Pierre Teilhard de Chardin

Il n’y a aucune sorte de doute: jusqu’à ce jour, l’apport le plus important à la philosophie du xx° siècle a été fourni par Pierre Teilhard de Chardin, mystique et savant, condamné au demi-silence par l’église, et dont l’œuvre posthume ne nous est pas encore connue dans sa totalité. Thomas Thibert est né en 1903 à Hong-Kong, d’une famille alsacienne établie en Extrême Orient. Spécialiste des religions orientales et extrême-orientales, il prépare depuis plusieurs années un ouvrage consacré à l’histoire de la philosophie taoïste. Il est un fervent admirateur de l’œuvre et de la pensée de Pierre Teilhard de Chardin qu’il considère comme le plus grand philosophe français de notre temps, « précisément, nous écrit-il, parce que Teilhard n’est pas un spécialiste de la philosophie, mais un sage et un savant ». Nous avons demandé à Thomas Thiebert de nous dire qu’elles étaient selon lui, les clés de l’œuvre de Teilhard et d’analyser un document encore inédit, daté de mars 1937, et intitulé « Le Phénomène Spirituel« .

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L’intelligence d’un grand savant et l’âme d’un prêtre inspiré peuvent-elles, en mesurant mieux les conditions et les limites d’une double vocation, terrestre et céleste, accéder à une conscience nouvelle de l’évolution humaine et découvrir enfin une synthèse véritable entre les exigences de la raison et les espérances de la foi?

Les deux voies, scientifique et mystique, encore divergentes, de la pensée occidentale sont-elles à la veille de mener notre civilisation à la convergence d’un surrationalisme subtil où l’évidence et le mystère, infiniment fondus au cœur même du réel, nous dévoileraient des relations plus profondes entre les lois et la grâce, entre le hasard et la providence, entre les phénomènes matériels et Le phénomène spirituel?

A ces questions fondamentales répondent la vie et l’œuvre de Pierre Teilhard de Chardin. L’une demeure encore ignorée de la foule; l’autre, connue d’une élite, n’a pas été intégralement publiée et les ouvrages parus se sont vu opposer, pour la plupart, durant des années, la censure des autorités ecclésiastiques. Rome estimait, semble-t-il, que la vision teilhardienne du christianisme était prématurée ou incomplète et qu’elle ne pouvait être diffusée sans inconvénients. Le règne de Dieu ne peut être annoncé à l’homme de façon imprudente et soudaine. On demanda au P. Teilhard d’y travailler et de se taire…

C’est sur l’Océan mystérieux des énergies morales à explorer et à humaniser que s’embarqueront les plus hardis navigateurs de demain. Tout essayer, et tout pousser à bout dans la direction d’une plus grande conscience, telle est, dans un Univers en état de transformation spirituelle, la loi générale et suprême de la moralité: limiter la force (à moins que ce ne soit pour obtenir par là plus de force encore), voilà le péché. TEILHARD DE CHARDIN

Source: Les deux clés de Teilhard de Chardin par Thomas Thibert

Revue PLANETE  OCT/ NOV 1961

Amitiès: Claude Sarfati

En écoutant le sage Hindou Krishnamurti

Spirituel… Pour une oreille un peu sensible, échaudée par toutes les sottises auxquelles il a été associé, ce mot est presque obscène. Et pourtant, dans certains contextes, quel autre mot peut-on employer? Quand on lit Maître Eckhart, par exemple, ou quand on écoute, comme nous l’avons fait à Gstaad, Krihsnamurti (1), on est contraint de reconnaître que « spirituel » est parfois un mot juste. « Je vous montre la douleur et la fin de la douleur. »

Tous les grands maître de la vie spirituelle (hé oui!) ont été à la fois profondément pessimistes et presque infiniment optimistes. Si certaines conditions sont remplies, les humains peuvent cesser de se conduire comme les misérables créatures qu’ils s’imaginent être, à tort, et devenir ce qu’ils ont toujours été, s’ils se donnent une faible chance de l’apprendre: libérés, illuminés, « divins en Dieu ». Mais que seule une minuscule minorité d’entre nous y parviendra est une évidence écrasante. Beaucoup sont appelés, peu sont élus. Car peu choisissent d’être choisis.

La fin de la douleur est possible; mais la permanence de la douleur est certaine. Tout ce que peuvent faire les maîtres de la vie spirituelle est de nous rappeler ce que nous sommes, et ce que nous pouvons faire pour atteindre la reconnaissance de notre nature: méditer, au sens d’une conscience complète et inclusive de chaque instant, pour bénéficier des corollaires de cette haute méditation, le bien-être et le bien-agir.

(1) Mystique et philosophe, propagandiste en Occident de l’enseignement védantique, comme le fut, voici un demi-siècle Vivekananda, célébré par Romain Rolland. Consulter, parmi les dernières publications: « la nature de l’homme selon le Vedanta« , de John Levy (éd. Denoël). – Les conférences de Krishnamurti vont être publiées en français bientôt.

Quelle formidable machine que l’homme!

Article d’Aldous Huxley

Revue Planète 1962.

 

Jiddu Krishnamurti, né à Madanapalle le 11 mai 1895 et décédé à Ojai, le 17 février 1986 il y a 27 ans ce dimanche.

Rendons lui hommage dans une « vraie » Méditation sur ce: qui suis-je?

Amitiés: Claude Sarfati

 

Les portes d’une future civilisation

 

Ainsi les deux clefs principales de l’œuvre du P. Teilhard de Chardin, l’organicisme et l’économie du Mystère, peuvent-elles nous permettre de pénétrer plus profondément dans l’univers extérieur et intérieur dont nous essayons de déchiffrer les énigmes.

Elles nous ouvrent peut-être les portes d’une future civilisation où la science,  l’art, la philosophie et la religion convergeront enfin vers leur centre naturel et surnaturel dans une conscience nouvelle de l’unité de leur principe, de leur milieu et de leur fin.

Source: Les deux clés de Teilhard de Chardin par Thomas Thibert

Revue PLANETE  OCT/ NOV 1961

Amitiès: Claude Sarfati