Morceaux choisis

Vous pouvez à présent voir sur mon site, des passages du DVD sur le Yi King paru en décembre 2007.

Valérie, la journaliste qui m’avait proposé ce travail, me demande aujourd’hui un livre sur ma vision du Yi King…

En attendant, vous pouvez voir quelques passages sur cette page.

Si vous n’arrivez pas à voir les vidéos, vous devez télécharger QuickTime7. Notre cher Webmestre, Stefan, à tout prévu, vous pourrez le télécharger directement en bas de la page.

Un coffret regroupant les 30 DVD et fascicules sur les arts divinatoire est disponible.

Critiques bienvenues.

Amitiés: Claude Sarfati

UN LIVRE-DEVENIR

Transformer le monde entier en espace intérieur. (Rilke)

D’abord la nuit du monde – insondable, « le flux de l’obscur qui monte en houles » (José Angel Valente). Chaos, confusion, aveuglement. Puis, lentement, les yeux s’accoutument aux étoiles peuplant l’obscurité. Les choses semblent s’ajuster, sortir de leur torpeur, obéir à des rythmes. Apogée – déclin, vie- mort, actif – passif, plein – vide, aller – retour. Ce qui s’en va revient, ce qui revient s’en va. Cycle sans fin, changement perpétuel. Il n’est d’immuable que la transformation, socle mouvant du monde. Danse des atomes, succession des métamorphoses: le passage est la seule règle.

En vérité, les anciens Chinois ne s’intéressent guère à l’être, figure arrêtée, concept pétrifiant la vie. A l’écoute des qualités du réel, ils y découvrent, à l’instar de Nietzsche, « le changement, le devenir, la pluralité, l’opposition, la contradiction, le combat », à ceci près qu’ils perçoivent de tels mouvements sous le signe fluide de l’interdépendance. Le devenir dont ils s’efforcent de prendre la mesure n’est pas simplement une ligne horizontale glissant vers l’infini, mais une spirale s’éloignant – revenant dans la verticalité de l’espace – temps. Sur cette spirale, rien n’existe isolément. Tout fait écho, tout communique; les notions de centre et de confins s’évanouissent. Sort commun de l’univers, la transformation apparaît réglée par des lois. Au sein de ce flux, « écoulement sans doute absolu » (Nietzsche), certains éléments reparaissent en même nombre dans les mêmes circonstances. Éternel retour du même. Comme si l’entropie empruntait toujours un nombre délimité de figures.

Figures repérées, dénombrées et classifiées dans un livre singulier, deux fois millénaire, à la fois dispositif stratégique et opus in progress: le yi king ou « Classique des changements ». A l’origine, deux signes épurés, radicalisant la représentation du réel: un trait plein, ——–, un trait brisé —  —, soit l’alternance rythmique du yang  et du yin. Noire ou croche, la vie est affaire de musique –  » le yin et le yang, dit Tchouan-Tseu, concertent et s’harmonisent ». Le doux s’affermit, le dur s’attendrit; toute chose appelle d’elle-même autre chose qu’elle-même. Parvenue au sommet de sa tension  énergétique, le cube est si cubique qu’il en devient sphère – et quand la sphère trouve sa perfection, elle rebascule dans son devenir-cube. Au fond, chaque état de l’univers peut être saisi comme une symbiose particulière de données yin et yang.

Par alternance et dédoublement de deux traits fondateurs, naissent les soixante-quatre hexagrammes sur lesquels s’établit le yi king. Ces signes d’avant l’écriture, d’avant même la confusion des langues, modélisent les lois du changement. Théâtres en miniature des potentialités humaines, « briques » de l’espace-temps, ils offrent une géométrie universelle en prise directe avec la palette des phénomènes. Derrière la discontinuité visible, formant une sorte de double précis et éprouvé de la vie. En exact miroir du monde qu’il décrit, rythme et pénètre, le yi king est un livre-devenir, un système ouvert condensant la diversité du vivant, où le linéaire cède la place au circulaire, au « germinatif » (Abellio). Par le jeu incessant et rigoureux des mutations, chaque hexagramme porte en germe l’ensemble des autres. Énergétique généralisée, connaissance par les traits. Livre d’un présent continu, qui met au jour l’ossature du temps.

Le yi king n’est « voyant » que dans la mesure où il donne à voir. Boussole du temps, il sonde uniquement le nord du possible. Il ne prédit rien, mais oriente le consultant vers le « juste milieu » (le « centre », diraient les taoïstes) d’une situation. Il ne prévoit pas, mais tempère l’imprévisible. A la pensée généalogique, régie par la fiction opérante du moi et de la causalité, il oppose l’émerveillement analogique. A la succession, la simultanéité. A la séparation, la ressemblance, où abolit la distinction de l’être et du faire. La réponse du yi king vient le plus souvent comme re-connaissance d’une question autre, bien plus vaste que celle posée. Question qui n’appelle aucune réponse, sinon le feu insoupçonné de sa propre consumation. A cet instant, entre l’hexagramme – amas de savoirs successifs, dépôt d’une exceptionnelle densité – et la personne – feu d’artifice de particules chaotiques -, s’opère une coïncidence silencieuse. Celui qui s’ouvre au livre fait retour sur lui-même, interroge son centre de gravité, explore sa cosmologie interne. Attentif aux harmoniques de l’instant, il avance « vers le fond des choses où une loi originelle entretient leur croissance » (Klee).

Préface et traduction par Zéno Bianu

LIEOU YI-MING

THOMAS CLEARY

Yi King

Édition du Seuil

Tableau d’Isabel Schiffmacker

Amitiés

Claude Sarfati

Le Yin et le Yang

La philosophie Chinoise (du moins dans toute la partie connue de son histoire) est dominée par les notions de Yin et de Yang. Rappelons qu’il ne nous est parvenu aucun fragment ( où se retrouve une préoccupation philosophique) qui puisse être estimé sensiblement antérieur au cinquième siècle. Tous les interprètes le reconnaissent. Tous aussi considèrent ces emblèmes avec la nuance de respect qui s’attache aux termes philosophiques et qui impose de voir en eux l’expression d’une pensée savante. Enclins à interpréter le Yin et le Yang en leur prêtant la valeur stricte qui semble convenir aux créations doctrinales, ils s’empressent de qualifier ces symboles chinois en empruntant des termes au langage défini des philosophes d’Occident. Aussi déclarent-ils tout uniment tantôt que le Yin et le Yang sont des forces, tantôt que ce sont des substances. Ceux qui les traitent de forces – telle est, en général, l’opinion des critiques chinois contemporains – y trouvent l’avantage de rapprocher ces antiques emblèmes des symboles dont use la physique moderne. HU SHIH, The development of logic al method in anscient China, et (à sa suite) TUCCI, storia della filosofia cinese antica, p 15, et SUZUKI, A brief history of early chinese philosophy, p 15. Les autres – ce sont des Occidentaux – entendent réagir contre cette interprétation anachronique. Maspero, la Chine antique pp. 482-483. Des idées assez différentes et qui semblent s’inspirer d’une autre interprétation sont exprimées aux pages 273 et suivantes du même ouvrage. COMP. WIEGER, Histoire des croyances religieuses et des opinions philosophiques en Chine, depuis l’origine jusqu’à nos jours, p. 127. Ils affirment donc (tout à l’opposé) que le Yin et le Yang sont des substances, – sans songer à se demander si, dans la philosophie de la Chine ancienne, s’offre la moindre apparence d’une distinction entre substances et forces. Tirant argument de leur définition, ils prêtent à la pensée chinoise une tendance vers un dualisme substantialiste et se préparent à découvrir dans le Tao la conception d’une réalité suprême analogue à un principe divin. Maspero, op. cit., p.483, note 1, et pp. 499 sqq. Pour échapper à tout parti pris, il convient de passer en revue les emplois anciens des termes yin et yang, – ceci en évitant tout pédantisme chronologique et en songeant aux dangers de la preuve par l’absence. – C’est aux premiers astronomes que la tradition chinoise fait remonter la conception du Yin et du Yang. Ts’ien Han Chou, 30, p 15 b. De fait, on trouve mention de ces symboles dans un calendrier dont l’histoire peut être suivie à partir du troisième siècle avant notre ère. Ce traité, le Yue ling (cf. Li ki, c., pp. 330 sqq.), nous est parvenu dans trois éditions conservées par le Lu che tch’ouen ts’eiou, Houai-nan tseu, et le Li ki. Il est à la mode, de nos jours, d’attribuer aux théoriciens de la divination la première idée d’une conception métaphysique du Yin et du Yang; ces termes apparaissent en effet assez fréquemment dans un opuscule se rapportant à l’art divinatoire. Ce traité a longtemps passé pour être l’œuvre de Confucius (début du cinquième siècle). On préfère aujourd’hui le dater des quatrième et troisième siècle. Ce traité, le Hi ts’eu est un appendice du manuel divinatoire nommé Yi King (cf. Yi King, L., 348 sqq). Comp. Les prolégomènes de Legge (ibid. , pp. 26 sqq.; pp. 36 sqq.), et Maspero, op. cit., p480. Les théoriciens de la musique n’ont jamais cessé de fonder leurs spéculations sur le thème d’une action concertante (tiao) prêtée au Yin et au Yang. Ce thème est l’un de ceux qu’aime tout particulièrement à évoquer Tchouang tseu, auteur du quatrième siècle, dont la pensée se rattache au courant taoïste. SMT, III, pp. 301 sqq. et le P. Wieger, Les pères du système taoïste, p. 321. Une allusion, courte et précise, à cette action concertante, se retrouve dans un passage de Mö tseu. Mö tseu, 7. cf. Forke: Mo Ti, des Socialethikers und seiner Schüler philosophische Werke, p. 324. Maspero professe que les auteurs du Hi ts’eu sont les inventeurs de la théorie du Yin et du Yang; aussi admet-il (le Hi ts’eu étant jugé postérieur à l’œuvre de Mö tseu) que ce passage est interpolé, tout en reconnaissant qu’il fait partie dun chapitre de cette œuvre estimé authentique. Comme la doctrine de Confucius, celle de Mö tseu se rattache à une tradition de pensée humaniste. Son œuvre date de la fin du cinquième siècle av. J.-C. Ajoutons que les termes yin et yang figurent dans la nomenclature géographique: celle-ci, au moins pour ce qui est des lieux saints et des capitales, s’inspirait certainement de principes religieux. – Dès la période qui s’étend du cinquième au troisième siècle, les symboles Yin et Yang se trouvent employés par des théoriciens d’orientation très diverses. Cet emploi très large donne l’impression que ces deux symboles signalent des notions inspirant un vaste ensemble de techniques et de doctrines.

Cette impression se trouve confirmée dés que l’on songe à vérifier dans le Che king l’usage des mots yin et yang. On néglige d’ordinaire d’en tenir compte. On suppose qu’il ne peut s’agir que d’emplois vulgaires auxquels on dénie tout intérêt philosophique. Le Che king, cependant, quand il s’agit d’une étude de termes et de notions, fournit le fond le plus solide: ce recueil poétique, dont la compilation ne peut être postérieure au début du cinquième siècle, est, de tous les documents anciens, celui qui a le mieux résisté aux interpolations. Dans la langue du Che king, le mot yin évoque l’idée de temps froid et couvert, de ciel pluvieux; il s’applique à ce qui est intérieur (nei) et, par exemple, qualifie la retraite sombre et froide où, pendant l’été, on conserve la glace. Le mot Yang éveille l’idée d’ensoleillement et de chaleur; il peut encore servir à peindre le mâle aspect d’un danseur en pleine action; il s’applique aux jours printaniers où la chaleur solaire commence à faire sentir sa force et aussi au dixième mois de l’année où débute la retraite hivernale. Les mots yin et yang signalent des aspects antithétiques et concrets du Temps. Ils signalent, de même, des aspects antithétiques et concrets de l’Espace. Yin se dit versants ombreux, de l’ubac (nord de la montagne, sud de la rivière); Yang, des versants ensoleillés (nord de la rivière, sud de la montagne), de l’adret, bonne exposition pour une capitale. Or, quand il s’agissait de déterminer l’emplacement de la ville, le Fondateur, revêtant ses ornements sacrés, commençait par procéder à une inspection des sites à laquelle succédaient des opérations divinatoires: cette inspection est qualifiée d’examen du Yin et du Yang (ou, si l’on veut traduire, d’examen des versants sombres ou ensoleillés). Il est sans doute utile de rappeler ici que le dixième mois de l’année, qualifié de mois yang par le Che king, est celui où les rites ordonnaient de commencer les constructions: on doit penser qu’on en choisissait alors le site. Les premiers jours du printemps sont ceux où les constructions doivent être terminées et, sans doute, inaugurées; à ces jours convient aussi l’épithète yang. Ces témoignages, les plus anciens et les plus certains de tous ceux qu’on possède, ne peuvent être négligés. Ils signalent la richesse concrète des termes yin et yang. Ces symboles paraissent avoir été utilisés par des techniques variées: mais ce sont toutes des techniques rituelles et elles se rattachent à un savoir total. Ce savoir est celui dont l’analyse des représentations de Temps et d’Espace a pu faire pressentir l’importance et l’antiquité. Il a pour objet l’utilisation religieuse des sites et des occasions. Il commande la liturgie et le cérémonial: l’art topographique comme l’art chronologique. De ce savoir dépend l’ensemble des techniques dites divinatoires.

 Marcel Granet

La pensée chinoise

Editions Albin Michel

 

Amitiés

Claude Sarfati

La création du monde dans la mythologie chinoise

La Chine a une riche tradition de mythes de la création. Il existe six récits indépendants où différentes figures occupent un rôle et une fonction importants. Un des plus anciens mythes est centré autour de la déesse archaïque appelée « Femme Gua » (Nu Gua). Le nom « Gua » signifie « créature semblable à un escargot »: on attribuait le pouvoir de régénération aux insectes ou aux reptiles qui se dépouillent de leur peau ou de leur coquille.

Les mythes qui la concernent sont partiellement obscurcis par le sexisme des commentateurs médiévaux, mais ils sont présents, bien de manière évasive, dans les textes les plus anciens.

Il est raconté que Femme Gua accomplit soixante-dix transformations à partir desquelles le cosmos et tous les vivants prirent forme. Sa divinité était si puissante que ses entrailles se métamorphosèrent en dix divinités appelées « Entrailles de Femme Gua ».

Un autre mythe de la création est raconté par un auteur taoïste, le philosophe Zhuangzi (IV° siècle avant notre ère). Il se sert de mythes anciens pour illustrer certaines perspectives philosophiques, telles que le danger des interventions politiques et la charité mal ordonnée.

Le mythe de la création raconté dans son livre Zhuangzi se rapporte au dieu du Chaos mourant, dont la destruction est nécessaire pour que l’univers puisse prendre forme.

Il est centré autour de Désordre Epais (Hundun), qui n’a pas de visage ni d’ouverture faciale. Le dieu Hundun gouvernait le centre du monde, les dieux des Eaux du Sud et du Nord régnant, eux, sur ses deux côtés. Ces deux dieux des Mers rendaient souvent visite à Hundun; en remerciement pour son hospitalité, ils décidèrent que, puisqu’il n’avait pas de visage, ils lui donneraient sept ouvertures pour qu’il puisse voir, entendre, manger et respirer. Ils ciselèrent une ouverture chaque jour, mais le septième jour Hundun mourut.

Dans un autre texte, ce dieu du Chaos est décrit comme ressemblant à une outre jaune et rouge telle une flamme cinabre, avec six pieds et quatre ailes, mais sans visage ni yeux.

Un troisième mythe représente une image éclatante du monde. Il relate que la vapeur primitive émergèrent les deux forces cosmiques Yin et Yang.

Le ciel apparut comme une voûte ronde qui couvrait les quatre côtés de la terre plate, ciel et terre étant tenus ensemble par d’énormes montagnes (ou, dans une variante, par des piliers) retenues par des cordes. L’image du monde est si ressemblante avec la cosmologie de l’Egypte ancienne qu’il est possible que ce mythe reflète une transmission culturelle venue d’Egypte à travers l’Asie centrale.

Un quatrième mythe donne plus de détails sur les forces cosmiques Yin et Yang. Il relate qu’avant le début du monde il n’y avait qu’une vaste masse de vapeur informe. De cet élément primordial sortit la force Yin, qui est sombre, froide, marquée d’ombre, lourde, féminine et passive, et la force Yang qui est lumière, chaleur, soleil, éther, masculine et active. L’interaction entre Yin et Yang créa les quatre saisons et le monde naturel.

Le Yang donna naissance au feu et au soleil, le Yin à l’eau et à la lune puis aux étoiles.

Le mythe de la séparation entre ciel et terre appartient aux récits de la création. Il décrit un dieu du Ciel monstrueusement déformé appelé Souci Affectueux (Zhuan Xu) qui règne sur le pivot du ciel. Il ordonna à son petit-fils Chong de soutenir le ciel pour l’éternité et à son autre petit-fils Li de maintenir la terre pour toujours. Dans l’Antiquité, on croyait que, si les deux éléments du ciel et de la terre n’étaient pas maintenus séparés, le cosmos retournerait au chaos.

Le mythe de la création le plus intéressant est centré sur le géant Antique Enroulée (Pan Gu), le premier né, un humain demi-dieu. Il raconte comment, alors qu’il gisait mourant et que la vie le quittait, son souffle devint le vent et les nuages, sa voix le tonnerre, ses yeux le soleil et la lune, et ses membres des montagnes. Les fluides de son corps se transformèrent en pluie et en rivières, sa chair en terre. Ses cheveux devinrent les étoiles, ses poils, la végétation. Ses dents, ses os et sa moelle se transformèrent en minéraux. Les insectes sur son corps devinrent des êtres humains. Ce mythe est composé d’une série de métamorphoses où les différentes partie de son corps deviennent des parties analogues de l’univers. C’est un des nombreux mythes du corps cosmologique existant dans le monde; il contient les récits importants du dieu mourant et du dieu nourrissant, qui donne son corps pour le bien de l’humanité.

Une autre version du mythe d’Antiquité Enroulée raconte que, au début du temps, toute matière était semblable à un œuf de poule. Après dix-huit mille ans, elle se sépara entre la matière Yang éthérée, qui s »‘éleva pour former le ciel, et la matière lourde Yin, qui tomba pour former la terre. Antiquité Enroulée naquit entre ces éléments primordiaux sacrés quand ils se séparèrent. Le géant subit neuf métamorphoses et devint aussi divin et sage que le ciel et la terre.

Dix-huit mille ans plus tard, le ciel, la terre et le premier homme atteignirent leur taille maximale et formèrent une trinité composée du Ciel, de la Terre et de l’Humanité. Plus tard, Trois Divinités Souveraines émergèrent (leurs noms varient). La suite du récit raconte comment furent créés les nombres et les distances fixes: il fournit ainsi le mythe étiologique de la science et des mathématiques.

Les deux mythes de création d’Antiquité Enroulée sont les derniers transcrits parmi ces six récits et proviennent d’une minorité ethnique du sud-ouest de la Chine. Transcrits au VI° siècle de notre ère environ, ils furent probablement rapportés d’Asie centrale.

Le premier des deux, le mythe du corps humain cosmologique, devient le récit orthodoxe de la création du monde en Chine.

Source: Mythes chinois

               Anne Birrel

Editions: POINTS SAGESSES(2005)

Le Livre de la Voie et de la Vertu par Le père Claude Larre

claude-larre1

Claude Larre (1919-2001)

Claude Larre  était  un homme (devenu Jésuite très jeune) qui contribua activement à ouvrir les yeux des Occidentaux aux richesses Orientales et plus particulièrement à la pensée chinoise. il est le fondateur de l’institut Ricci.

Sa traduction du Dao De Jing parue en 1977, puis republié en 2002 et en 2006 est un bijou,

Il m’a permis de redécouvrir un livre qui traîne dans mes affaires depuis près de trente ans.

Si vous ne l’avez pas, n’hésitez pas un instant à vous le procurer !

Voici, un passage de l’introduction de Claude Larre à sa traduction:

…Le chinois, qui s’écrit en idéogrammes, se développe ici en prose cadencée. Un souffle unificateur emporte tout : la magie du cinéma et du synthétiseur envahit notre esprit. L’esprit vient au contact, dans la fête des sens, avant même que l’on comprenne intellectuellement ce qui se dit. L’enchaînement logique est un enchantement : on sent le monde qui s’arrondit autour de soi, comme l’espace s’ouvre devant et se referme derrière un cavalier. La peine nous quitte avec le lâcher-prise et l’agrément d’une promenade à cheval lui succède. Car la perspective cavalière – toute la peinture de paysage le montre – c’est la perspective chinoise même.

Cependant, contrairement à l’opinion répandue qui voudrait que le Livre de la Voie et de la Vertu soit étrange, bordant l’incompréhensible, nous sommes de l’opinion que rien n’est plus facile à comprendre et à pratiquer.

« Mes paroles si faciles à comprendre

Si faciles à mettre en pratique

Personne ne les comprend

Personne ne les pratique »

Aussi longtemps que nous nous obstinerons à substituer à la logique du Dao De Jing, qui est la logique ordinaire chinoise du vivant, notre logique un peu mécaniste, informatisée aujourd’hui et pour tout dire arithmétique, nous peinerons à saisir un texte qui obéit plutôt aux nécessités d’un message qu’a celle d’un discours.

Dés que nous admettons être en présence de mieux qu’une doctrine, d’un manifeste pour exprimer l’indicible, l’innommable qui est au cœur de la vie, le texte devient accessible, car c’est souvent la dérive intellectualiste qui empêche de saisir le Lao zi.

Libérons donc en nous la puissance qui, par-delà la grammaire et la réflexion, permet de comprendre la leçon du Lao zi. Cessons de caresser des rêves et commençons enfin à apprivoiser la réalité.

Dao De Jing, Le livre de la Voie et de la Vertu, LAO ZI

Traduction et présentation de Claude LARRE  (p. 23)

Editions Desclée De Brouwer, Paris.

Bonne lecture,

Amitiès: Claude Sarfati