ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j’ai eu un flash. Après je me suis paisiblement endormi, et depuis je n’ai pas pensé à toi. Tu sais ce que j’ai compris? Tu n’es qu’un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles. Tu n’es jamais sorti de Boston.
Si je te dis de me parler d’art, tu vas me balancer un condensé de tous les livres sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. Sur son œuvre, sur ses choix politiques, sur lui et sur le pape, ses tendances sexuelles, tout le bazar quoi. Mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce que c’est que de lever les yeux sur le magnifique plafond. Tu ne sais pas.
Si je te dis de me parler des femmes, tu vas m’offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées, il t’ait peut-être même arrivé de baiser quelques fois, mais tu ne sauras pas me décrire ce que c’est que de se réveiller près d’une femme et de se sentir vraiment heureux.
Tu es un coriace; si je te faisais parler de la guerre c’est probablement tout Shakespeare que tu me citerais: ‘Une fois de plus sur la brèche, mes amis!’. Mais tu n’as pas vécu la guerre. Tu n’as jamais tenu contre toi ton meilleur ami. Tu ne l’as pas vu haleter jusqu’au dernier souffle avec un regard qui implore.
Si je te fais parler d’amour, tu vas probablement me dire un sonnet. Mais tu n’as pas connu de femme devant qui tu t’es senti vulnérable. Une femme qui t’aie étalé d’un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur Terre pour toi. Pour t’arracher aux profondeurs de l’enfer. Et tu ne sais pas ce que c’est d’être son ange à elle. Et de savoir que l’amour que tu as pour elle est éternel. Et survivra à tout. Même au cancer. Et aux nuits passées assis dans une chambre d’hôpital pendant des mois en lui tenant la main, parce que les médecins ont lu dans tes yeux que tu n’avais pas l’intention de te plier aux heures de visite. Tu ignores ce que c’est que de perdre quelqu’un. Parce qu’on ne connaît ça que quand on sait aimer plus qu’on ne s’aime soi-même. Je doute que tu aies déjà osé aimer à ce point.
Quand je te regarde, ce n’est pas un homme intelligent et solide que je vois. Ce que je vois c’est un gosse, culotté, qui meurt de trouille. Mais tu es un génie Will, ça, personne ne le nie. Personne ne pourrait comprendre ce qui est au fond de toi. Mais toi tu présumes que tu sais tout de moi parce que tu as vu une toile que j’ai peinte et ça, ça te permet de disséquer ma vie. Tu es orphelin n’est-ce pas? Tu crois que je sais quelque chose des difficultés que tu as rencontrées dans la vie, de ce que tu ressens, de ce que tu es, sous prétexte que j’ai lu Oliver Twist? Est-ce que ça suffit à te résumer?
Personnellement, j’en ai vraiment rien à foutre de tout ça, parce que je vais te dire, je n’ai rien à apprendre de toi que je n’apprendrai pas dans n’importe quel bouquin. À moins que tu veuilles me parler de toi. De qui tu es. Là ça m’intéresse. Là je suis à toi. Mais c’est pas ce que tu veux faire, hein vieux? Tu as trop peur de ce que tu pourrais dire. La balle est dans ton camp.
Source: Lauren Provost, LE HUFFINGTON POST
Montage vidéo de George Vidakis
Images: Au-delà de nos rêves
Musique:
JE CROIS ENTENDRE ENCORE
Amitiés
Claude Sarfati