Les nombres impairs correspondent au yang, sont masculins ou actifs, et les nombres pairs correspondent au yin, sont féminins ou passifs.
Les nombres impairs sont célestes, et les nombres pairs sont terrestres.
L’unité n’est pas considéré nombre, elle est proprement le principe même du nombre. C’est donc 2 le premier nombre par (qui appartient à la Terre) et 3 le premier nombre impair (qui appartient au Ciel).
La Terre est donc avant le Ciel, tout comme yin est avant yang.
Pour d’autre nombres se sont produits des inversions inexplicables: 5, nombre impair, est attribué à la Terre, pendant que 6, nombre pair au Ciel.
On parle à ce propos d’un échange hiérogamique entre les attributs des deux principes complémentaires.
En Chine ce n’est pas l’ordre cosmique qui a été conçu sur le modèle des institutions sociales, mais ce sont bien celles-ci qui ont été établies en correspondance avec l’ordre cosmique lui-même.
… tous les complémentarismes, de quelque type qu’il soient, ont également leur principe dans la première de toutes les dualités, qui est celle de l’Essence et de la Substance universelles, ou, suivant le langage symbolique de la tradition extrême-orientale, celle du Ciel et de la Terre.(p. 77)
Pour les Pythagoriciens, 5 était le nombre nuptial, somme du premier nombre pair ou féminin (2) et du premier nombre impair ou masculin (3).
Tandis que 2 et 3 expriment la nature même de la Terre et du Ciel,
5 et 6 expriment leur mesure, ils les envisagent du point de vue de la manifestation et non plus en eux-mêmes.
Les doubles de 5 et 6 sont 10 (attribué au Ciel) et 12 (attribué à la Terre).
Dans la tradition chinoise, les jours sont comptés par périodes décimales et les mois par périodes duodécimales; or dix jours sont dix soleils, et douze mois sont douze lunes; les nombres 10 et 12 sont donc rapportés ainsi respectivement le premier au Soleil, qui est yang et masculin, correspondant au Ciel, au feu et au Sud, et le second à la Lune, qui est yin ou féminine, correspondant à la Terre, à l’eau et au Nord.
Le nombre 11, en tant qu’union de 5 et 6, est l’union centrale du Ciel et de la Terre. C’est le nombre par lequel se constitue la Voie du Ciel et de la Terre.
Cette importance du nombre 11 est le point commun aux doctrines traditionnelles les plus diverses.
René Guénon, La grande triade (extraits)