Bonne année du Cheval de bois!

 
 
Le 31 janvier 2014 débute en Chine l’année du Cheval de Bois ou l’année 4711 selon le calendrier chinois. Il est possible de retracer des références au calendrier chinois à partir du 14ème siècle avant Jésus-Christ. Selon la légende le calendrier chinois aurait été mis en place par le l’Empereur Jaune « Huangdi » en l’année 2637 avant Jésus-Christ. Le calendrier chinois ne compte pas les années à partir de 1 jusqu’à l’infini. Il utilise des séquences, chacune se voyant attribuer un nom qui lui est propre. Ces séquences se répètent tous les 60 ans. Donc en fixant comme point de départ l’année 2637, l’année 2014 du calendrier occidental devrait correspondre à l’année 4651 selon le calendrier chinois et non 4711. Mais il y a une explication.Comme le calendrier chinois ne compte pas les années les unes à la suite des autres, il comporte des cycles de soixante ans et des années dites régionales débutant avec le règne de chaque empereur. Avant la révolution de 1911 Sun Yatsen a voulu mettre en place une vision républicaine des cycles pour remplacer la vison impériale des cycles débutant avec le règne des empereurs. Selon la tradition chinoise, la première année du règne de l’Empereur Jaune « Huangdi » serait 2698 avant Jésus-Christ. Il établit donc une procédure de calcul sur cette base. Selon cette façon de calculer, l’année 2014 correspond à l’année 4712. Par contre de nombreuses autres sources fixent la première année du règne de l’Empereur Jaune en 2697, elles en arrivent donc à calculer l’année 2014 comme étant l’année 4711. Une autre procédure veut que l’on commence à calculer à partir du premier relevé historique d’un cycle de 60 jours, soit le 8 mars 2637 avant Jésus-Christ. Sur cette base l’année 2014 devient l’année 4641. Encore là, certains ne compte pas les 8 premiers jours du mois de mars du calendrier occidental ce qui fait que l’année 2014 devient alors 4711. Mais finalement de nos jours tout est beaucoup plus simple puisque la Chine a adopté le calendrier grégorien en 1912. Mais ce calendrier grégorien qui est celui que nous utilisons en occident, n’a été appliqué à l’ensemble du pays qu’à partir de la révolution communiste de 1949.
 
Michel Parent, 26 août 2013
 
Le Cheval
 
Actif, alerte, sociable, aventureux, éloquent, libre penseur, indépendant et soupe au lait.Le Cheval libre penseur est le vagabond du zodiaque chinois. Le Cheval a besoin de son indépendance et de sa liberté. C’est une boule d’énergie constamment en mouvement d’une activité à l’autre. Le Cheval est à l’aise avec l’argent et naturellement passionné des voyages. Paradoxalement, le cheval désire être aimé, ce qui l’amène à se sentir piégé. Son naturel sexy agit comme un aimant et il lui est facile de trouver l’amour. Le Cheval est très habile dans l’art de la séduction. Cependant, ses relations sont imprévisibles dû à ses comportements erratiques et il peut s’envoler sans prévenir. Doté d’un esprit vif et son charisme, le Cheval aime se mettre en valeur parmi la foule. Malgré la force de sa personnalité, le Cheval se sent inférieur face à son entourage.Le Cheval n’est pas très patient. Il peut être très impulsif et plutôt insensible aux sentiments des autres. Cet être autonome suit ses caprices dans la vie, ce qui explique que son cheminement est souvent parsemé de relations, d’emplois et d’entreprises sans suite. Inversement, le Cheval arrive à motiver les autres facilement et atteint souvent ses buts.
 
Source: Le Chinois.com
 
 
Votre année 2014 selon vote signe chinois
 
RATChangement radical d’orientation, développement de nouveaux créneaux ou diversification des sources de revenus : tout est permis au Rat, dans l’ordre ou le désordre. Gageons qu’il se projettera là où ce sera payant et où il ne perdra pas de temps. Détail : la chance soutiendra fortement ses initiatives en février, en mars et en décembre. Côté cœur, célibataire ou pas, ce sera une année bonheur, du moins s’il évite de se prendre pour le centre du monde et ne confond pas amour avec jouissance.
BUFFLE
A son opiniâtreté légendaire, le Buffle ajoutera une réactivité et une vitesse de réalisation qui lui permettront de s’ajuster à n’importe quelle situation. Il saura ainsi maîtriser les événements, mais ce sera souvent aussi angoissant que grisant. Pour l’aider à naviguer, précisons que février et mars seront des mois chanceux, de même que les dernières semaines de 2014 et les premières de 2015. Côté cœur, les tentations seront nombreuses et il risque d’avoir envie de jouer avec le feu. Gare au retour de flamme !
TIGRE
Pas de grands mouvements avant la fin de l’été. Le Tigre s’attachera donc à valoriser ses acquis afin de se constituer une base solide lui permettant de prendre son envol dès septembre. Pour le reste, on l’incite à suivre ses intuitions et à croire en sa bonne étoile. Côté cœur, s’il résiste à cette attirance pour les fruits défendus qu’engendre l’influence du Cheval, son année sera sentimentalement harmonieuse. A lui d’éviter toute dérive, ce qui ne devrait d’ailleurs pas l’empêcher de fantasmer.
CHAT
En 2014, le Chat va pourvoir vagabonder à son gré, prendre son plaisir où il le souhaite, lancer de multiples projets et même, parfois, voir ses rêves les plus secrets se réaliser. En mars et au printemps, la chance sera au rendez-vous, mais tout au long de l’année, s’il a de la suite dans les idées, rien ne pourra lui résister. Et il réalisera peut être des gains substantiels lui permettant d’accéder à une véritable autonomie. Côté cœur, complicité renforcée et accomplissement de multiples projets.
DRAGON
Cheval et Dragon ne vivent absolument pas sur la même planète. Autrement dit, son année ne sera pas un long fleuve tranquille. Il vivra de sombres périodes suivies de belles éclaircies, le tout réparti d’une façon hétérogène. Sauf entre mai et juillet, où son ciel astral ira du rose au bleu intense. Côté cœur, s’il donne priorité à ses activités, sa vie sentimentale pourrait en pâtir. La recherche d’équilibre et d’harmonie s’impose. Avec son sens aigu de l’organisation, il devrait y arriver.
SERPENT
Avalanche de défis et d’obstacles aptes à compliquer la vie du Serpent. Lui qui aime construire durablement, il devra, en matérialiste avisé, être attentif à la sauvegarde de ses réalisations car cette année privilégie le paraître et les succès sans lendemain. La période allant d’avril à juillet sera la plus féconde pour ses affaires. Côté cœur, une amitié ancienne pourrait ressurgir et le troubler ! Tout va dépendre de son attitude et, surtout, de sa volonté à oublier ou se souvenir d’un certain passé.
CHEVAL
2014 est son année ! Bonne fortune, enthousiasme, créativité et rapidité de décision seront au rendez-vous. Mais cela ne signifie pas que le Cheval puisse tout se permettre. Assurément, ses idées, sa fougue et ses intuitions seront payantes mais parfois dangereusement grisantes. Aussi lui suggère-t-on d’être modeste : c’est le genre d’orgueil qui déplaît le moins. Côté cœur, la vie à deux sera harmonieuse et le tempo Cheval de Bois lui donnera un tempérament de feu qu’il s’appliquera à faire partager.
CHEVRE
L’influence du Cheval de Bois lui donnera une bonne dose d’assurance. Ce qui n’est pas rien pour la Chèvre, souvent inquiète de ses choix et pas toujours convaincue de sa valeur. Elle devrait donc traverser 2014 avec confiance, multiplier les initiatives comme ses activités. Bon à savoir : juin/juillet et octobre/novembre seront ses périodes les plus chanceuses. Côté cœur, complicité excitante ou amitiés tonitruantes : cette année n’engendrera pas la mélancolie et ne risque pas de flirter avec la morosité !

SINGE
Plein de possibilités, de changement heureux et de rencontres fascinantes. Mais le Singe devra sortir des sentiers battus. S’il reste englué dans ses habitudes, il ne bénéficiera guère de toutes les belles occasions que la protection du Cheval entend lui offrir. Son maître-mot en 2014 sera donc bouger ! Côté cœur, l’harmonie dépendra de sa constance et de sa capacité à mieux afficher ses sentiments. Célibataire, rencontres assurées, mais ses aventures peuvent être aussi torrides que sans lendemain.
COQ
N’agir qu’avec les moyens du bord, forger lui-même son destin plutôt que compter sur la chance et, par-dessus tout, éviter d’improviser : telles sont les règles que le Coq a intérêt à suivre. Dans ce contexte, dès les premiers jours de l’automne, l’excellence de ses choix éclatera. Côté cœur, réveil des émotions et intérêt renouvelé. En clair, l’entente se renforce. Célibataire, les plus timides seront séduits, les plus sérieux seront conquis. Un climat chatoyant qui démarre dès le printemps !
CHIEN
Pour suivre le Cheval dans tous ses ébats, le Chien possède le tonus adéquat. S’il décide de sortir de sa niche, il fera d’excellentes affaires. Plus facile à dire qu’à réaliser, surtout avec un tempérament inquiet. Toutefois, s’il enregistre au cours du premier trimestre de 2014 un premier et même modeste succès, cela lui donnera le punch nécessaire pour réussir dans d’autres entreprises plus vastes et plus enrichissantes. Côté cœur, l’amour est très présent, se renforce et n’est jamais décevant.

COCHON
Les six premiers mois seront émaillés de difficultés et parfois même de déceptions. Qu’importe : le Cochon devrait en prendre son parti, éviter les affrontements et s’en tenir aux affaires courantes. Dès juillet, grande sera sa motivation pour améliorer sa situation, envisager des changements, s’expatrier ou… prendre le pouvoir ! Côté cœur, une routine qui s’incruste et des sentiments qui se délitent marquent un début d’année assez gris. Embellie promise dès mai, puis épanouissement assuré.
Par André H. Lemoine
Source: Week end
Amitiés
Claude Sarfati

La création du monde dans la mythologie chinoise

La Chine a une riche tradition de mythes de la création. Il existe six récits indépendants où différentes figures occupent un rôle et une fonction importants. Un des plus anciens mythes est centré autour de la déesse archaïque appelée « Femme Gua » (Nu Gua). Le nom « Gua » signifie « créature semblable à un escargot »: on attribuait le pouvoir de régénération aux insectes ou aux reptiles qui se dépouillent de leur peau ou de leur coquille.

Les mythes qui la concernent sont partiellement obscurcis par le sexisme des commentateurs médiévaux, mais ils sont présents, bien de manière évasive, dans les textes les plus anciens.

Il est raconté que Femme Gua accomplit soixante-dix transformations à partir desquelles le cosmos et tous les vivants prirent forme. Sa divinité était si puissante que ses entrailles se métamorphosèrent en dix divinités appelées « Entrailles de Femme Gua ».

Un autre mythe de la création est raconté par un auteur taoïste, le philosophe Zhuangzi (IV° siècle avant notre ère). Il se sert de mythes anciens pour illustrer certaines perspectives philosophiques, telles que le danger des interventions politiques et la charité mal ordonnée.

Le mythe de la création raconté dans son livre Zhuangzi se rapporte au dieu du Chaos mourant, dont la destruction est nécessaire pour que l’univers puisse prendre forme.

Il est centré autour de Désordre Epais (Hundun), qui n’a pas de visage ni d’ouverture faciale. Le dieu Hundun gouvernait le centre du monde, les dieux des Eaux du Sud et du Nord régnant, eux, sur ses deux côtés. Ces deux dieux des Mers rendaient souvent visite à Hundun; en remerciement pour son hospitalité, ils décidèrent que, puisqu’il n’avait pas de visage, ils lui donneraient sept ouvertures pour qu’il puisse voir, entendre, manger et respirer. Ils ciselèrent une ouverture chaque jour, mais le septième jour Hundun mourut.

Dans un autre texte, ce dieu du Chaos est décrit comme ressemblant à une outre jaune et rouge telle une flamme cinabre, avec six pieds et quatre ailes, mais sans visage ni yeux.

Un troisième mythe représente une image éclatante du monde. Il relate que la vapeur primitive émergèrent les deux forces cosmiques Yin et Yang.

Le ciel apparut comme une voûte ronde qui couvrait les quatre côtés de la terre plate, ciel et terre étant tenus ensemble par d’énormes montagnes (ou, dans une variante, par des piliers) retenues par des cordes. L’image du monde est si ressemblante avec la cosmologie de l’Egypte ancienne qu’il est possible que ce mythe reflète une transmission culturelle venue d’Egypte à travers l’Asie centrale.

Un quatrième mythe donne plus de détails sur les forces cosmiques Yin et Yang. Il relate qu’avant le début du monde il n’y avait qu’une vaste masse de vapeur informe. De cet élément primordial sortit la force Yin, qui est sombre, froide, marquée d’ombre, lourde, féminine et passive, et la force Yang qui est lumière, chaleur, soleil, éther, masculine et active. L’interaction entre Yin et Yang créa les quatre saisons et le monde naturel.

Le Yang donna naissance au feu et au soleil, le Yin à l’eau et à la lune puis aux étoiles.

Le mythe de la séparation entre ciel et terre appartient aux récits de la création. Il décrit un dieu du Ciel monstrueusement déformé appelé Souci Affectueux (Zhuan Xu) qui règne sur le pivot du ciel. Il ordonna à son petit-fils Chong de soutenir le ciel pour l’éternité et à son autre petit-fils Li de maintenir la terre pour toujours. Dans l’Antiquité, on croyait que, si les deux éléments du ciel et de la terre n’étaient pas maintenus séparés, le cosmos retournerait au chaos.

Le mythe de la création le plus intéressant est centré sur le géant Antique Enroulée (Pan Gu), le premier né, un humain demi-dieu. Il raconte comment, alors qu’il gisait mourant et que la vie le quittait, son souffle devint le vent et les nuages, sa voix le tonnerre, ses yeux le soleil et la lune, et ses membres des montagnes. Les fluides de son corps se transformèrent en pluie et en rivières, sa chair en terre. Ses cheveux devinrent les étoiles, ses poils, la végétation. Ses dents, ses os et sa moelle se transformèrent en minéraux. Les insectes sur son corps devinrent des êtres humains. Ce mythe est composé d’une série de métamorphoses où les différentes partie de son corps deviennent des parties analogues de l’univers. C’est un des nombreux mythes du corps cosmologique existant dans le monde; il contient les récits importants du dieu mourant et du dieu nourrissant, qui donne son corps pour le bien de l’humanité.

Une autre version du mythe d’Antiquité Enroulée raconte que, au début du temps, toute matière était semblable à un œuf de poule. Après dix-huit mille ans, elle se sépara entre la matière Yang éthérée, qui s »‘éleva pour former le ciel, et la matière lourde Yin, qui tomba pour former la terre. Antiquité Enroulée naquit entre ces éléments primordiaux sacrés quand ils se séparèrent. Le géant subit neuf métamorphoses et devint aussi divin et sage que le ciel et la terre.

Dix-huit mille ans plus tard, le ciel, la terre et le premier homme atteignirent leur taille maximale et formèrent une trinité composée du Ciel, de la Terre et de l’Humanité. Plus tard, Trois Divinités Souveraines émergèrent (leurs noms varient). La suite du récit raconte comment furent créés les nombres et les distances fixes: il fournit ainsi le mythe étiologique de la science et des mathématiques.

Les deux mythes de création d’Antiquité Enroulée sont les derniers transcrits parmi ces six récits et proviennent d’une minorité ethnique du sud-ouest de la Chine. Transcrits au VI° siècle de notre ère environ, ils furent probablement rapportés d’Asie centrale.

Le premier des deux, le mythe du corps humain cosmologique, devient le récit orthodoxe de la création du monde en Chine.

Source: Mythes chinois

               Anne Birrel

Editions: POINTS SAGESSES(2005)

« QUE RESTE-T-IL DES HUICHOLS ? » (4)

La vie des Huichols est désormais menacée par la mondialisation économique et leur acculturation possible

. Depuis 2009 le gouvernement mexicain a accordé 6000hectares aux entreprises minières canadiennes pour exploiter des mines d’argent. C’est une menace directe sur les ressources naturelles (nappes phréatiques) et culturelles ,le site de Wirituka n’étant qu’à quelques kilomètres. Surtout les indiens, comme les inuit ou les aborigènes australiens entretiennent une relation sacrée avec la terre et les éléments naturels. L’exploitation minière serait donc pour eux un sacrilège et une atteinte à leur identité spirituelle.

 

Dans Le Point du 20/01/2012, JMG  LE CLEZIO Prix Nobel de littérature, (dont il faut lire le Rêve Mexicain) a lancé l’appel suivant à la communauté internationale :

« L’Histoire bégaie, on le sait. Parfois, il y a tellement d’insupportable dans ce bégaiement qu’on ne peut l’accepter. Le génocide amérindien fut organisé pour une grande part à cause de la convoitise des conquérants pour l’or et l’argent, chose tellement incompréhensible pour les habitants du Nouveau Monde que certains (les Purepecha du Michoacan) se posèrent même la question : « Assurément, ces hommes doivent se nourrir de ces métaux pour les désirer à tel point. » Pour eux, ces métaux étaient « l’excrément du Soleil et de la Lune » et ne servaient qu’aux objets de culte.

Depuis 2009, la compagnie minière canadienne First Majestic Silver, spécialisée dans la prospection des métaux précieux, a pu racheter 22 concessions à l’ouest de l’Etat de San Luis Potosi, dans le nord du Mexique, dans une montagne nommée Cerro Quemado, près de la station de chemin de fer Real de Catorce. Cette montagne est depuis toujours le lieu mythique pour les Indiens Wixaritari – plus connus du grand public sous le nom de Huichols – où ils s’approvisionnent en peyotl pour leurs cérémonies de divination thérapeutique et leurs rituels liés au culte du Soleil.

 L’Histoire ici bégaie outrageusement : au XVIIIe siècle, les Huichols furent au centre d’une révolte contre le pouvoir colonial espagnol, car leur territoire était envahi par les prospecteurs – comme dans le cas de la ruée vers l’ouest, des aventuriers et des hommes de main de toutes origines, attirés par la perspective de riches filons. A la fin du XIXe siècle, un métis du nom de Manuel Lozada organisa une autre révolte pour défendre l’autonomie des peuples habitant l’Etat du Nayarit – Coras et Huichols -, et sa défaite sonna le glas de la relative liberté que les Indiens avaient acquise sur leur territoire. Fragilisée par les divisions, la population autochtone figure aujourd’hui parmi les ultimes résistants de l’indianité dans un monde de plus en plus conformiste et matérialiste.

Le projet de la First Majestic Silver n’arrive pas par hasard. La crise économique mondiale a donné un regain de popularité à la valeur refuge que constituent les métaux précieux. Mais la prospection et l’exploitation des anciens filons ne peuvent se faire actuellement que dans des conditions d’extrême agressivité : recherche en profondeur, éventration à la dynamite, utilisation de polluants (mercure et cyanure), rejets de boue contaminée qui mettent en danger la nappe aquifère. Partout dans le monde de tels projets sont combattus par les associations de protection de l’environnement – comme cela fut le cas récemment en France avec le projet minier de Salsigne (Aude), stoppé par les militants.

Cause juste. Que restera-t-il de la montagne sacrée des Huichols après de tels outrages ? Même si éventuellement le filon est abandonné faute de rentabilité (ou parce que le cours des métaux sera retombé), le mal sera irrémédiable. La montagne où les Indiens se rendaient chaque année au bout d’une longue marche pleine de souffrance et de mysticisme sera devenue un lieu dévasté, fracturé, violenté.

Certes, l’on peut regarder tout cela comme l’énième épisode de la défaite du monde amérindien traditionnel et penser que, après le génocide perpétré au XVIe siècle par les conquérants, ce drame est le dernier souffle qui éparpille dans l’oubli des peuples déjà devenus fantômes. Ce doit être, j’imagine, la réponse des ingénieurs et des dirigeants de la First Majestic Silver. Il y a quelques décennies, les compagnies qui éventrèrent le territoire des Indiens Navajos, au sud des Etats-Unis, ironisaient sur cette manie qu’ont les Indiens de considérer que le monde entier serait « terre sacrée ».

Mais la question n’est pas, qu’on y réfléchisse, seulement celle des Huichols et du Cerro Quemado. Il ne s’agit pas d’affirmer un privilège exotique en vue de maintenir une poignée d’hommes dans leur droit, contre l’abus d’une compagnie minière nord-américaine – même si, de toute évidence, la beauté, la pensée et la justice sont de leur côté. La question est de mettre un frein, chaque fois que cela est possible, à la rapacité des puissants exercée contre ce qu’il y a de précieux et d’unique – l’héritage, le respect, l’équilibre du monde -, mieux que des symboles, la substance vivante de notre commune humanité. Nous devons tous soutenir la juste cause des Huichols et demander au gouvernement mexicain d’annuler l’autorisation d’exploiter le Cerro Quemado accordée hâtivement à la First Majestic Silver. »

QUELQUES LIENS:

http://arutam.free.fr/Huichol.html.

http://aufildm.free.fr/index.html.

http://www.lebatondeparole.com/pages/general/histoire/les-huichols-d-amerique-du-sud.html

http://huichols.fr/

Source: REGARD ELOIGNE

Amitiés

Claude Sarfati

« QUE RESTE-T-IL DES HUICHOLS ? » (3)

« Pour moi le seul lieu du monde où dorment les forces naturelles qui peuvent être utiles aux vivants Je crois à la réalité magique de ces forces, comme on peut croire au pouvoir curatif et salutaire de certaines eaux thermales. Je crois que les rites indiens sont les manifestations directes de ces forces. Je ne veux les étudier ni en tant qu’archéologue ni en tant qu’artiste, mais comme un sage, au vrai sens du mot; et j’essaierai de me laisser pénétrer en toute conscience de leurs vertus curatives, pour le bien de mon âme. »Antonin Artaud Lettre Au Gouverneur Du Mexique 1936.

« Après des fatigues si cruelles, je le répète, qu’il ne m’est plus possible de croire que je n’aie pas été réellement ensorcelé, que ces barrières de désagrégation et de cataclysmes, que j’avais senti monter en moi, n’aient pas été le résultat d’une préméditation intelligente et concertée, j’avais atteint l’un des derniers points du monde où la danse de guérison par le Peyotl existe encore, celui, en tout cas, où elle a été inventée. »A.ARTAUD

« La danse du Peyotl est avant tout, pour Artaud, un moyen de ne plus être « Blanc » : c’est-à-dire « celui qu’ont abandonné les esprits ». Le rite du peyotl est l’expression même de la « Race Rouge », de la plus antique possession par les dieux. Mais pour Artaud, c’est aussi la révélation d’une poésie à l’état pur ; d’une création en dehors du langage : création des gestes et des rythmes de la danse ; création pure, pareille, dit-il, à une « ébullition ». Artaud pense alors trouver un art pur, dégagé de toutes les conventions sociales ; un théâtre à l’état originel. C’est ce qu’on sent notamment dans l’étrange texte-poème qu’Artaud a intitulé Tutuguri, d’après le nom de la danse de la chouette. Il s’agit d’un rêve sur la danse des Tarahumaras, hanté par l’image des croix de bois que les six hommes purs tiennent embrassées, comme pour les épouser. Image du feu initial qui sort du cercle des croix, pendant que le soleil a pris rang. « II a pris forme au milieu du système céleste. Il s’est placé tout d’un coup comme au centre d’un formidable éclatement. » Le battement des tambours et le bruit des sipirakas rythment le pas des hommes et le danseur, le corps taillé d’une balafre de sang, entre en extase ».JMG LE CLEZIO ANTONIN ARTAUD OU LE REVE MEXICAIN.

Le romancier IVAN ALECHINE a consacré un roman aux Huichols loin de toute nostalgie exotique : Pour le narrateur, Iman, poésie et environnement sont liés : si la terre se meurt, l’inspiration meurt aussi. Or, la terre se couvre de parkings, de routes, de béton. Il va donc chercher chez les Huichols, au cœur du Mexique, le renouvellement de ses sources. Ayant lu les livres de Carlos Castaneda, il se lance à la recherche de Don Juan Matus, « l’Indien solitaire ». Mais la réalité qu’il découvre est tout autre : les Indiens sont de pauvres gens que l’on pille, des barrages inondent leur terre, la déforestation avance et leur pensée, comme celle du héros, est menacée. C’est sans doute parce qu’il a perdu ses propres repères qu’Iman se sent si proche d’eux. Devant le désastre, la volonté de lutter s’affirme pourtant :

« Que reste-t-il des Huichols, ces indiens cousins des Aztèques ? Iman part au Mexique muni de quelques repères, d’idées générales à la recherche de  » la magie indienne, des pouvoirs paranormaux, d’illuminations exceptionnelles « . Iman part en fait sur les traces de Don Juan Matus, l’Indien solitaire de Carlos Castaneda. Sa quête d’une poésie indienne va se heurter aux murailles de la modernité. Un premier voyage le laisse bredouille. Bourré de peyotl, il viole le mont Leonax que les Huichols gravissaient pour rendre hommage au soleil levant. Et il redescend, hagard dans Real,  » Jérusalem blanche au milieu du chaos des montagnes « , une ville à l’abandon depuis la fermeture des mines d’argent. Les Huichol se dérobent, Iman persiste, à la recherche de sources sauvages d’inspiration. Castaneda le hante jusqu’à sa rencontre avec Randall, l’ex-beat américain qui lui sert de guide. Randall se méfie de ce touriste poète –  » No Art !  » – qu’il dépucelle illico sur ces Huichols sauvages : les enfants meurent sans être vaccinés, les propriétaires volent les terres, l’État construit routes et barrages qui strient le territoire des Huichols. Des poètes ? Mais les Huichols n’en ont pas besoin ! Eux-mêmes ne sont pas poètes.  » Ils sont tout sauf poètes ! Ils mènent une existence harassante, enchaînés à leur terre, et connaissent des difficultés insensées pour survivre. Il n’est pas drôle d’être un Huichol, un Huichol pour la vie, une sorte d’étranger dans son propre pays !  » Randall pourtant emmène Iman au pays des Huichols, un territoire de trois cents kilomètres jusqu’à la côte Pacifique. Ils participeront au pèlerinage du Voyage des morts. Iman découvre un peu de la vie des Huichol, fondée sur le mouvement comme leur religion l’est sur la nature :  » Une montagne, une source, une rivière, une forêt, un amas de granit ou une grotte sont des dieux. Ainsi, quand on détruit un endroit à la dynamite, c’est une divinité qu’on élimine de la surface de la terre.  » Et la route, c’est le début de la fin des Huichols. Cinq cents ans après Cortés, la guerre continue par les mots, par la rhétorique afin de faire croire à la modernité et de  » figer tout ce qui bouge, bétonner l’eau, pétrifier le vent, solidifier tout ce qui est volatil, construire des autoroutes, telle est l’idéologie espagnole : une bonne nature est une nature morte « . Et si le peuple Huichol a pu survivre, c’est uniquement dû à sa faculté de rompre et de s’échapper :  » Peu fiables, lâches, ils ont gardé leur autonomie…  » Le voyage ne sera pas vain, et Iman puisera une poésie de la vie derrière les cuirasses de la survie. Et comble du touriste, il promet de revenir aider Randall pour un reportage photographique. Il devient cette fois poète témoin ».

Les Voleurs de pauvres, Ivan Alechine, Éditions de la Différence,

Source: REGARD ELOIGNE

Amitiés

Claude Sarfati

« QUE RESTE-T-IL DES HUICHOLS ? » (2)

Aujourd’hui, les Huichols continuent pourtant de défendre leur territoire. Ils livrent bataille contre l’invasion des métisses ou d’autres indigènes de la Sierra, qui exercent une constante pression pour profiter des ressources de leurs terres. De plus, les différentes communautés huicholes sont en proie des querelles agraires dont la source remonte aux siècles précédents. Ils sont cependant connus pour avoir conservé leur culture, loin de l’influence catholique. Grâce à la poursuite de rites millénaires, ils tentent de conserver leur foi chamanique, un gouvernement théocratique et une agriculture d’autosubsistance aujourd’hui menacée.

Leur organisation géographique et politique reste, jusqu’à aujourd’hui originale. Elle est divisée en cinq grandes communautés. Chacune est autonome avec ses propres autorités civiles — le totohuani est un gouverneur nommé chaque année — et religieuses — les maraakates, ou maraakames sont des prêtres ou des chanteurs(en fait des chamanes) chargés de maintenir les traditions. Le Huichol traditionnel ne s’intéresse pas à l’accumulation des biens, mais reste en quête d’un contact direct avec le monde pour lui pénétré de surnaturel.

La vie se compose des esprits, de la nature et des hommes en un tout soudé et interdépendant. La religion étant intimement liée à la vie elle-même, dans de nombreuses cultures indiennes il n’existe aucun terme pour la désigner. Les forces qu’incarnent leurs divinités sont les forces mêmes de l’existence : forces du feu, de l’eau, des nuages, du vent, des arbres, des astres, qui représentent, sous des formes diverses, une même force naturelle. Les mots de polythéisme et de monothéisme n’ont donc pas de sens pour les cultures amérindiennes.

La terre est le plus souvent considérée, non pas comme la création d’une divinité, mais comme la divinité elle -même, et cette sacralisation donne un sens cosmique à leur enracinement territorial.. Le monde, pour les anciens mexicains, porte en lui, la force créatrice des dieux. Les indiens, à la différence des occidentaux recherchent plutôt le dessein de l’Univers, et considèrent donc les rites et la magie comme supérieurs aux sciences et aux arts.

« II reste aujourd’hui peu de chose du rituel chamanique pratiqué dans l’ancien Mexique. Le nahualli des Aztèques, le hmen des Mayas, le sikuame des Purepecha ont survécu à l’effondrement des concepts religieux indiens, peut-être parce que leur rôle caché les préservait. Sorcier, médecin, astrologue, le chamane est le symbole du contact direct de l’homme avec l’au-delà. Il est le devin, celui qui guérit ou qui ensorcelle, celui qui complote et qui révèle les pouvoirs surnaturels. Au chamanisme est liée la connaissance des plantes, et particulièrement des poisons et des hallucinogènes : peyotl, datura, champignons, et aussi yauhtli (l’encens) tabac, alcool…. »

« Mais plutôt que cette magie noire, c’est un système de pensée particulier qui inspire le chamanisme. Même les grandes civilisations théocratiques du Mexique, au temps qui précède la Conquête espagnole, sont sous l’influence du chamanisme. Les rites sanglants, les offrandes, l’usage du tabac et des hallucinogènes témoignent de l’importance des pratiques chamaniques. Avant toute divination, ou avant les cérémonies de curation, rapporte Pedro Ponce de Léon, le médecin faisait « un discours et une supplique au feu, puis versait un peu de pulque ‘ » selon un rituel qui est encore pratiqué aujourd’hui dans les cultures indiennes.

Dans les mythes survivent également les thèmes chamaniques. Dans le traité de Jacobo de la Sema, le mythe d’émergence aztèque est associé aux formules de curation, où l’utérus féminin est désigné sous le nom symbolique des « sept grottes ». Le combat de Tezcatlipoca-Titlacauan contre le héros Quetzalcoatl est l’expression mythique de la rivalité chamanique, comme l’est peut-être la fête du dieu Huitzilopochtli, où s’affrontaient des partialités dans un simulacre de combat qui se terminait par le sacrifice. La fête dédiée au dieu chichimèque Mix-coatl était l’occasion de sacrifices propitiatoires qui rappellent les rituels chamaniques, où les captifs, pieds et mains liés, jouaient le rôle des cerfs tués à la chasse…… »

« Chez les anciens Mexicains, comme chez les Purepecha, le chamane, et le nécromancien semblent avoir joué un rôle ambigu : à la fois redoutés et hais, ils sont souvent dénoncés et mis à mort (comme ils le seront plus tard par le tribunal de l’Inquisition). Pourtant, c’est l’esprit chamanique qui est resté vivace dans la pensée indienne. Le chamanisme exprime l’individualité de la foi religieuse, et surtout, cette nécessaire complémentarité des forces du bien et du mal qui est le fond des croyances amérindiennes. De plus, le chamanisme était l’adéquation de la ferveur religieuse aux structures sociales, correspondant aux divisions en fractions et en partialités. C’est pourquoi, malgré l’abolition du clergé et de l’autorité politique indigène, malgré l’interdit des cérémonies et la destruction des temples, les anciens rituels de curation chamanique purent survivre, et même, dans certains cas, s’adapter aux nouvelles lois et aux nouvelles croyances. Dans la plupart des sociétés indigènes du Mexique, le nahualisme, la divination et les rites hallucinatoires se sont maintenus, non comme des archaïsmes, mais parce qu’ils exprimaient la continuité du mode de pensée indigène, symbolique et incantatoire, une autre façon de percevoir le réel. C’est dans le nord et le nord-ouest du Mexique que le chamanisme s’est le mieux préservé, sans doute parce que les sociétés semi-nomades n’avaient pas développé une structure étatique ni un véritable clergé. Ces sociétés, fondées sur la famille, sur le clan, ou sur la tribu, valorisaient avant tout la liberté cultuelle, et les pratiques divinatoires. Dans ces sociétés, le chamane est presque toujours associé aux chefs de guerre, et c’est lui que les missionnaires chrétiens combattront sous le nom de hechicero (jeteur de sorts). »JMG.LE CLEZIO. le Rêve Mexicain

Le chamanisme, omniprésent, assure la transmission de la mythologie et des rites. WIRIKUTA « là ou est né le soleil »demeure le lieu sacré, centre de pèlerinages où se commémore le culte du Peyotl. Ce cactus hallucinogène est l’ingrédient d’une danse fameuse depuis sa description par Antonin Artaud. Chaque année, au mois de janvier, et ce depuis quelques trois mille ans, un long pèlerinage(La Chasse Au Cerf ») mène les Huichols sur les Hauts Plateaux de la Sierra Madre pour y récolter le peyotl. Cette cueillette exige une abstinence ascétique et un jeûne total de cinq jours, la seule nourriture autorisée étant le peyotl cueilli l’année précédente. Effectuée selon des rites précis, elle se termine par une fête sacrée, la fête du peyotl dieu.

Source: REGARD ELOIGNE

Amitiés

Claude Sarfati