Yi King : Nom définitif donné au Zhou Yi

Merveilles du Zhou Yi

D’abord le caractère YI:

A partir de l’image de l’alternance du soleil et de la pluie, la notion de changement observable.

C’est aussi une idée de simplicité, la notion de naturel sans blocage. Il est souvent figuré par un Caméléon; Les phénomènes observables changent sans arrêt dans la nature, dans la société, dans le corps et le coeur humain.

Le deuxième caractère : King (ou Jing ou Ching)

Evoque la trame d’une étoffe. Par extension et analogie, la notion de maillage, de réseau solide, de structure fixe. Un livre contenant des vérités qui, comme la trame, ne varient pas. Mais une structure fine, invisible, impalpable. Il est souvent figuré par le lit d’un fleuve. On à donc dans le titre de l’ouvrage, appelé Yi King, son essence, la synthèse de son contenu par la juxtaposition de la notion de changement et de permanence. Il est relaté dans  » les entretiens de Confucius  » comment le maître se tenant un jour au bord d’ un fleuve déclara :

C’est ainsi que tout s’écoule comme ce fleuve sans relâche jour et nuit

Confucius exprime l’idée de transformation

le regard ne se porte plus sur les choses individuelles qui s’écoulent et passent, mais sur la loi éternelle et immuable qui est a l’oeuvre dans toute transformation.

 »

La profondeur des enseignements du Yi King fut, à l’ origine, crée pour et par des empereurs leurs courtisans et leurs généraux. Puis, il se créa autour du livre toute une littérature dont il nous reste un texte appelé « Les dix ailes » attribué à Confucius.

Ainsi cet ouvrage, qui devait être appris par coeur par tous les candidats aux examens impériaux par lesquels étaient recrutés tous les fonctionnaires Chinois (du porteur d’eau aux ministres) est devenu pour des millions de personnes un guide universel de vie.

Tu n’a pas de maître? Approche toi du Yi King comme de tes parents.

Claude Sarfati

L’argent (des Cauris à plus rien…)

L’échange

C’ est l’échange des ressources ou des services pour l’avantage mutuel, et peut remonter au commencement de l’humanité.

Certains argueraient du fait même que ce n’est pas purement une activité humaine ; les animaux avaient échangé — dans des rapports symbiotiques — pour des millions d’années.

De toute façon, l’échange parmi des humains antidate certainement l’utilisation de l’argent.

Aujourd’hui les individus, les organismes, et les gouvernements emploient toujours, et préfèrent souvent, échange comme forme d’échange des marchandises et services.

9.000 — 6.000 AVANT JÉSUS CHRIST : Bétail

Les bétail, qui incluent n’importe quoi des vaches, aux moutons, aux chameaux, sont la première et la plus ancienne forme d’argent.

Avec l’arrivée de l’agriculture est venue l’utilisation du grain et d’autres produits de légume ou d’usine comme format standard d’échange dans beaucoup de cultures.

1.200 AVANT JÉSUS CHRIST : Coquilles de Cauris  La première utilisation des Cauris, la coquille d’un mollusque qui était largement disponible dans les eaux peu profondes des océans Pacifiques et indiens, notamment en Chine.

Historiquement, beaucoup de sociétés ont employé des Cauris comme argent, et même récemment jusqu’au milieu du siècle dernier, des Cauris ont été employés dans quelques régions de l’Afrique.

Le Cauri est le plus largement et la plus longue devise utilisée dans l’histoire.

1.000 AVANT JÉSUS CHRIST : Premiers argent et pièces de monnaie en métal Des imitations en bronze et de cuivre ont été fabriquées par la Chine à la fin de l’âge de pierre et ont pu être considérées certaines des formes les plus tôt de pièces de monnaie en métal. L’argent d’outil en métal, tel que le couteau et les argents de cosse, était également premier utilisé en Chine. Ces argents tôt en métal se sont développés en versions primitives des pièces rondes. Des pièces chinoises ont été fabriquées à partir de les métaux non précieux, contenant souvent des trous ainsi elles pourraient être remontées comme une chaîne.

500 AVANT JÉSUS CHRIST : Invention moderne En dehors de  la Chine, les premières pièces de monnaie développées hors des morceaux d’argent. Ils ont bientôt pris la forme ronde d’aujourd’hui, et ont été emboutis avec de divers dieux et empereurs pour marquer leur authenticité. Ces pièces tôt sont apparues la première fois en Lydia, qui fait partie de la Turquie actuelle, mais les techniques ont été rapidement copiées et plus loin raffinées par le Grec, le Persan, le Macédonien, et plus tard les empires romains. À la différence des pièces chinoises qui ont dépendu des métaux non précieux, ces nouvelles pièces ont été faites à partir des métaux précieux tels que l’argent, le bronze, et l’or, qui a eu une valeur plus inhérente.

118 AVANT JÉSUS CHRIST : Argent en cuir De l’argent en cuir a été employé en Chine sous forme de morceaux d’un-pied-place de peau de daim blanche avec les frontières colorées.

 IXe au XXe siècle

La brique de thé

La brique de thé est utilisée en tant que monnaie du IXe au XXe siècle à la fois en Chine, en Mongolie, en Sibérie, au Tibet, au Turkménistan et en Russie. Le thé est un monopole impérial. Les briques de thé sont principalement réalisées dans la province chinoise du Sichuan, mais aussi en Russie. Elles sont par la suite acheminées à dos de yak ou de chameau. Les briques peuvent se présenter sous diverses formes et tailles.

Pour mieux comprendre le fonctionnement de l’argent voici des videos publiées par l’ADED (Association pour les droits économiques et Démocratiques).

Pour mieux accompagner la transformation de notre civilisation, nous devons comprendre ses fonctionnements..

Amitiés: Claude Sarfati

La paresse

L’âme adore nager. Pour nager on s’étend sur le ventre. L’âme se déboîte et s’en va. Elle s’en va en nageant. (Si votre âme s’en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l’âme partira avec une démarche et une forme différentes, c’est ce que j’établirai plus tard). On parle souvent de voler. Ce n’est pas ça. C’est nager qu’elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement. Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l’âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c’est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime… L’âme s’en va nager dans la cage de l’escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l’audace de l’homme, car toujours elle garde un fil d’elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c’est une force effroyable qu’il faudrait pour rompre le fil) ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui). Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l’homme à l’âme s’écoulent des volumes et des volumes d’une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz _ jouissance sans fin. C’est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C’est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices.

Car qu’est-ce qui est plus égoïste que la paresse?

Elle a des fondements que l’orgueil n’a pas.

Mais les gens s’acharnent sur les paresseux. Tandis qu’ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l’eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l’on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants.

Henri Michaux extrait de (Mes propriétés) 1929.

Âme te souvient-il de Paul Verlaine dite par Léo Ferré

Amitiés: Claude Sarfati

Ballade des pendus

françois villon3

Nous avons vus dans les articles sur le catharisme comment les « dogmes » et le « pouvoir » peuvent transformer les hommes, tous les hommes en d’horribles bourreaux pour leurs frères.

Un poète du moyen âge (1431-1463) à su écrire la cruauté avec des mots qui résonnent encore à nos oreilles : François de Montcorbier dit : François Villon précurseur des poètes maudits.

Villon a eu des démêlés avec la justice et a été une fois condamné à mort (il a été gracié par Louis XI). Peu après cette affaire où il échappe à sa pendaison, on perd sa trace.
Dans ce poème, Villon donne la parole à des suppliciés qui revendiquent le lien fondamental qui les unit à tous les êtres humains et qui en appelle à la miséricorde des vivants
. Ce poème est un appel à la charité chrétienne, valeur très puissante au Moyen Âge. La rédemption est au cœur de la ballade. Villon reconnaît qu’il s’est trop occupé de son être de chair au détriment de sa spiritualité.

Ballade des pendus (version originale):

Frères humains qui après nous vivez
N’ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devoree et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s’en rie :
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutesfois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas le sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale fouldre.
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis la, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d’oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A luy n’avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n’a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.

 
(Transcription : Lagarde et Michard)

ballade3

Bruegel, La pie sur le gibet (1568)

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Version Léo Ferré ( L’amour n’a pas d’âge)

Poème de François Villon entremêlé à un texte d’Épitaphe du dit Villon

Frères humains qui après nous vivez
N’ayez les cœurs contre nous endurcis
Car si pitié de nous pauvres avez
Dieu en aura plus tôt de vous merci

Vous nous voyez ci attachés cinq six
Quand de la chair que trop avons nourrie
Elle est pieça dévorée et pourrie
Et nous les os devenons cendre et poudre
De notre mal personne ne s’en rie
Mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre

Si frères nous clamons pas n’en devez
Avoir dédain quoique fûmes occis
Par justice toutefois vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis
Excusez-nous puisque sommes transis
D’envers le fils de la Vierge Marie
Que sa grâce ne soit pour nous tarie
Nous préservant de l’infernale foudre
Nous sommes morts âme ne nous harie
Mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre

La pluie nous a débués et lavés Et le soleil desséchés et noircis
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis ça puis là comme le vent varie
A son plaisir sans cesser nous charrie
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre
Ne soyez donc de notre confrérie
Mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre

Prince Jésus qui sur tous a maîtrie
Garde qu’enfer n’ait de nous seigneurie
A lui n’ayons que faire ni que soudre
Homme ici n’a point de moquerie
Mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre

Mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre

L’amour n’a pas d’âge

L’amour n’a pas d’âge
Et la mer étale
Là-bas sur la plage
Non plus n’a pas d’âge

Les mots sont les mots
Toujours mal criés
Pourtant il faut bien
Se servir des mots
Qu’on nous a laissés
Écrits sur la vie
Criés dans les cris
Des amants lassés

L’amour n’a pas d’âge
Et la mer étale
Là-bas sur la plage
Non plus n’a pas d’âge

Leo Ferré (La violence et l’ennui 1979).

Bonne lecture, bonne écoute, bon dimanche: Claude Sarfati

Les Nourritures terrestres

gide

J’ai découvert les nourritures terrestres d’André Gide à 18 ans, ce livre très contesté à l’époque était tombé entre mes mains lors d’un voyage en Grèce. Heureusement, j’ai lu le livre avant de « juger » et à chaque soir, alors que j’avais entrepris de faire le tour de l’ile de Crète à pieds, je m’endormais repu des « Nourritures terrestres ».

 Extrait :

A dix-huit ans, quand j’eus fini mes premières études, l’esprit las de travail, le cœur inoccupé, languissant de l’être, le corps exaspéré par la contrainte, je partis sur les routes, sans but, usant ma fièvre vagabonde. Je connus tout ce que vous savez : le printemps, l’odeur de la terre, la floraison des herbes dans les champs, les brumes du matin sur la rivière, et la vapeur du soir sur les prairies. Je traversai des villes, et ne voulus m’arrêter nulle part. Heureux, pensais-je, qui ne s’attache à rien sur la terre et promène une éternelle ferveur à travers les constantes mobilités. Je haïssais les foyers, les familles, tous lieux où l’homme pense trouver un repos; et les affections continues, et les fidélités amoureuses, et les attachements aux idées – tout ce qui compromet la justice; je disais que chaque nouveauté doit nous trouver toujours tout entiers disponibles.

Nourritures !

Je m’attends à vous, nourritures !

Ma faim ne se posera pas à mi-route ;

Elle ne se taira que satisfaite ;

Des morales n’en sauraient venir à bout

Et de privations je n’ai jamais pu nourrir que mon âme.

Satisfactions ! Je vous cherche.

Vous êtes belles comme les aurores d’été.

 

Gide 4

 

« Ne désire jamais, Nathanaël, regoûter les eaux du passé.
Nathanaël, ne cherche pas, dans l’avenir, à retrouver jamais le passé. Saisis de chaque instant la nouveauté irressemblable et ne prépare pas tes joies, ou sache qu’en son lieu préparé te surprendra une joie autre.
Que n’as-tu donc compris que tout bonheur est de rencontre et se présente à toi, dans chaque instant comme un mendiant sur ta route. Malheur à toi si tu dis que ton bonheur est mort parce que tu n’avais pas rêvé pareil à cela ton bonheur – et que tu ne l’admets que conforme à tes principes et à tes voeux.
Le rêve de demain est une joie, mais la joie de demain en est une autre, et rien heureusement ne ressemble au rêve qu’on s’en était fait ; car c’est différemment que vaut chaque chose. » (page 39)

« Nathanaël, car ne demeure pas auprès de ce qui te ressemble ; ne demeure jamais, Nathanaël. Dès qu’un environ a pris ta ressemblance, ou que toi tu t’es fait semblable à l’environ, il n’est plus pour toi profitable. Il te faut le quitter. Rien n’est plus dangereux pour toi que ta famille, que ta chambre, que ton passé. Ne prends de chaque chose que l’éducation qu’elle t’apporte; et que la volupté qui en ruisselle la tarisse. » (page 44)

« Nathanaël, jette mon livre ; ne t’y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre ; plus que de tout, aie honte de cela. Si je cherchais tes aliments, tu n’aurais pas de faim pour les manger ; si je te préparais ton lit, tu n’aurais pas de sommeil pour y dormir.
Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possible en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, – aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu sens qui n’est nulle part ailleurs qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres. » (Page 63, Envoi)

« Sache obtenir de toi ce qui rende la plainte inutile. N’implore plus d’autrui ce que, toi, tu peux obtenir.
J’ai vécu ; maintenant c’est ton tour. C’est en toi désormais que se prolongera ma jeunesse. Je te passe pouvoir. Si je te sens me succéder, j’accepterai mieux de mourir. Je reporte sur toi mon espoir.
De te sentir vaillant me permet de quitter sans regrets la vie. Prends ma joie. Fais ton bonheur d’augmenter celui de tous. Travaille et lutte et n’accepte de mal rien de ce que tu pourrais changer. Sache te répéter sans cesse : il ne tient qu’à moi. On ne prend point son parti sans lâcheté de tout le mal qui dépend des hommes. Cesse de croire, si tu ne l’as jamais cru, que la sagesse est dans la résignation ; ou cesse de prendre à la sagesse.
Camarade, n’accepte pas la vie telle que te la proposent les hommes. Ne cesse point de te persuader qu’elle pourrait être plus belle, la vie ; la tienne et celle des autres hommes ; non point une autre, future qui nous consolerait de celle-ci et qui nous aiderait à accepter sa misère. N’accepte pas. Du jour où tu comprendras que le responsable de presque tous les maux de la vie, ce n’est pas Dieu, ce sont les hommes, tu ne prendras plus ton parti de ces maux.
Ne sacrifie pas aux idoles. » (Page 246)

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Tous les textes cités sont extraits des Nourritures terrestres (1897) et des Nouvelles nourritures (1935), réunis dans le Folio 117. Les pages indiquées correspondent à l’édition de 1972.

Les nourritures terrestres: Lien

Bonne lecture, bon dimanche: Claude Sarfati.