La « Restauration » du Tarot de Marseille

En 1997, paraît un Tarot de Marseille signé par Jodorowski et Philippe Camoin.

Philippe Camoin est le dernier héritier des Maîtres Cartiers marseillais… La Maison CAMOIN remonte à Nicolas CONVER qui grave en 1760 son Tarot de Marseille en perpétuant la tradition de maîtres beaucoup plus ancien dont François Chosson (1672) est un exemple. Au XIXe siècle, la Maison Camoin recueille la tradition de tous les maîtres cartiers marseillais et devient l’unique à Marseille.

je ne suis pas expert en la matière, il existe à ce sujet des points de vues divergeants. Pour approfondir la connaissance historique du (ou des) Tarots de marseille, on peut visiter le site de Corinne Morel,JC Flornoy, d’Alain Bougearel, le fameux site TRIONFI, etc.

Alexandro Jodorowsky a publié (éditions Albin Michel) «La Voie du Tarot», aidé par Marianne Costa, qui a recueilli soigneusement une foule de renseignements qu’Alexandro dispense dans ses conférences publiques, leçons diverses et dans ses cours. Il en résulte une véritable somme, très attendue il faut bien le dire.

Tout en commençant par raconter une partie de sa vie et sa rencontre avec les Arcanes, Jodorowsky explique les origines des cartes. Il tire le parallèle avec l’arbre des sephirots réunis par 22 chemins de vie, chiffre identique aux 22 arcanes majeurs du Tarot. Il décrit également ses diverses recherches, sa mémorisation soigneuse de tous les détails des cartes.

Vint la rencontre avec Philippe Camoin, le dernier héritier de la tradition des maîtres cartiers marseillais. Jodorowsky raconte comment son idée de thérapie à la rencontre du père (Philippe Camoin a perdu son père dans un accident) est devenu une ?uvre sacrée de restauration du Tarot de Marseille. Les obstacles, paraissant insurmontables, ne sont pas cachés.

Le souvenir d’un très ancien jeu, qu’un antiquaire avait voulu vendre à Jodorowsky, resurgit et, comme par miracle, ce jeu peint à la main fut retrouvé chez le descendant de l’antiquaire, au Mexique.

Le fil d’Ariane pouvait se dérouler et révéler les trésors que l’on croyait perdus.

Le livre «La Voie du Tarot» donne des explications sur la structure globale et spatiale du jeu. Il détaille également les correspondances numérologiques. Il consacre ensuite un chapitre complet à chaque arcane en donnant des clés pour certains détails, en particulier ceux qui sont réapparus et qui ne se trouvent pas dans les anciens jeux. Des mots-clés, des interprétations traditionnelles complètent l’explication. La structure et la signification des arcanes mineurs sont également clairement exposées. Des exemples de tirages sont donnés, tout en tenant compte de la particularité de la méthode qu’utilise Jodorowsky: en tant que créateur, il invente des tirages pratiquement pour chaque interlocuteur. Il utilise sa créativité et son intuition pour obtenir un reflet adapté à son consultant.

Ce foisonnement expose une manière très ouverte d’appréhender le Tarot de Marseille restauré, de l’apprendre et de l’utiliser. Nul doute que La Voie du Tarot est devenu une référence.

Alexandro Jodorowsky ne cache pas que cette restauration a constitué également une cruelle épreuve. Lui qui connaissait tous les arcanes, les avait intégrés dans ses interprétations, devait se résoudre à admettre de profonds changements.

Par exemple, dans le Tarot de Paul Marteau, le Pendu (arcane XII) n’est pas attaché par un pied, par contre il l’est dans le Tarot restauré, «je dus passer d’un personnage qui avait librement décidé de ne pas agir à un autre qui recevait ses liens comme une loi cosmique contre laquelle il ne pouvait se rebeller, ce qui signifiait que la liberté, pour lui, était d’obéir à la Loi». L’auteur donne d’autres exemples.

«Dans la Maison Dieu apparurent trois marches initiatiques et une porte, ce qui impliquait que les deux personnages ne tombaient pas mais sortaient joyeusement de leur propre volonté… »

De son côté, Philippe Camoin a participé à cette reconstitution en tant qu’héritier d’une tradition. Pour lui cette démarche fut une initiation, elle l’est certainement encore.

Il a rencontré dans de nombreux pays un intérêt croissant pour le Tarot de Marseille restauré avec des attachements très forts au Japon ou en Espagne. Il donne une partie de ses cours dans l’abbaye de Saint-Maximin, dans le Sud de la France.

Ecoutons Alejandro Jodorowski raconter le Tarot de Marseille…

 

Entretien avec Krishnamurti

Voici un entretien exeptionel réalisé par Carlo Suarès pour la revue Planète (n°14 / jan-fev 1964). Ce texte a été rédigé sur les notes prises au cours d’une semaine d’entretien qui ont eu lieu en français. Il a été lu et corrigé par Krishnamurti lui-même. On peut y voir une mise au point d’une des pensée les plus originales qui soient, et , peut-être une sorte de testament spirituel.

Krishnamurti : Que me veulent-ils, vos amis de Planète ? Veulent-ils des faits réels, ou simplement de l’érudition ? Pensent-ils que je leur apporterai des résultats de lectures ? Des conclusions ? Des opinions ? Des synthèses ? Des idées ?

Carlos Suarès : Ce n’est pas ce qu’ils veulent.

Krishnamurti : Dites-leur que je n’ai rien lu, que je n’ai pas de références. Pour moi, il n’y a de mutation psychologique que lorsque cesse le processus additif.

Carlos Suarès : Vous venez de prononcer le mot de mutation. C’est un mot que l’on trouve souvent dans Planète. mais accompagné, en général, de l’idée que la métamorphose de ce monde moderne peut nous amener, comme naturellement, à un changement d’état intérieur, tandis que vous voulez une révolution totale et immédiate de la conscience, que ne peut provoquer aucune évolution.

Krishnamurti : Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l’homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d’heure en heure plus fantastiques ; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs ; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie.

Nous savons que les données les mieux établies de la science s’écroulent ; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement. Nous savons tout cela ; il n’est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque.

Dans la confusion actuelle, l’homme est à la recherche d’une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques.

Les religions sont devenues des superstructures qui n’ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse : le Temps, la Douleur, la Peur…

Mutation, Religions, Peur…

Carlos Suarès : C’est là que nous pouvons entreprendre un débat. Je crois que de nombreux lecteurs de Planète vous diront ceci, puisqu’ils sont aussi d’accord pour constater que le milieu est en plein bouleversement : pourquoi, dès lors, ne. pas penser que ce formidable mouvement ne se produira pas en même temps dans nos cerveaux ?

Krishnamurti : . Nous pouvons, en effet, le penser. Mais est-ce cela que l’on peut appeler une mutation ? Avoir un cerveau électronique ? Le cerveau n’est pas toute la conscience.

Carlos Suarès : Il ne s’agit pas que du cerveau. Notre conscience s’élargit à la mesure de la planète, et ce qui se passe à l’autre bout du monde…

Krishnamurti : Oui, oui, ,j’ai compris…

Carlos Suarès : … Les moines bouddhistes qui se font briller, les noirs d’Amérique…

Krishnamurti : Mais oui, mais oui, ils font partie de nous, et l’effroyable misère en Asie, et toutes les tyrannies partout, et la cruauté, et l’ambition, et l’avidité, et les innombrables conflits du monde ; nous sentons tout cela.

Tout cela, c’est nous. Ayez tout cela totalement présent à l’esprit, et voyez à quelle extraordinaire profondeur doit se faire la mutation.

Carlos Suarès : Il y a en ce moment, en France, un courant de pensée qui, constatant que la complexité du milieu humain est devenue inextricable, souhaiterait que puisse se constituer une pensée humaine collective, capable de rassembler en une synthèse les fils épars de nos connaissances…

Krishnamurti : Quelles autres questions voyez-vous ?

Carlos Suarès : La question religieuse, naturellement. Peut-on prévoir une religion de l’avenir basée sur une meilleure connaissance du Cosmos et sur le sentiment que l’homme en fait partie ?

Krishnamurti: Et quoi encore ?

Carlos Suarès : On m’a chargé de vous demander ce que vous pensez du fait qu’au tréfonds de l’homme moderne, qu’il soit jeune ou vieux, il y a la peur…

Krishnamurti : Je vois. Si vous le voulez bien, nous allons nous mettre au travail… Mais êtes-vous sûr que Planète acceptera de publier tout ce que je dirai ?

Carlos Suarès : J’en ai l’assurance formelle. Pouvez-vous, en une phrase, me donner l’essentiel de ce que vous vous proposez de faire ?

Krishnamurti : Déconditionner la totalité de la conscience.

Carlos Suarès : Vous voulez dire que vous demandez à chacun de déconditionner l’absolue totalité de sa propre conscience ? Permettez-moi de vous dire que ce qui déconcerte le plus, dans votre enseignement, c’est votre insistante affirmation que ce décondi- tionnement total de la conscience n’a besoin d’aucun temps.

Krishnamurti : Si c’était un processus évolutif, je ne l’appelerais pas mutation. Une mutation est un changement d’état brusque.

La mutation psychologique n’est pas ce que vous croyez.

Carlos Suarès : Je n’imagine pas un « mutant », c’est-à-dire un homme changeant d’état de conscience, qui n’emporterait pas avec lui la résultante de tout le passé. L’homme modifie le milieu et le milieu le modifie…

Krishnamurti : Non : l’homme modifie le milieu et le milieu modifie telle partie de l’homme qui est branchée sur la modification du milieu, non l’homme tout entier, dans son extrême profondeur.

Aucune pression extérieure ne peut faire cela : elle ne modifie que des parties superficielles de la conscience. Aucune analyse psychologique ne peut non plus provoquer la mutation car toute analyse se situe dans le champ de la durée. Et aucune expérience ne peut la provoquer, quelque exaltée et« spirituelle » qu’elle soit.

Au contraire, plus elle apparaît comme une révélation, plus elle conditionne. Dans les deux premiers cas – modification psychologique produite par l’analyse ou introspection, et modification produite par une pression extérieure – l’individu ne subit aucune transformation profonde : il n’est que modifié, façonné, réajusté, de manière à être adapté au social.

Dans le troisième cas. modification amenée par une expérience dite spirituelle, soit conforme à une foi organisée, soit toute personnelle, l’individu est projeté dans l’évasion que lui dicte l’autorité de quelque symbole.

Dans tous les cas il y a action d’une force contraignante prenant appui sur une morale sociale, c’est-à-dire un état de contradiction et de conflits.

Toute société est contradictoire en soi. Toute société exige des efforts de la part de ceux qui la constituent. Or contradiction, conflit, effort, compétition sont des barrières qui empêchent toute mutation, car mutation veut dire liberté.

Carlos Suarès : D’où les évasions dans les symboles ?

Krishnamurti : II n’y a d’images symboliques que dans les parties inexplorées de la conscience. Même les mots ne sont que des symboles. Il faut crever les mots.

Carlos Suarès : Mais les théologies…

Krishnamurti : Laissons là les théologies. Toute pensée théologique manque de maturité.

Ne perdons pas le fil de notre entretien. Nous en étions à l’expérience, et nous disions que toute expérience est conditionnante. En effet, toute expérience vécue – et je ne parle pas seulement de celles dites spirituelles – a nécessairement ses racines dans le passé.

Qu’il s’agisse de la réalité ou de mon voisin, ce que je reconnais implique une association avec du passé. Une expérience dite spirituelle est la réponse du passé à mon angoisse, à ma douleur, à ma peur, à mon espérance.

Cette réponse est la projection d’une compensation à un état misérable. Ma conscience projette le contraire de ce qu’elle est, parce que je suis persuadé que ce contraire exalté et heureux est une réalité consolante.

Ainsi, ma foi catholique ou bouddhiste construit et projette l’image de la Vierge ou du Bouddha, et ces fabrications éveillent une émotion intense dans ces mêmes couches de conscience inexplorées qui, l’ayant fabriquée sans le savoir, la prennent pour la réalité.

Les symboles, ou les mots, deviennent plus importants que la réalité. Ils s’installent en tant que mémoire dans une conscience qui dit : « Je sais, car j’ai eu une expérience spirituelle. » Alors les mots et le conditionnement se vita- lisent mutuellement dans le cercle vicieux d’un circuit fermé.

Carlos Suarès : Un phénomène d’induction ?

Krishnamurti : Oui. Le souvenir de l’émotion intense, du choc, de l’extase engendre une aspiration vers la répétition de l’expérience, et le symbole devient la suprême autorité intérieure, l’idéal vers lequel se tendent tous les efforts. Capter la vision devient un but ; y penser sans cesse et se discipliner , un moyen.

Mais la pensée est cela même qui crée une distance entre l’individu tel qu’il est et le symbole ou l’idéal. Il n’y a de mutation possible que si l’on meurt à cette distance. La mutation n’est possible que lorsque toute expérience cesse totalement. L’homme qui ne vit plus aucune expérience est un homme éveillé. Mais voyez ce qui se passe partout : on recherche toujours des expériences plus profondes et plus vastes. On est persuadé que vivre des expériences, c’est vivre réellement.

En fait, ce que l’on vit n’est pas la réalité, mais le symbole, le concept, l’idéal, le mot. Nous vivons de mots. Si la vie dite spirituelle est un perpétuel conflit, c’est parce qu’on y émet la prétention de se nourrir de concepts comme si, ayant faim, on pouvait se nourrir du mot « pain ». Nous vivons de mots et non de faits.

Dans tous les phénomènes de la vie, qu’il s’agisse de la vie spirituelle, de la vie sexuelle, de l’organisation matérielle de nos affaires ou de nos loisirs, nous nous stimulons au moyen de mots. Les mots s’organisent en idées, en pensées et, sur ces stimulants, nous croyons vivre d’autant plus intensément que nous avons mieux su, grâce à eux, créer des distances entre la réalité (nous, tels que nous sommes) et un idéal (la projection du contraire de ce que nous sommes). Ainsi, nous tournons le dos à la mutation.

Mourez au temps, aux systèmes, aux mots

Carlos Suarès : Récapitulons. Tant qu’existe dans la conscience un conflit, quel qu’il soit, il n’y a pas mutation. Tant que domine sur nos pensées l’autorité de l’église ou de l’état, il n’y a pas mutation.

Tant que notre expérience personnelle s’érige en autorité intérieure, il n’y a pas mutation.

Tant que l’éducation, le milieu social, la tradition, la culture, bref notre civilisation, avec tous ses rouages, nous conditionne, il n ‘y a pas mutation.

Tant qu’il y a adaptation, il n’y a pas mutation.

Tant qu’il y a évasion, de quelque nature qu’elle soit, il n’y a pas mutation.

Tant queje m’efforce vers une ascèse, tant que je crois à une révélation, tant que j’ai un idéal quel qu’il soit, il n’y a pas mutation.

Tant que je cherche à me connaître en m’analysant psychologiquement, il n’y a pas mutation.

Tant qu’il y a effort vers une mutation, il n’y a pas mutation.

Tant qu’il y a image, symbole, ou des idées, ou même des mots, il n’y a pas mutation.

En ai-je assez dit ? Non pas. Car, parvenu à ce point, je ne peux qu’être amené à ajouter : tant qu’il y a pensée, il n’y a pas mutation.

Krishnamurti : C’est exact.

Carlos Suarès : Alors, qu’est-ce que cette mutation dont vous parlez tout le temps ?

Krishnamurti : C’est une explosion totale à l’intérieur des couches inexplorées de la conscience, une explosion dans le germe ou, si vous voulez, dans la racine du conditionnement, une destruction de la durée.

Carlos Suarès : Mais la vie même est conditionnement. Comment peut-on détruire la durée et ne pas détruire la vie elle-même ?

Krishnamurti : Vous voulez réellement le savoir ?

Carlos Suarès : Oui.

Krishnamurti : Mourez à la Durée. Mourez à la conception total du Temps : au passé, au présent et au futur. Mourez aux systèmes, mourez aux symboles, mourez aux mots, car ce sont des facteurs de décomposition.

Mourez à votre psychisme car c’est lui qui fabrique le Temps psychologique.

Ce Temps n’a aucune réalité.

Carlos Suarès : Et alors, que reste-t-il, si ce n’est le désespoir, l’angoisse, la peur d’une conscience ayant perdu tout point d’appui et jusqu’à la notion de sa propre identité ?

Krishnamurti : Si un homme me posait cette question ainsi, je lui répondrais qu’il n’a pas fait le voyage, qu’il a eu peur de passer sur l’autre rive. Qu’est-ce que la peur ?

Carlos Suarés : Ce que vous dites fait peur. Et je me demande si la conscience n’a pas, au plus profond d’elle-même, besoin de cette peur.

Cela expliquerait pourquoi celle-ci est toujours entretenue, alimentée par les religions, qui sont censées être des refuges et des tranquillisants.

Elles entretiennent la peur en empêchant la conscience de se percevoir telle qu’elle est. Elles interposent, entre la conscience et la réalité, l’écran des théologies.

Krishnamurti : Ce problème est à la fois profond et vaste. Abordons-le en le tâtant, pour ainsi dire, de divers côtés. La peur est Temps et Pensée. Nous donnons une continuité à la peur au moyen de la pensée, et au moyen de la pensée nous donnons une continuité au plaisir. Ce fait est simple : en pensant à l’objet de notre plaisir, nous conférons au plaisir une continuité, et nous faisons de même pour la peur, en pensant à l’objet de notre peur. Si j’ai peur de vous – ou de la mort, ou d’autre chose -, je pense à vous ou à la mort et j’entretiens ainsi la peur. Si, par contre, il nous arrive de rencontrer face à face l’objet de notre peur, celle-ci cesse.

Carlos Suarès : Comment cela ?

Krishnamurti : Je parle de la peur psychologique, non de la peur d’un danger physique que l’on cherche à écarter, ce qui est naturel. Considérez la peur de la mort. En quoi consiste-t-elle ? On divise la totalité du phénomène vital en vie et mort. La vie est connue et, de la mort, on ne sait rien. A-t-on peur de ce que l’on ne connaît pas ou, plutôt, a-t-on peur de perdre ce que l’on connaît ?

Il est évident que vie et mort sont deux aspects d’un même phénomène. Si l’on cesse de les considérer comme deux phénomènes différents, il n’y a plus de conflit.

Carlos Suarès : Ne pouvons-nous pas nous poser la question de savoir ce qu’est la peur en soi ?

Krishnamurti : II n’y a pas de peur en soi. Il n’y a jamais que la peur de quelque chose.

La question de la mort

Carlos Suarès : Mais n’existe-t-il pas une peur fondamentale ?

Krishnamurti: Non. La peur est toujours la peur de quelque chose. Examinez la question très attentivement et vous le verrez. Toute peur, même inconsciente, est le résultat d’une pensée. La peur généralement répandue dans tous les domaines et la peur psychologique, à l’intérieur du moi, sont toujours la peur de ne pas être. De ne pas être ceci ou cela, ou de ne pas être tout court.

La contradiction évidente entre le fait que tout ce qui existe est transitoire et la recherche d’une permanence psychologique, voilà l’origine de la peur.

Pour être libéré de la peur, on doit explorer l’idée de per- manence dans sa totalité. L’homme qui n’a pas d’illusions n’a pas peur. Cela ne veut pas dire qu’il soit cynique, amer ou indifférent.

Carlos Suarès : Cela veut dire qu’il a vu que la structure psychologique sur laquelle il appuie la notion de son identité n’est pas réelle, qu’elle est verbale.

Krishnamurti : Ainsi, nous voici devant un des problèmes majeurs : la mort. Pour comprendre cette question, non pas verbalement mais en fait, je veux dire pour pénétrer en toute réalité le fait de la mort, on doit se débarrasser de tout concept, de toute spéculation, de toute croyance à son sujet, car toute idée que l’on peut avoir là-dessus est engendrée par la peur.

Si nous sommes sans peur, vous et moi, nous pouvons poser correctement la question de la mort. Nous ne nous demanderons pas ce qui arrive « après », mais nous explorerons la mort en tant que fait. Pour comprendre ce qu’est la mort, toute mendicité tâtonnante dans les ténèbres doit cesser. Sommes-nous, vous et moi, dans cette disposition d’esprit qui ne cherche pas à savoir ce qu’il y a « après la mort », mais qui se demande ce qu’est la mort ? Voyez-vous la différence ? Si l’on se demande ce qu’il y a « après », c’est parce que l’on ne se demande pas ce que c’est.

Et sommes-nous en condition de nous poser cette question ? Peut-on réellement se demander ce qu’est la mort tant que l’on ne se demande pas ce qu’est la vie ? Et est-ce se demander ce qu’est la vie, tant qu’on a des notions, des idées, des théories au sujet de ce qu’elle est ? Quelle est la vie que nous connaissons ?

Nous connaissons l’existence d’une conscience qui se débat sans cesse dans toutes sortes de conflits intérieurs et extérieurs.

Déchirée dans ses contradictions, cette existence est con- tenue dans le cercle de ses exigences et de ses obligations, des plaisirs qu’elle recherche et des souffrances qu’elle fuit. Nous sommes entièrement absorbés par un vide intérieur que l’accumulation de possessions matérielles ou mentales ne peut jamais combler.

Dans cet état, la question de ce qu’est la mort ne peut pas se poser, parce que la question de ce qu’est la vie ne se pose pas.

L’existence que nous connaissons est-elle la vie ? De même, les explications : résurrection des morts, réincarnation, etc., proviennent-elles d’une connaissance de la mort ? Elles ne sont que des projections d’idées que l’on se fait au sujet du fragment d’existence que l’on appelle vie.

Mourir à la structure psychologique avec laquelle on s’identifie ; mourir à chaque minute, à chaque journée, à chaque acte que l’on fait, mourir à l’immédiat du plaisir et à la durée de la peine, et savoir tout ce qui est impliqué dans ce mourir ; alors on est apte à poser la question : qu’est-ce que la mort ?

On ne discute pas avec la mort corporelle. Et pourtant, seuls ceux qui savent mourir d’instant en instant peuvent éviter d’entreprendre avec la mort un impossible dialogue. En cette mort perpétuelle est un perpétuel renouveau, une fraîcheur qui n’appartient pas au monde de la continuité dans la Durée. Ce mourir est création. Création est mort et amour.

Les églises ne peuvent rien

Carlos Suarès : J’ai des questions à vous poser au sujet de la religion. Les plus récentes des grandes religions sont tout de même nées à des époques où la Terre était un disque plat, où le soleil parcourait la voûte du ciel, etc. Jusqu’à une époque récente (Galilée n’est pas loin), elles imposaient par la violence une imagerie enfantine du Cosmos.

Aujourd’hui, ne pouvant faire autrement, elles se mettent au pas de la science et se contentent d’avouer que leurs cosmogonies ne sont que symboliques. Mais elles proclament que, malgré cette capitulation, elles sont les dépositaires de vérités éternelles. Qu’en pensez-vous ?

Krishnamurti : Elles poursuivent leur propagande en vue de conquérir un pouvoir sur les consciences. Elles cherchent à s’emparer de l’enfance pour mieux la conditionner.

Les religions des églises et celles des états proclament la nécessité de toutes les vertus, alors que leur Histoire n’est qu’une série de violences, de terreurs, de tortures, de massacres inimaginables.

Carlos Suarès : Mais ne pensez-vous pas que les églises aujourd’hui sont moins étroitement militantes ? Ne voyons-nous pas les chefs des plus grandes églises déclarer que la fraternité humaine est plus importante que le détail des cultes ?

Krishnamurti : Si une déclaration de fraternité est plus importante que le culte, c’est que le culte a perdu de son importance aux yeux mêmes de ses pontifes.

Ce prétendu universalisme n’est tout au plus qu’une tolérance. Etre tolérant, c’est à peine tolérer le voisin sous certaines conditions. Toute tolérance est intolérance, de même que la non-violence est violence. En vérité, à notre époque, la religion, en tant que véritable communion de l’homme avec ce qui le dépasse, ne joue pas de rôle dans la marche des affaires humaines.

Les organisations religieuses, par contre, sont des instruments politiques et économiques.

Carlos Suarès : Mais ces organisations religieuses ne peuvent-elles pas guider les hommes vers une réalité qui les dépasse ?

Krishnamurti : Non.

Qu’est-ce qu’un esprit libre ?

Carlos Suarès:Passons donc au sentiment religieux. L’homme moderne, qui vit consciemment dans l’univers d’Einstein et non plus dans celui d’Euclide, ne peut-il pas mieux communier avec la réalité de l’univers grâce à une conscience avertie et élargie d’une façon adéquate ?

Krishnamurti : Celui qui veut élargir sa conscience peut aussi bien choisir, parmi les psychodrogues, celle qui lui conviendra le mieux.

Quant à mieux communier avec l’univers grâce à une accumulation d’informations et de connaissances scientifiques au sujet de l’atome ou des galaxies, autant dire qu’une immense érudition livresque, au sujet de l’amour, nous fait connaître l’amour.

Et d’ailleurs votre homme ultra-moderne, si au courant des dernières découvertes scientifiques, aura-t-il pour autant mis le feu à son univers inconscient ?

Tant qu’une seule parcelle inconsciente subsistera en lui, il projettera une irréalité de symboles et de mots au moyen de laquelle il aura l’illusion de communier avec quelque chose de supérieur.

Carlos Suarès : Ne pensez-vous pas, cependant, qu’une religion de l’avenir sur des bases scientifiques est possible ?

Krishnamurti : Pourquoi parle-t-on de religion d’avenir ? Voyons plutôt ce qu’est la vraie religion. Une religion organisée ne peut produire que des réformes sociales, des changements superficiels. Toute organisation religieuse se situe nécessairement à l’intérieur d’un cadre social.

Je parle . d’une révolution religieuse qui ne peut avoir lieu qu’en dehors de la structure psychologique d’une société, quelle qu’elle soit. Un esprit vraiment religieux est dénué de toute peur, car il est libre de toutes les structures que les civilisations ont imposées au cours de millénaires.

Un tel esprit est vide, en ce sens qu’il s’est vidé de toutes les influences du passé, collectif et personnel, ainsi que des pressions qu’exerce l’activité du présent qui crée le futur.

Carlos Suarès : Un tel esprit, du fait qu’il s’est vidé de son contenu qui en vérité le contenait, est extraordinairement libre…

Krishnamurti : Il est libre, vif et totalement silencieux. C’est le silence qui importe. C’est un état sans mesure. Alors seulement peut-on voir, mais non en tant qu’expérience, Cela qui n’a pas de nom, qui est au-delàde la pensée, qui est énergie sans cause.

A défaut de ce silence créateur, quoi que l’on fasse, il n’y aura sur terre ni fraternité ni paix, c’est-à-dire pas de vraie religion.

Carlos Suarès : Toutes les religions préconisent quelque forme de prière, quelque méthode de contemplation en vue d’entrer en communion avec une réalité supérieure, dont le nom, Dieu, Atman, Cosmos, etc. varie. Par quel acte religieux procédez-vous ? Est-ce que vous priez ?

Krishnamurti : La répétition de mots sanctifiants calme un esprit agité en l’endormant.

La prière est un calmant qui permet de vivre à l’intérieur d’un enclos psychologique sans éprouver le besoin de le mettre en pièces, de le détruire. Le mécanisme de la prière, comme tous les mécanismes, donne des résultats mécaniques.

Il n’existe pas de prière capable de transpercer l’ignorance de soi. Toute prière adressée à ce qui est illimité présuppose qu’un esprit limité sait où et comment atteindre l’illimité. Cela veut dire qu’il a des idées, des concepts, des croyances à ce sujet, et qu’il est pris dans tout un système d’explications, dans une prison mentale.

Loin de libérer, la prière emprisonne. Or, la liberté est l’essence même de la religion, dans le vrai sens de ce mot. Cette essentielle liberté est déniée par toutes les organisations religieuses, e n dépit de ce qu’elles disent. Loin d’être un état de prière, la connaissance de soi est le début de la méditation. Ce n’est ni une accumulation de connaissances sur la psychologie, ni un état de soumission dite religieuse, où l’on espère la grâce.

C’est ce qui démolit les disciplines imposées par la Société ou l’église. C’est un état d’attention et non une concentration sur quoi que ce soit de particulier. Le cerveau étant tranquille et silencieux observe le monde extérieur et ne projette plus aucune imagination ni aucune illusion. Pour observer le mouvement de la vie, il est aussi rapide qu’elle, actif et sans direction.

Alors seulement, l’immesurable, l’intemporel, l’infini peut naître. C’est cela, la vraie religion.

Ce qui reste à éveiller

Carlos Suarès : Pensez-vous qu’une pensée collective, qu’une intelligence collective, ayant enregistré et synthétisé les récentes acquisitions de toutes les sciences, si elle pouvait se constituer, serait à même de guider l’humanité vers une saine évolution ?

Krishnamurti : Du char à boeufs à la fusée astronautique la progression est due à une certaine partie du cerveau. Se développerait-elle, cette partie, encore des millions de fois, elle ne ferait pas avancer d’un pas le problème fondamental que se pose la conscience humaine à son propre sujet. Et elle se développera. Ce processus est irréversible et nécessaire.

Mais il existe une autre partie du cerveau qui n’est pas éveillée et que nous pouvons vitaliser dès aujourd’hui. Cet éveil n’est pas une question de temps. C’est une explosion révolutionnaire qui, aux sources de toute chose, surgit et empêche que se cristallise, que se durcisse, par les dépôts du passé, une structure psychologique.

Cette lucidité aborde chaque problème au fur et à mesure qu’il se présente, et l’importance du problème devient secondaire.

La liberté et la paix ne pourront s’instaurer dans le monde que si ce surgissement, qui est énergie sans cause, ni individuelle ni collective, est vivant.

© Copyright 1963 by Krishnamurti Writtings Inc

Le tarot à travers des rencontres

J’ai rencontré Le bateleur en la personne de Benoît.

C’était en 1980 en Gréce j’ai croisé ce jeune belge dans un petit village crétois : Pitsidia.

Il parlait et écrivait onze langues dont le grec moderne et ancien.

C’était un sang bleu, issu d’une vieille noblesse rigide, cupide, égoïste selon ses dires.

Benoît était un garçon un peu plus âgé que moi, il avait déjà pas mal roulé sa bosse, parti très jeune de chez lui, il avait acquis la maturité des voyageurs sans peur et sans reproche.

Nous sommes rapidement devenus des amis, nos curiosités se confondaient.

Un ami m’a dit un jour que c’est au volume du sac d’un voyageur que l’on pouvait savoir de qui il s’agissait : le sac de Benoît était une énorme valise remplie de livres.

Je me moquais souvent de son fardeau en lui disant qu’il transportait toute la science du monde et pas un seul slip digne de ce nom.

Un jour, alors que nous travaillions ensemble dans une usine de conditionnement de concombres, il me dit :

– Tu ne voudrais pas partir en Turquie?

Certes, Benoît connaissait bien ce pays, en parlait bien-sûr la langue, c’était un gars en qui j’avais toute confiance ; mais nous n’avions pas dix drachmes à tous les deux !

Je lui ai souri en tapant sur mes poches usées et vides.

– Ouais , mais je t’expliquerai…

Le soir même au Kafénéon de Pitsidia, il m’a raconté avoir rencontré un pasteur Allemand, qui faisait une forte déprime et avait dit à Benoît qu’il aimerait l’accompagner en Turquie et nous offrir le voyage à tous les trois.

– ça ne se fait pas ! ai-je répondu en descendant d’un trait mon Raki.

J’ai rencontré notre nouvel ami pasteur, je lui ai dit que ça me gênait d’accepter son offre…

– Je comprends m’a t’il répondu en regardant ses genoux fixement.

J’ai continué la discussion en disant que de toutes les façons il ne pouvait être question que d’une avance…

– Bien-sûr, je comprends…

Pour lui prouver mon honnêteté, je lui ai proposé un gage (pensant à ma montre)

-Tu as un pantalon en velours ?

J’étais surpris par sa requête mais bon…

– Je vais le laver d’abord ( je n’avais que deux pantalons).

-Non, non, tu me le donneras plus tard, je n’en n’ai pas besoin.

– Je comprends, mais je voyais surtout un homme abattu, malheureux, seul.

Nous voilà partis tous les trois vers la Turquie par voie de mer en passant par Rhodes.

Arrivé à destination quelques jours plus tard : Fétiye, joli port au sud de la Turquie.

Benoît avait oublié de me prévenir que ce pays subissait alors une féroce dictature.

Nous fûmes accueillis dans une famille que connaissait Benoît, j’ai découvert l’hospitalité turque, on nous recevait comme des princes.

Cependant, la situation était terrible, c’était une famille de pêcheurs qui ne pouvait plus vivre de son activité depuis l’instauration du couvre-feu à 21h par les militaires au pouvoir.

En effet dans cette région très chaude, le poisson était trop loin des côtes le jour, la pêche se faisait donc traditionnellement de nuit pour ces propriétaires de petits bateaux.

Plus de pêche depuis des mois, la famille était nombreuse et une fille professeur à l’université assurait seule la survie des siens.

J’avais beaucoup de mal à supporter ces injustices, cela me rendait malade, je ne pouvais rien avaler sans vomir aussitôt.

Un jour, Benoît me fit lever très tôt

– on part en ballade- me dit-il.

Nous avons beaucoup marché pour sortir de la ville, ensuite nous avons emprunté des chemins de montagne.

Un jeune homme est apparu au détour d’un sentier, Benoît s’est jeté dans ses bras pour le saluer; il s’agissait d’un jeune membre de notre famille d’accueil, il vivait à Ankara et était recherché par les militaires pour activités politiques subversives.

J’ai laissé Benoît et son ami discuter ensemble et je marchais seul derrière eux.

Après trois bonnes heures de marche, nous sommes arrivés dans un village de montagne désert, Benoît m’a expliqué que ce village habité par des Grecs avait été disputé par les turcs et les grecs durant de longues années ; puis un jour il devint définitivement turc, les villageois grecs avaient rapidement fui leurs maisons pour éviter un massacre.

Il régnait dans cet endroit une atmosphère étrange, on entrait dans les maisons aux portes ouvertes et l’on voyait encore les ustensiles de cuisine, les choses du quotidien, seulement vieillies mais restées là comme si on allait revenir bientôt.

Une sensation forte me prit, je n’avais pas peur mais je ressentais fortement la présence de ces gens modestes, éleveurs de chèvres, fabricants de fromages, etc.

A la sortie de ce village, nous sommes arrivés à un endroit où il y avait un panorama magnifique sur toute la vallée.

Je me suis assis là sur un rocher à contempler la nature, Benoît s’est approché de moi.

– ça va ?

– C’est dur ton pays, j’avais les larmes dans ma gorge.

Benoît me regardait avec une sincère compassion, gêné, il semblait avoir quelque chose d’important à me dire.

– Tu sais (en regardant son ami qui c’était un peu éloigné par courtoisie), s’ils le trouvent, ils le pendront parce-que c’est un intellectuel démocrate, c’est tout.

Que dire à cela,

– Je vais partir Benoît, je vais retourner en Grèce faire les cueillettes, je ne peux plus rester ici, je comprends que ton lien à cette famille te retienne ici malgré toutes ces horreurs, moi je me sens trop inutile.

Benoît se rapprocha tout près, je pouvais sentir son souffle,

-Tu as déjà eu des rapports avec des hommes? me demanda t’il,

Cette sensation qui m’envahissait depuis notre arrivée dans le village redoubla, une espèce de crise, une catharsis.

-Non jamais répondis-je timidement.

J’avais une forte envie de me jeter dans ses bras, oui j’aimais Benoît, je venais d’en prendre conscience, je l’aimais pour ce qu’il était ; homme, femme, peu importe.

Je n’ai rien fait trop apeuré par moi-même, redescendus en ville, je suis allé voir l’ami pasteur dans la chambre.

Je voulais à tout prix lui donner le pantalon promis, en le préparant, j’ai trouvé un billet de 100 francs plié dans une poche, le prix de la liberté pour moi.

Trois jours et deux nuits d’autobus avec un chauffeur qui dès qu’il s’était aperçu que je ne buvais ni ne mangeais jamais rien durant les arrêts me fit amener du thé bien chaud.

Un homme de coeur ce chauffeur, puis Istambul magnifique malgré la présence constante des militaires armés et chaussés de leurs longues bottes blanches.

Athènes, puis Héraklion, 12 heures de marche sous le soleil pour arriver à Pitsidia les pieds en sang et après trois semaines de jeûne forcé.

Le lendemain, 7 heures, je travaillais au déchargement d’un camion de tomates.

Iassus Benoît pour toujours, tu es mon bateleur.

Claude Sarfati

Le retour

Le retour, c’est d’abord revenir en soi, retrouver l’œuf que nous avons été dans le ventre de notre mère et de notre terre. Les contrariétés administratives s’éloignent… Le temps de la retraite est celui de la continuité en laissant derrière soi les mauvaises habitudes, c’est une nouvelle transformation.

Le cœur en est le réceptif, laissez pénétrer en soi la moindre chose qui vient faire écho puis le transmettre avec respect et simplicité.

Dans le Yi Jing, cette période correspond au printemps, la vie reprend doucement de la vigueur. Je vais devoir traverser chaque étape de cette transformation et la partager avec vous.

Cela commence par des petits changements de prix, mon nouveau statut administratif me permet d’être un peu moins fiscalisé, j’ai donc revu mes tarifs à la baisse…

Ça commence aujourd’hui et avec quelques ponctuations, cela durera jusqu’à la fin… La fin de quoi ? On verra !

Je suis très heureux de vous retrouver et de continuer le chemin avec vous.

Les pêcheurs de perles de Georges Bizet (1863)

Interprété par David Gilmour

Amitiés,

Claude Sarfati

Joyeuses Pâques

 

La fête de Pâques change de date chaque année.  Pourquoi ?

Ce serait tellement plus simple si c’était toujours à la même date comme la fête de Noël, par exemple, ou le deuxième dimanche du mois de mars ou avril, comme la fête des mères ou celle des pères.

Au moyen age, le calcul de la date de Pâques était très difficile à cause du conflit entre les calendriers.

En effet, d’une part, le siège de l’Église étant à Rome, le calendrier solaire romain de 365 jours était utilisé.

D’autre part, Jésus était juif et vivait selon le calendrier lunaire de 354 jours.

Les grands événements de la vie de Jésus étaient fixés par rapport à la lune alors que la vie quotidienne était réglée par le soleil.

Ainsi, la date de Pâques était une date mouvante et, environ tous les cents ans, un moine était chargé de calculer les dates de Pâques pour le siècle suivant.

En 325, le concile de Nicée fixa la date de Pâques selon la règle suivante :

« Pâques est le dimanche qui suit le quatorzième jour de la lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après. »

Le 21 mars était le début de la nouvelle année chez les Romains

Le 14° jour de la lune est le jour de la pleine lune

le 21 mars correspond à la date de l’équinoxe de printemps.

Cette méthode de calcul rappelle un peu la date de la Pâque juive, tout en étant adaptée au calendrier romain et au dimanche.

Ainsi, la date de Pâques change chaque année.

Pâques n’est jamais célébré plus tôt que le 22 mars ni plus tard que le 25 avril.

Exemple : Si la pleine lune est le samedi 21 mars, alors Pâques sera le dimanche 22 mars ; si elle est le 20 mars, il faudra attendre la pleine lune de la lunaison suivante, le 18 avril (si cela tombe un dimanche, alors Pâques sera le 25 avril).

Il a fallu pas mal de temps pour que les églises adoptent ce système. Mais, même aujourd’hui, les orthodoxes suivent un autre calendrier. Les juifs ayant un calendrier encore plus compliqué et la Pâque juive est elle aussi mobile.

La Pentecôte est fixée, selon l’usage de la fête « des semaines » (Shavouot) 50 jours après Pâques (7 fois 7 jours après).

Michel C. (Extrait du Bulletin Paroissial n° 25)

Amitiès: Claude Sarfati