… Ainsi, dans ma conversation avec moi-même, j’ai découvert que le sentiment de solitude est créé par la pensée.
La pensée s’est maintenant rendue compte par elle-même qu’elle est limitée et qu’elle ne peut donc pas résoudre le problème de la solitude.
Puisqu’il en est ainsi, le sentiment de solitude existe-t-il?
La pensée a crée ce sentiment de solitude, de vide, parce qu’elle est limitée, fragmentaire, divisée; or, quand elle prend conscience de cela, le sentiment de solitude n’est pas et, partant, il y a libération de l’attachement.
Je n’ai rien fait; j’ai observé mon attachement, ce qu’il suppose, la rapacité, la peur, l’impression de solitude et tout cela; et, en le suivant à la trace, en l’observant, non pas en l’analysant, mais simplement en regardant et regardant, le fait que c’est la pensée qui a fait tout cela apparaît.
La pensée, étant fragmentaire, a créé cet attachement.
Lorsqu’elle s’en rend compte, l’attachement cesse.
Il n’y a pas d’effort du tout.
Car sitôt qu’il y a effort
le conflit réapparaît.
Dans l’amour il n’y a aucun attachement; s’il y a attachement, l’amour n’est pas.
Or le facteur principal a été suprimé par la négation de ce que l’amour n’est pas, par la négation de l’attachement.
Dans ma vie quotidienne cela veut dire qu’il n’y a aucun souvenir de quoique ce soit que ma femme, ma compagne ou ma voisine ait fait pour me blesser, aucun attachement à une image que la pensée a créée d’elle.
Comment elle m’a malmené, comment elle m’a réconforté, comment je lui dois un plaisir sexuel, toutes les différentes choses au sujet desquelles le mouvement de la pensée a créé des images;
l’attachement à ces images a disparu.
Il y a encore d’autres facteurs.
Dois-je les explorer tous, pas à pas, l’un aprés l’autre?
Ou est-ce que tout est terminé?
Dois-je investiguer
comme je l’ai fait pour l’attachement
vivre et explorer la crainte, le plaisir, le désir de réconfort?
Je vois que je n’ai pas besoin de reprendre, étape par étape, une enquête sur tous ces divers facteurs.
Je le perçois d’un seul coup d’oeil; j’ai saisi.
J.Krishnamurti (extrait d’une discussion qui eut lieu lors du Brockood Park Gathering, le 30 août 1977)