La révolution intérieure (Krishnamurti)

krishnamurti

Y a-t-il une différence entre ce qui arrive dans le monde extérieur et ce qui se passe à l’intérieur de nous ? Il y a, dans le monde, de la violence, une effervescence extraordinaire, une crise après l’autre. Il y a des guerres, des divisions entre nationalités, des différences religieuses, raciales et communautaires, un ensemble de concepts systématisés se dressant contre un autre. Est-ce différent de ce qui se passe à l’intérieur de nous-mêmes ?

Nous aussi sommes violents, nous aussi sommes pleins de vanité, terriblement malhonnêtes, portant des masques différents selon l’occasion. Il s’agit donc d’un mouvement analogue à la marée montante et descendante. C’est nous, êtres humains, qui avons créé ce qui se passe au dehors, et changer cela est impossible si nous ne changeons pas nous-mêmes en tant qu’êtres humains.
C’est là qu’est la racine du mal. Nous voulons faire quelque chose dans le monde, avoir de meilleures institutions, de meilleurs gouvernements, etc., mais jamais nous n’admettons que nous avons créé ce monde tel qu’il est. Si nous ne changeons pas, il ne pourra changer. Après avoir vécu des millions d’années, nous sommes exactement les mêmes.

Nous n’avons pas fondamentalement changé et nous continuons à ravager le monde. Le fait est que nous sommes le monde, non en tant qu’idée, mais en tant que réalité. Voyez-vous la différence entre l’idée et la réalité ? Nous avons entendu dire que nous sommes le monde et nous en avons fait une idée, une abstraction. Puis nous nous mettons à discuter cette idée pour savoir si elle est vraie ou fausse, et nous la perdons de vue.
Mais le fait est que nous sommes le monde ; c’est ainsi. Donc, nous portons la responsabilité de changer le monde. Cela veut dire que nous portons la pleine responsabilité de notre façon de vivre tous les jours. II ne s’agit pas d’essayer de modifier le chaos existant, de l’embellir, de faire partie d’un groupe ou d’un autre, ou de quelque institution ; en tant qu’être humain qui est le monde, il s’agit de subir soi-même une transformation radicale ; sans cela, il ne peut y avoir de bonne société. La plupart d’entre nous trouvons le changement difficile, par exemple : ne plus fumer. Il y a des institutions qui vous aident à ne plus fumer ! Voyez comme on en dépend.

Peut-on découvrir pourquoi on ne change pas, pourquoi, si on voit le mal – le « mal » entre guillemets – on n’y met pas fin immédiatement ? Est-ce parce qu’on espère qu’il se trouvera quelqu’un d’autre pour mettre de l’ordre dans le monde et qu’on n’aura plus qu’à s’y glisser ? Est-ce parce que nous sommes indolents, psychologiquement paresseux, inefficaces ? Que d’années on passe à acquérir certaines techniques, à terminer ses études secondaires, supérieures, l’université, à devenir docteur, cependant, on ne veut pas consacrer une journée à effectuer un changement en soi-même. Donc, la responsabilité de chacun est d’opérer un changement radical en soi, parce qu’on est le reste de l’humanité.

De la connaissance de soi, Courrier du Livre. J. Krishnamurti

 

La révolution doit commencer avec vous et moi. Cette révolution, cette transformation individuelle, peut avoir lieu seulement si nous comprenons la relation, ce qui est le processus de la connaissance de soi. Sans connaître le processus complet de ma relation, à tous les niveaux différents, ce que je pense et ce que je fais n’a aucune valeur.

Quelle base ai-je pour penser si je ne me connais pas moi-même ? Nous sommes si désireux d’agir, si impatients de faire quelque chose, d’apporter un certain type de révolution, un certain type d’amélioration, un certain changement dans le monde ; mais sans connaître le processus de nous-mêmes, à la fois à la périphérie et intérieurement, nous n’avons aucune base pour l’action, et ce que nous faisons est condamné à créer plus de misère, plus de discorde. La compréhension de soi ne vient pas par le processus de retrait de la société, ou en se retirant dans une tour d’ivoire. Si vous et moi entrons réellement dans ce sujet avec prudence et intelligence, nous verrons que c’est seulement dans la relation que nous pouvons nous comprendre, et non dans l’isolement. Personne ne peut vivre isolé. Vivre, c’est être relié. C’est uniquement dans le miroir de la relation que je me comprends moi-même, ce qui signifie que je dois être extraordinairement alerte avec toutes mes pensées, mes sentiments, et mes actions dans la relation.

Ce n’est pas un processus difficile, ou un comportement surhumain ; et comme avec tous les fleuves, alors que la source est à peine perceptible, les eaux s’accélèrent à mesure qu’elles progressent et qu’elles s’approfondissent. Dans ce monde fou et chaotique, si vous allez dans ce processus à bon escient, avec prudence, avec patience, sans condamner, vous verrez comment cela commence à s’accélérer et ce n’est pas une question de temps.

Œuvres collectées, Vol. VI – 38 J. Krishnamurti

Bonne lecture, bonne écoute, bon dimanche: Claude Sarfati

La pensée a sa place (Krishnamurti)

 Swami Jiddu Krishnamurti-photos

Nous utilisons le mot « raison » non pas dans un sens philosophique avec toutes ses implications ; nous donnons à ce mot le simple sens d’une grande honnêteté dans la pensée, d’un équilibre mental sain, le sens d’un « insight » clair, d’une perception où il n’y a pas de tromperie ou d’auto-illusion. Sans la raison au départ, vous ne pouvez pas aller très loin. Parce ce que sans la raison vous êtes inévitablement conduits vers toutes les formes d’illusions, d’idées fausses, de peurs et tout le reste. Pour comprendre la nature et le sens de la méditation, il est absolument nécessaire de raisonner pas à pas, afin que votre esprit soit affûté, que votre cerveau soit clair, sans la moindre distorsion, sans la moindre pression. Cela ne demande aucune croyance, aucun système ; mais cela nécessite un cerveau qui soit sensible, affûté, clair, qui puisse procéder pas à pas, non de manière illogique, non en sautant des étapes, mais avec rationalité, avec équilibre.

J. Krishnamurti, 26 février 1964, Bombay

L’espace est nécessaire et l’espace ne peut se produire naturellement que lorsque vous utilisez l’esprit de façon logique, rationnelle, saine, et que vous voyez les limites de la raison. Après tout, la rationalité veut dire la capacité de penser objectivement, non de façon personnelle, non pour un profit personnel, non selon un certain modèle de croyance, d’idées ou de conclusions, mais penser avec clarté, objectivité, sainement, ce qui veut dire avec santé et force, une telle capacité donne beaucoup de sécurité, non seulement extérieurement mais intérieurement. Puis vous n’avez plus rien dont vous puissiez avoir peur, vous pouvez penser logiquement. Et quand nous sommes… quand nous pénétrons dans cette question de la méditation, qui est très complexe, qui nécessite une grande sensibilité pour comprendre, comprendre c’est-à-dire pouvoir avoir un « insight », l’esprit doit être libre et avoir de l’espace pour observer et ne pas être envahi. Est-ce juste ?

Madras, 26 décembre 1973.

Bonne lecture, Claude Sarfati

L’image divise l’homme (Krishnamurti)

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Dans ces deux vidéos, Krishnamurti, philosophe indien, parle à André Voisin, (producteur, réalisateur et animateur de l’émission : Les conteurs en octobre 1972)
de la nature, du sommeil, de la souffrance, de sa conception de la révolution intérieure, la notion du temps, du silence, de la mort. Il explique en quoi les arbres sont ses amis. Chaque jour est tout à fait nouveau…. Il montre comment quand on perd la relation avec la nature, on la détruit. Pour lui, la vie doit être respectée, il ne mange jamais de viande. Il prône une révolution intérieure à chacun d’entre nous pour devenir intelligent, aimer, être comme neuf. Mais pour lui, ceci n’est pas une utopie, c’est accessible tout de suite. Il donne sa définition de l’art, de la création, parle de la connaissance, du temps qui est division et mouvement. Il faut se libérer de toutes les images, arriver à l’innocence, se connaitre. Il faut changer le monde, par l’action, sans violence, en éduquant. C’est pourquoi il a fondé des écoles en Inde et en Angleterre. La vérité n’a pas de chemin. Il explique la peur de mourir et sa conception de la mort. L’essentiel pour lui est de mourir chaque jour pour être nouveau chaque jour. Sans images, on est rien, cela veut dire : pas d’attachements, pas de problèmes, pas de conflits, pas de séparations …

 

Comment ne pas être divisé?

 

Bonne écoute, bon dimanche: Claude Sarfati

La vérité est un pays sans chemin.

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Nous avons déjà eu l’occasion de parler de Jiddu Krisnamurti,

« Maître spirituel laîc », depuis de nouveaux enregistrements sont apparus sur Internet.

Ecoutez bien, tout ce qui est dit nous concerne à tous.

 

La religion est devenue superstition et culte des images, croyances et rituels. Elle a perdu la beauté de la vérité ; l’encens a pris la place de la réalité. La perception directe a été remplacée par l’image, sculptée par la main ou l’esprit. La religion a pour seul but la conversion totale de l’homme. Et toutes les simagrées dont elle s’entoure ne sont qu’absurdités.

C’est pourquoi la vérité ne peut se trouver dans aucun temple, église ou mosquée, quelle que soit leur beauté. La beauté de la vérité et la beauté des pierres sont choses différentes. L’une ouvre la porte à l’incommensurable et l’autre celle de la prison qui se referme sur l’homme. L’une est porteuse de vérité et l’autre débouche sur l’asservissement de la pensée. Le romantisme et la sentimentalité sont négation de la nature même de la religion, qui n’est pas non plus simple jeu intellectuel. Dans le domaine des factions, le savoir est nécessaire à l’efficacité objective mais le savoir n’est pas le moyen de la transformation de l’homme. Il participe de la structure de la pensée, et la pensée ne peut que rabâcher fastidieusement le connu, fût-il modifié et amélioré. Les voies de la pensée, du connu, ne mènent pas à la liberté.

J. Krishnamurti Journal 27 septembre 1973 (p. 59-60)

Bonne lecture et bonne écoute: Claude Sarfati

L’observation de soi

L’observation de soi est très difficile. Plus vous essaierez, plus vous vous en rendrez compte.

Pour le moment, vous ne devez vous y exercer, non pas en vue d’un résultat, mais pour comprendre que vous ne pouvez pas vous observer. Jusqu’ici vous avez imaginé vous voir et vous connaître.

Je parle d’une observation de soi objective. Objectivement, vous n’êtes pas capable de vous voir, même pour une minute, parce qu’il s’agit là d’une fonction différente: la fonction du maître.

Si vous croyez pouvoir vous observer pendant cinq minutes, c’est faux; que ce soit vingt minutes ou une minute, c’est égal. Si vous constatez simplement que vous ne pouvez pas vous observer, alors vous avez raison. Votre but est d’y parvenir.

Pour atteindre ce but, vous devez essayer et essayer encore. Si vous essayer, le résultat ne sera pas l’observation de soi dans le plein sens du mot. Mais le fait même d’essayer fortifiera votre attention. Vous apprendrez à mieux vous concentrer. Tout cela vous sera utile plus tard. C’est seulement plus tard que vous pourrez commencer à vous rappeler vous-même véritablement.

Aujourd’hui, vous ne disposez que d’une attention partielle, venant par exemple du corps, ou du sentiment.

Si vous travaillez consciencieusement, vous vous rappellerez vous-même, non pas davantage, mais moins, parce que le rappel de soi est de plus en plus exigeant. Ce n’est pas si facile, si bon marché.

L’exercice de l’observation de soi suffit pour des années. Ne tentez rien d’autre. Si vous travaillez consciencieusement, vous verrez ce dont vous avez besoin.

New York, 13 mars 1924.

Georges Ivanovitch Gurdjieff

Gurdjieff parle à ses élèves

Editions du Rocher

Amitiés, bon dimanche: Claude Sarfati.