La Voie du Milieu est représentée par un axe vertical envisagé dans le sens ascendant ‘ du point de vue d’un être qui, placé au centre de l’état humain, tend à s’élever de là aux états supérieurs.
Lorsque cet être s’identifie à l’axe, pour lui le pôle terrestre ne fait plus qu’un avec le pôle céleste. Cet être finit par résorber l’axe en un point: ce point est le centre qui contient en lui-même toutes les possibilités, non plus seulement d’un êtat particulier, mais de la totalité de états manifestés et non-manifestés. (p. 209-210)
Le centre de l’être total est le Saint Palais de la Kabbale hébraïque.
Dans la Voie du Milieu il n’y a ni droite ni gauche, ni avant ni arrière, ni haut ni bas. Dès que l’être est parvenu au centre de son état de manifestation, il est au-delà de toutes les oppositions contingentes qui résultent des vicissitudes du yin et du yang. La succession temporelle s’est transformée elle-aussi en simultanéité au point central.
C’est pourquoi, suivant la parole de Lao-tseu, la voie qui est une voie (pouvant être parcourue) n’est pas la Voie (absolue), car, pour l’être qui s’est établi effectivement au centre total et universel, c’est ce point unique lui-même, et lui seul, qui est véritablement la «Voie» hors de laquelle il n’est rien. (p. 212)
René Guénon, La grande triade (extraits)