Vivre en unité

Un changement total de paradigme

A l’heure de cette grande transition que traversent la terre et l’humanité, deux grands courants prédominent : certains vivent dans la crainte de catastrophes, renforçant les structures rigides de leur ego ou de leur corps d’émotions, d’autres s’ouvrent au courant d’éveil immense qui submerge le collectif…
L’invitation de ce courant d’éveil se situe à un autre diapason du mode de fonctionnement normal. Il ne s’agit plus de donner le poids de son attention aux limites de la personne, mais de l’offrir à la plénitude d’Être. Que signifie cela dans le concret du quotidien ?

Le point de référence de beaucoup d’êtres est leur personnalité, leur structure égotique, émotionnelle, mentale ou physique. Et parce que nous nourrissons ce sur quoi nous mettons notre attention, ces structures apparaissent toujours plus prédominantes, plus opaques, semblant voiler la transparence de l’Être que nous sommes. Pourtant l’Être reste, éternel éveillé, Être d’Eternité, Être de Lumière. En lui offrant le poids de notre attention, c’est Lui que nous nourrissons, et l’existence se place dans un autre contexte, comme si nous jouions la mélodie de notre vie sur un autre diapason. Chaque plan d’existence individuelle a un plan correspondant à un niveau plus vaste. Le plan de l’Être est relié, dans sa nature même, à ce plan connu comme le Cœur.

Dans notre structure physiologique, le Cœur a sa porte, pourrait-on dire, dans le chakra du Cœur. Cela signifie que lorsque le centre de notre équilibre énergétique est replacé au niveau du chakra du Cœur, au lieu d’être au niveau de la tête ou des centres émotionnels de la gorge ou du plexus solaire, la porte est ouverte pour que la vie soit vécue depuis la dimension du Cœur, et soit pur reflet de cette dimension. Or le Cœur est l’expression de la dimension de Lumière. Alors que les plans du mental, des émotions ou de l’ego nous relient à la dimension de l’astral, le plan du Cœur nous relie à cette dimension qui ne connaît que l’Unité, l’Harmonie, et l’évidence que seule est la Lumière.

Il ne s’agit plus là de mentaliser un concept, mais de changer radicalement les paradigmes gouvernant notre existence.

La base de ce changement est l’ancrage dans son corps. En effet, lorsque notre énergie flotte au-dessus du corps, ou reste emmagasinée dans un mental hyperactif ou des émotions perturbées, l’énergie n’est pas ancrée dans la structure corporelle. L’ancrage implique que la structure corporelle est nourrie et traversée par un courant homogène d’énergie circulant verticalement dans tout le corps, le nourrissant, unifiant tous les centres d’énergie. Lorsque cet ancrage est suffisamment intense, le centre de la circulation d’énergie redevient naturellement le chakra du Cœur. Il agit alors comme un centre d’unification, et le fonctionnement de tous les autres centres d’énergie s’en trouve harmonisé, unifié. Et ce point d’équilibre dans le chakra du Cœur est comme une porte ouverte vers l’Unité.

Ce que beaucoup nomment la dimension de la Lumière a été bien galvaudé, et souvent perçu sous la coloration du monde mental ou égotique. Des histoires sont alors brodées qui semblent pourtant dépourvues de la limpidité de la dimension de Lumière.
Le Cœur est la dimension de l’unité. L’unité ne connaît que l’harmonie, la simplicité.

Le temps linéaire et la notion de l’espace sont alors ramenés à leur source, l’éternel et l’infini. Le déterminisme est ramené dans l’infinie liberté d’Être l’Être éternel, créateur de sa création.

En effet, même notre physique quantique nous montre ce qu’avancent les courants spirituels : la création n’est pas figée, mais elle est la création de l’observateur. Chaque Être est le créateur de sa propre création. Il suffit donc de retrouver les lois à la base de l’art de la création pour retrouver la liberté d’Être l’Être de lumière que nous aspirons à devenir. C’est cet art que les Êtres Ascensionnés, quels que soient les courants ou les traditions auxquels l’humanité les relie, nous invitent à retrouver.
Retrouver d’autres paradigmes, d’autres valeurs à la base de l’existence.

Par exemple, si le temps linéaire et l’espace ne sont que des illusions tridimensionnelles, et que la dimension de Lumière ne connaît que l’éternité et l’infini, alors la course du devenir à laquelle les personnalités s’adonnent avec intense passion n’a aucun sens ; ces dimensions d’elles-mêmes que la personnalité, l’ego, le mental, essaient d’atteindre, sont en fait déjà réalisées, car l’éternité ne connaît que la simultanéité. Il suffit de changer son regard.

C’est bien ce changement de regard qui est l’invitation. Ne plus essayer de gouverner son existence par la volonté de l’ego, mais laisser la détermination qui est la nature de l’Être exprimer la plénitude de l’autodépassement qui par nature est la caractéristique de la Vie.

Ne plus mettre son regard et le poids de son attention sur des limites à dépasser, des impossibles à résoudre, mais sur l’éternelle perfection de cet Être d’infinie simplicité et d’infinie splendeur qui est le Tout, la Vie, ce que JE SUIS.

Et parce que, comme je l’ai dit plus haut, l’attention est créatrice, le niveau de perfection de cet Être que JE SUIS commence à se matérialiser dans tous les domaines de notre quotidien.

La vision alors bascule de la fragmentation des limites et de la séparation vers l’unité de l’Être, exprimé pour se glorifier par l’unicité de chaque parcelle de création. Car l’Être, de par sa nature d’autodépassement, pour se glorifier, s’exprime à travers la multiplicité de la création. Chaque parcelle de cette multiplicité exprime la perfection de la totalité.

Le Cœur est la dimension de l’harmonie, de l’infinie créativité, de l’infinie spontanéité, de la joie créatrice. Et ces valeurs d’harmonie, de créativité, de spontanéité, de simplicité s’expriment alors naturellement à travers les différents domaines de notre quotidien. Il ne s’agit plus de contrôler, mais d’accompagner en conscience la nature de la Vie.

Ainsi la vigilance garde son rôle prépondérant dans notre existence. La Vigilance est cet accompagnement en conscience permanent de chaque moment d’éternité. Car puisque le libre arbitre est inhérent à la Vie, chaque Être est invité à accompagner de sa vigilance consciente chaque phase de la création de sa propre réalité. On est bien loin du pilotage automatique qui semble la caractéristique de l’existence dirigée par l’ego, le monde mental ou émotionnel.

Chaque Être est créateur de sa réalité, et la vigilance permet de choisir en conscience, éternellement, à partir d’où l’Être se place pour créer sa réalité.

Ceci rend l’existence exaltante. Cette vigilance et le fait de retrouver les lois de la création, les lois de la matérialisation des désirs, celles de la précipitation de l’intention, redonnent à l’existence la magie d’Être le Créateur, le Maître de sa propre destinée.

Les Êtres Ascensionnés nous rappellent que la matérialisation de la création est régie par l’union de trois principes fondamentaux : l’intention, l’attention et l’amour. L’Amour, disent-ils, est la clef maîtresse, la base et la source de TOUT. De l’océan d’amour émerge l’intention ; l’attention soutenue sur l’intention, sans admettre de décalage entre l’intention et sa réalisation, permet la réalisation instantanée de l’intention.

Et encore et toujours, l’invitation est de bien voir sur quoi nous mettons notre attention : sur la réalisation de l’intention, ou sur des événements indésirables, des catastrophes à éviter, qu’en fait nous nourrissons en leur donnant le poids de notre attention. Donnons-nous notre attention à cet Être d’infinie liberté que JE SUIS, ou aux limites de la personnalité et toutes les chaînes qui semblent la relier à la souffrance et aux limites ?

Et parce que la terre dans son ensemble retrouve cette dimension de Liberté qu’est la dimension de Lumière, l’importance de bien comprendre ce rôle prépondérant de l’union de l’Amour, de l’intention et de l’attention n’est que plus grande. Nous nourrissons ce sur quoi nous mettons notre attention.

Le collectif de l’humanité acceptera-t-il de déplacer le poids de son attention de problèmes à résoudre, de peurs de catastrophes à venir, vers la plénitude d’Être, Être de simplicité, de Puissance et de Lumière ?

Et même cette question est une fausse question, puisque chaque Être est la Totalité, donc la totalité du collectif.

Chaque Être acceptera-t-il de dire Oui à cette invitation grandiose qui reste un défi pour les limites de nos personnalités?

Que choisissons-nous de nourrir du poids de notre attention ?

Acceptons-nous de ne tourner notre attention que vers cette plénitude d’Être Être d’Amour, et sur l’actualisation de cette évidence d’Être Être d’Amour dans le concret de nos quotidiens?

L’invitation est faite à chacun, inconditionnellement. Et il est merveilleux de voir tous ces courants d’accompagnements offerts dans leur totale simplicité par les Êtres de Lumière. Pour nous rappeler que nous-mêmes sommes ces Êtres de totale transparence, de puissance et d’amour, créateurs de toutes nos apparences de vie. Et qu’ainsi le collectif de l’humanité quitte son rôle de victime et les jeux de pouvoir pour entrer dans le sens profond de l’incarnation…

Réapprendre l’art de la Création. Et sortir des habitudes des ego et des personnalités qui se croient victimes de circonstances ou de situations.

Il est exaltant d’Être vivant, et exaltant d’Être la Vie.

Source: Méditationfrance

par Agnès Bos

 site: Anandamath

Amitiés: Claude Sarfati.

La légende des Neuf Inconnus

La tradition des Neuf Inconnus remonte à I ’empereur Ashoka qui régna sur les Indes à partir de 273 avant J.C. Il était le petit fils de Chandragupta, premier unificateur de l’Inde. Plein d’ambition, comme son ancêtre dont il voulut parfaire la tâche, il entreprit la conquête du pays de Kalinga qui s’étendait de l’actuelle Calcutta à Madras. Les Kalinganais résistèrent et perdirent cent mille hommes dans la bataille. La vue de cette multitude massacrée bouleversa Ashoka. Il prit, à tout jamais, la guerre en horreur. Il renonça à poursuivre l’intégration des pays insoumis, déclarant que la vraie conquête consiste à gagner le cœur des hommes par la loi du devoir et la piété, car la Majesté Sacrée désire que tous les êtres animés jouissent de la sécurité, de la libre disposition d’eux mêmes, de la paix et du bonheur.

Converti au bouddhisme, Ashoka, par l’exemple de ses propres vertus, répandit cette religion à travers les Indes et tout son empire qui s’étendait jusqu’en Malaisie, Ceylan et l’Indonésie. Puis le bouddhisme gagna le Népal, le Tibet, la Chine et la Mongolie. Asoka respectait cependant toutes les sectes religieuses. Il prôna le végétarisme, fit disparaître l’alcool et les sacrifices d’animaux. H. G. Wells, dans son Abrégé d’histoire universelle écrit : « Parmi les dizaines de milliers de noms de monarques qui s’entassent dans les colonnes de l’histoire, le nom d’Ashoka brille presque seul, comme une étoile. »

On dit qu’instruit des horreurs de la guerre, l’empereur Ashoka voulut pour toujours interdire aux hommes l’usage méchant de l’intelligence. Sous son règne entre dans le secret, la science de la nature, passée et à venir. Des recherches, allant de la structure de la matière aux techniques de psychologie collective, vont se dissimuler désormais, et pendant vingt deux siècles, derrière le visage mystique d’un peuple que le monde ne croit plus occupé que d’extase et de surnaturel. Ashoka fonde la plus puissante société secrète de la terre : celle des Neuf Inconnus.

On dit encore que les grands responsables du destin moderne de l’Inde, et des savants comme Bose et Ram, croient en l’existence des Neuf Inconnus, en recevraient même conseils et messages. L’imagination entrevoit la puissance des secrets que peuvent détenir neuf hommes bénéficiant directement des expériences, des travaux, des documents accumulés pendant plus de deux dizaines de siècles. Quels sont les buts de ces hommes? Ne pas laisser tomber entre les mains profanes les moyens de destruction. Poursuivre des recherches bénéfiques pour l’humanité. Ces hommes se renouvelleraient par cooptation afin de garder les secrets techniques venus du lointain passé.

Les manifestations extérieures des Neuf Inconnus sont rares. L’une d’elles se rattache à la prodigieuse destinée de l’un des hommes les plus mystérieux de l’Occident : le pape Sylvestre II, connu aussi sous le nom de Gerbert d’Aurillac. Né en Auvergne en 920, mort en 1003, Gerbert fut moine bénédictin, professeur de l’Université de Reims, archevêque de Ravenne et pape par la grâce de l’empereur Othon III. Il aurait fait séjour en Espagne, puis un mystérieux voyage l’aurait mené aux Indes où il aurait puisé diverses connaissances qui stupéfièrent son entourage. C’est ainsi qu’il possédait dans son palais, une tête de bronze qui répondait par OUI ou NON aux questions qu’il lui posait sur la politique et la situation générale de la chrétienté. Selon Sylvestre II (volume CXXXIX de la Patrologie latine de Migne) ce procédé était fort simple et correspondait au calcul avec deux chiffres. Il s’agirait d’un automate analogue à nos modernes machines binaires. Cette tête « magique » fut détruite à sa mort, et les connaissances rapportées par lui soigneusement, dissimulées.

Sans doute la bibliothèque du Vatican réserverait-elle quelques surprises au chercheur autorisé. Le numéro d’octobre 1954 de Computers and Automation, revue de cybernétique, déclare : « Il faut supposer un homme d’un savoir extraordinaire, d’une ingéniosité et d’une habileté mécaniques extraordinaires. Cette tête parlante aurait été façonnée « sous une certaine conjonction des étoiles qui se place exactement au moment où toutes les planètes sont en train de commencer leur course ». Il n’était pas question ni de passé, ni de présent , ni de futur, cette invention dépassant, apparemment de loin la portée de sa rivale : le pervers  » miroir sur le mur  » de la reine, précurseur de nos cerveaux mécaniques modernes. Il fut dit, évidemment, que Gerbert ne fut capable de produire cette machine que parce qu’il était en rapport avec le Diable et lui aurait juré éternelle fidélité. »

D’autres Européens furent-ils en contact avec cette société des Neuf Inconnus? Il faut attendre le XIXe siècle pour que resurgisse ce mystère, à travers les livres de l’écrivain français Jacolliot.

Jacolliot était consul de France à Calcutta sous le Second Empire. Il écrivit une œuvre d’anticipation considérable, comparable, sinon supérieure, à celle de Jules Verne. Il a laissé en outre plusieurs ouvrages consacrés aux grands secrets de l’humanité. Cette œuvre extraordinaire a été pillée par la plupart des occultistes, prophètes et thaumaturges. Complètement oubliée en France, elle est célèbre en Russie.

Jacolliot est formel : la société des Neuf Inconnus est une réalité. Et, ce qui est troublant, c’est qu’il cite à ce propos des techniques tout à fait inimaginables en 1860 comme, par exemple, la libération de l’énergie, la stérilisation par radiations, et, la guerre psychologique.

Yersin, l’un des plus proches collaborateurs de Pasteur et de Roux aurait eu communication de secrets biologiques lors d’un voyage à Madras, en 1890, et, selon les indications qui lui auraient été données, mit au point le sérum contre la peste et le choléra.

La première vulgarisation de l’histoire des Neuf Inconnus eut lieu en 1927, avec la publication du livre de Talbot Mundy qui fit partie, durant vingt-cinq ans, de la police anglaise aux Indes. Son livre est à mi-chemin entre le roman et l’enquête. Les Neuf Inconnus feraient usage d’un langage synthétique. Chacun d’eux serait en possession d’un livre constamment récrit et contenant l’exposé détaillé d’une science.

Le premier de ces livres serait consacré aux techniques de propagande et de guerre psychologique. « De toutes les sciences, dit Mundy, la plus dangereuse serait celle du contrôle de la pensée des foules, car elle permettrait de gouverner le monde entier. » Il est à noter que la Sémantique générale de Korjybski ne date que de 1937 et qu’il faut attendre l’expérience de la dernière guerre, mondiale pour que commencent à se cristalliser en Occident les techniques de psychologie du langage, c’est à dire de propagande. Le premier collège de sémantique américain n’a été créé qu’en 1950. En France, nous ne connaissons guère que Le Viol des Foules de Serge Tchakhotine, dont l’influence a été importante dans les milieux intellectuels politisants, bien qu’il ne fasse qu’effleurer la question.

Le deuxième livre serait consacré à la physiologie. Il donnerait notamment le moyen de tuer un homme en le touchant, la mort survenant par inversion de l’influx nerveux. Le judo, dit-on, serait né des « fuites » de cet ouvrage.

Le troisième étudierait- la microbiologie, et notamment les colloïdes de protection.

Le quatrième traiterait de la transmutation des métaux. Une légende veut qu’aux temps de disette, les temples et les organismes religieux de secours reçoivent de source secrète de grandes quantités d’un or très fin.

Le cinquième renfermerait l’étude de tous les moyens de communication, terrestres et extra-terrestres.

Le sixième contiendrait les secrets de la gravitation.

Le septième serait la plus vaste cosmogonie conçue par notre humanité.

Le huitième traiterait de la lumière.

Le neuvième serait consacré à la sociologie, donnerait les règles de l’évolution des sociétés et permettrait de prévoir leur chute.

A la légende des Neuf Inconnus, on rattache le mystère des eaux du Gange. Des multitudes de pèlerins, porteurs des plus épouvantables et diverses maladies, s’y baignent sans dommage pour les bien-portants. Les eaux sacrées purifient tout. On a voulu attribuer cette étrange propriété du fleuve à la formation de bactériophages. Mais pourquoi ne se formeraient-ils pas aussi dans le Brahmapoutre, l’Amazone ou la Seine? L’hypothèse d’une stérilisation apparaît dans l’ouvrage de Jacolliot, cent ans avant que l’on sache possible un tel phénomène. Ces radiations, selon Jacolliot, proviendraient d’un temple secret creusé sous le lit du Gange.

A l’écart des agitations religieuses, sociales, politiques, résolument et parfaitement dissimulés, les Neuf Inconnus incarnent l’image de la science sereine, de la science avec conscience. Maîtresse des destinées de l’humanité, mais s’abstenant d’user de sa propre puissance, cette société secrète est le plus bel hommage qui soit à la liberté dans la hauteur. Vigilants au sein de leur gloire cachée, ces neuf hommes regardent se faire, défaire et refaire les civilisations, moins indifférents que tolérants, prêts à venir en aide, mais toujours dans cet ordre du silence qui est la mesure de la grandeur humaine.

Mythe ou réalité? Mythe superbe, en tout cas, venu du fond des temps, – et ressac du futur.

 

Le matin des magiciens

Pauwels et Bergier

Editions  Folio

 

Amitiés

Claude Sarfati

L’écho des étoiles

Un bouquet d’fleurs
à la main
Il sort du magasin
Il avance de bon cœur
Où va donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs
Où va donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs

Vers quel rencard
Quel amant dans l’placard
Quelle inconnue
Dans la toile entrevue
Quelle fête des mères
Quel ami sincère
Quelle moitié d’aveu
Quel amour qui flanche
Quel drôle de cheveu
Sur sa manche

Où va donc cet humain
Qui croit qu’on est dimanche
Où va donc cet humain
Qui croit qu’on est dimanche

Un bouquet d’fleurs à la main
Il connaît l’chemin
Il avance de bon cœur
Qu’attend donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs à la main
Qu’attend donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs à la main

Quel genre de fête
Quel anneau dans la tête
Quel cœur qui bat
Et n’attendait que ça

Sur quelle blessure
Quel trou dans un mur
Pour quel adieu
Pour décorer quel dieu
En vue d’assouvir
Quel désir

Qu’attend donc cet humain
Qu’est fait pour le plaisir
Qu’attend donc cet humain
Qu’est fait pour le plaisir

Un bouquet d’fleurs à la main
Il connaît l’chemin
Il avance de bon cœur

Que cache donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs
Que cache donc cet humain
Qui porte un bouquet d’fleurs
Il marche pas vite
C’est pas des marguerites
Il presse le pas
C’est pas des camélias
Il marque une pause
Il a pas pris des roses
Ses neurones agissent
C’est pas du cannabis
C’est pas l’temps du tout
Des coucous

Que cache donc cet humain
Qui respire avec nous
Que cache donc cet humain
Qui respire avec nous

Un bouquet d’fleurs à la main
Il sait trop l’chemin
Il va rentrer chez lui
Pourquoi donc cet humain
S’est ach’té des soucis
Pourquoi donc cet humain
S’est ach’té des soucis

 

Maxime Le forestier

L’homme au bouquet de fleurs

 

Ce bouquet de chanson, de poésie, de musique est pour celle et celui qui l’écoutera.

Une pensée fleurie pour Raphaël:-)

 

Amitiés

Claude Sarfati

Ma France

france-2

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu’on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d’Éluard s’envolent des colombes
Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu’il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n’en plus faire qu’une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l’histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche
A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu’elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

 Paroles et Musique: Jean Ferrat
autres interprètes: Isabelle Aubret

 J’ai longtemps voyagé aux quatre coins du monde mais le pays de mon enfance est aussi celui de mon coeur.

Bon dimanche,

Claude Sarfati

La mémoire est abolie

L’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez est mort

Affectueusement surnommé « Gabo » dans toute l’Amérique latine, le Colombien Gabriel Garcia Marquez, Prix Nobel de littérature 1982, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, est mort à son domicile de Mexico jeudi 17 avril. Il était âgé de 87 ans. Son œuvre a été traduite dans toutes les langues ou presque, et vendue à quelque 50 millions d’exemplaires.

En 1999, la nouvelle s’était répandue qu’un cancer lymphatique serait sur le point de l’abattre, plongeant déjà ses lecteurs et admirateurs dans l’inquiétude. Tous les journaux de la planète rédigèrent alors sa nécrologie à la hâte, bientôt remballée dans les tiroirs. Double chance, pour lui et pour tous, car cela permit à Gerald Martin, britannique et professeur de littérature, de publier une biographie exhaustive, Gabriel Garcia Marquez, une vie (Grasset, 2009, édition originale en anglais chez Bloomsbury, 2008). Rétabli, mais victime d’une mémoire quelque peu chancelante, l’auteur de Cent ans de solitude avait disparu de toute vie publique ces dernières années.

Aîné de onze enfants, Gabriel José de la Concordia Garcia Marquez est né le 6 mars 1927, à Aracataca, un village perdu entre les marigots et les plaines poussiéreuses de la côte caraïbe colombienne. Son père y est télégraphiste. Dans l’œuvre de Gabo, Aracataca deviendra Macondo, un endroit mythique mais réel, à la différence du Yoknapatawpha County de William Faulkner ou de la ville fictive de Santa Maria de Juan Carlos Onetti. L’espagnol sud-américain a fait de « macondiano » un adjectif pour décrire l’irrationnel du quotidien sous ces latitudes. Gerald Martin explique l’importance qu’eut pour le futur écrivain son village et en particulier sa maison : « pleine de monde – grands-parents, hôtes de passage, serviteurs, indiens -, mais également pleine de fantômes » (celui de sa mère absente en particulier).

INFLUENCE LIBÉRALE

Juste après la naissance de Gabriel, son père décide de devenir pharmacien, en autodidacte. En 1929, il quitte Aracataca en compagnie de sa femme. Le garçon sera élevé par ses grands-parents, dans une maison transformée aujourd’hui en musée. Sa formation intellectuelle ainsi qu’un certain sens de la démesure lui viennent du colonel Marquez, son grand-père libre-penseur qui, pour meubler l’ennui d’un temps immobile, lui ressassait inlassablement ses souvenirs de la guerre des Mille Jours : une dévastatrice guerre civile qui, entre 1899 et 1902 opposa le camp « libéral » (dont il faisait partie) et celui des « conservateurs », et se solda par la victoire de ces derniers.

A ce « Papalelo », comme il le surnomme, le futur écrivain doit aussi les fondements de sa conscience politique et sociale. Le colonel faisait en effet partie des personnalités colombiennes qui s’étaient élevées contre le « massacre des bananeraies » : en décembre 1928, des centaines d’ouvriers agricoles en grève (1 500 selon certaines sources) avaient été tués par l’armée colombienne, sous la pression des Etats-Unis qui menaçaient d’envahir le pays avec leur marines si le gouvernement n’agissait pas pour protéger les intérêts de la compagnie américaine United Fruit. Dans Cent ans de solitude, son œuvre majeure, l’écrivain retrace sous forme de fiction cet épisode sanglant. 

A huit ans, il part rejoindre ses parents qui l’enverront en pension chez les jésuites dans la ville de Barranquilla, puis à Bogota. Il publie ses premiers écrits dans la revue du collège. Baccalauréat en 1946, études de droit- vite abandonnées – et premières collaborations dans la presse : c’est en tant que journaliste que Garcia Marquez entre dans la vie publique. Lectures classiques : Kafka, Joyce, Virginia Woolf, Faulkner, Hemingway… Mais les influences ne jouent que sur la forme. Le fond, ce sera l’impalpable, le culte du surnaturel, des fantômes et des prémonitions transmis par sa grand- mère galicienne quand elle se levait la nuit pour lui raconter les histoires les plus extraordinaires de revenants, sorcières et nécromanciennes. Ainsi Marquez s’insère-t-il naturellement dans un courant littéraire hispanique et latino-américain incarné par Alvaro Cunqueiro, Miguel Angel Asturias et Alejo Carpentier: le réalisme magique ou le réel merveilleux.

En 1955, le jeune journaliste découvre la vérité sur la catastrophe du Caldas : ce destroyer de la marine colombienne, le pont surchargé de marchandises de contrebande, avait perdu huit hommes d’équipage dans la mer des Caraïbes lorsque les câbles de cette cargaison illicite avaient lâché. Les officiers avaient prétendu avoir affronté une terrible tempête. Après cent-vingt heures d’entretiens avec le seul rescapé, Garcia Marquez publie une série de quatorze articles, rédigés à la première personne et signés par le marin, qui seront repris en 1970 dans un livre sous le titre Journal d’un naufragé. Les lecteurs de EL Espectador s’arrachent le récit. Craignant les représailles du régime militaire alors au pouvoir, la direction du quotidien envoie Garcia Marquez en Europe.

FLN ET RIDEAU DE FER

Il arrive à Paris en pleine guerre d’Algérie, fréquente les milieux du FLN et, pour délit de faciès, s’expose ainsi aux « ratonnades » alors pratiquées par la police française. Jeune homme de gauche, proche des communistes, il effectue des voyages dans les pays de l’Est. Malgré ses préférences politiques, ses visites lui laissent une impression plutôt sinistre, consignée dans 90 jours derrière le rideau de fer (1959). Lorsque le dictateur Rojas Pinilla interdit El Espectador, le journaliste Garcia Marquez se retrouve sans travail. Il écrit et survit, en attendant la gloire et l’argent.

Sa compagne d’alors fait des ménages, lui ramasse papiers, journaux et bouteilles vides pour les vendre. Ces années impécunieuses trouveront leur écho, en 1961, dans Pas de lettre pour le colonel. L’année suivante paraîtront le roman La Mauvaise heure et Les Funérailles de la grande Mémé, un recueil de huit nouvelles : sortes de « moyens métrages » et, en quelque sorte, d’esquisses préfigurant ce que sera, cinq ans plus tard, Cent ans de solitude.

Entretemps, Garcia Marquez est revenu en Amérique Latine. Il y a épousé, en 1958, son amour d’adolescence Mercedes Barcha. Jamais ils ne se quitteront.

Deux fils sont nés de cette union : Rodrigo qui, après des études d’histoire médiévale à Harvard, deviendra réalisateur de cinéma et Gonzalo, qui sera enseignant à Paris. En 1961, Garcia Marquez, qui travaille pour l’agence de presse cubaine Prensa Latina, effectue en journaliste et en ami du nouveau régime castriste une première visite à Cuba. Puis il se rend à New York en attente d’un visa pour le Canada, où l’agence l’a chargé d’ouvrir un bureau. Mais l’affaire tarde, ne se réalise pas et le journaliste écrivain, qui s’ennuie, embarque en bus sa petite famille pour le Mexique, le pays où il passera la plus grande partie de sa vie.

LE CHOC DE « CENT ANS DE SOLITUDE »

C’est quelques années plus tard qu’il va, d’un seul coup, accéder définitivement à la célébrité mondiale. Dès sa publication en 1967, à Buenos Aires, l’engouement rencontré par Cent ans de solitude (publié en français par Le Seuil en 1968) est extraordinaire. Tous les lecteurs d’Amérique Latine connaissent de mémoire sa première phrase : « Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace. « A la fois épopée familiale, roman politique et récit merveilleux, c’est « le plus grand roman écrit en langue espagnole depuis Don Quichotte », selon le poète chilien Pablo Neruda. L’écrivain y déploie, sans une seconde d’enlisement ni de distraction, son langage puissant, à la fois exubérant et parfaitement maîtrisé.

Depuis la fondation du village fictif de Macondo, se déploie, sur six générations, l’histoire de la famille Buendia, une sorte de dynastie dont le destin est lié à la chronique mythologique du continent. Toute l’Amérique latine se reconnaîtra bientôt dans cette saga héroïque et baroque. Cinq ans après sa sortie, Cent ans de solitude aura déjà été publié dans vingt-trois pays et se sera vendu à plus d’un million d’exemplaires rien qu’en langue espagnole. On sait que Garcia Marquez fut sincèrement abasourdi par le succès de ce livre. Il l’attribua au fait qu’il était d’une lecture facile, avec son enchaînement de péripéties fantastiques. Toujours est-il que son impact contribua à la notoriété internationale des autres écrivains du « boom latino-américain », de Juan Rulfo à Mario Vargas Llosa, en passant par Jorge Luis Borges, Julio Cortazar et Carlos Fuentes.

LA « GUERRE DE L’INFORMATION »

Garcia Marquez, meurtri et révolté par la dictature installée au Chili depuis le coup d’Etat du général Pinochet en septembre 1973, se refuse, pour un temps, à écrire de nouveaux romans et préfère s’engager  dans ce qu’il appelle « la guerre de l’information ». Il contribue dans son pays à la création d’une revue indépendante, Alternativas, fustige le capitalisme et l’impérialisme, prend la défense du tiers-monde et soutient publiquement, sans états d’âme apparents, le régime de Fidel Castro.

En 1982, les jurés de Stockholm lui décernent le prix Nobel. Les rues de son village se couvrent de banderoles: « Aracataca, capitale mondiale de la littérature ». Il assistera à la cérémonie vêtu du « liqui-liqui », le costume blanc traditionnel de la côte caraïbe, au lieu du smoking protocolaire. Son discours de réception est un fougueux plaidoyer pour l’Amérique latine dont il décrit la « solitude » face « à l’oppression, au pillage et à l’abandon », alors même que les dictatures s’y multiplient.

Son évocation de « cette patrie immense d’hommes hallucinés et de femmes historiques, dont l’entêtement sans fin se confond avec la légende » – résonne dans tout le continent. Après le Nobel, Garcia Marquez tourne le dos à Macondo et à l’univers prodigieux de son enfance. Désormais, sa production se situera, pour l’essentiel, à mi chemin entre le journalisme, l’histoire et le roman populaire.

« LES ROMANCIERS NE SONT PAS DES INTELLECTUELS »

Plus tard, ni L’Amour au temps du choléra (1985), ni Le Général dans son labyrinthe (1989), ni sa dernière fiction Mémoires de mes putains tristes (2004), ne remporteront le succès des œuvres précédentes. Qu’importe. Gabo est devenu une référence. On le sollicite – notamment à plusieurs reprises comme médiateur lors des pourparlers de paix engagés avec la guérilla colombienne -, on le consulte sur tous les sujets. Garcia Marquez n’est pas dupe. « Je suis un romancier, disait-il, et nous, les romanciers, ne sommes pas des intellectuels, mais des sentimentaux, des émotionnels. Il nous arrive à nous, Latins, un grand malheur. Dans nos pays, nous sommes devenus en quelque sorte la conscience de notre société. Et voyez les désastres que nous provoquons. Ceci n’arrive pas aux Etats-Unis, et c’est une chance. Je n’imagine pas une rencontre au cours de laquelle Dante parlerait d’économie de marché. »

Au delà de la politique et de la mythologie, Garcia Marquez n’aura jamais cessé d’élaborer un immense discours sur la mort et sur la solitude, que ce soit dans Les Funérailles de la Grande Mémé, L’Automne du patriarche, Chronique d’une mort annoncée et, bien entendu, Cent ans de solitude qui porte sur la fin d’une dynastie et d’une civilisation. « Je pense évidemment à la mort », avait-il déclaré. « Mais peu, aussi peu que possible. Pour en avoir moins peur, j’ai appris à vivre avec une idée très simple, très peu philosophique : brusquement tout s’arrête et c’est le noir absolu. La mémoire est abolie. Ce qui me soulage et m’attriste, car il s’agira là de la première expérience que je ne pourrai pas raconter»

Source: Le Monde.fr

Ramon Chao, avec Florence Noiville et Marie Delcas

Amitiés

Claude Sarfati