Claude Larre (1919-2001)
Claude Larre était un homme (devenu Jésuite très jeune) qui contribua activement à ouvrir les yeux des Occidentaux aux richesses Orientales et plus particulièrement à la pensée chinoise. il est le fondateur de l’institut Ricci.
Sa traduction du Dao De Jing parue en 1977, puis republié en 2002 et en 2006 est un bijou,
Il m’a permis de redécouvrir un livre qui traîne dans mes affaires depuis près de trente ans.
Si vous ne l’avez pas, n’hésitez pas un instant à vous le procurer !
Voici, un passage de l’introduction de Claude Larre à sa traduction:
…Le chinois, qui s’écrit en idéogrammes, se développe ici en prose cadencée. Un souffle unificateur emporte tout : la magie du cinéma et du synthétiseur envahit notre esprit. L’esprit vient au contact, dans la fête des sens, avant même que l’on comprenne intellectuellement ce qui se dit. L’enchaînement logique est un enchantement : on sent le monde qui s’arrondit autour de soi, comme l’espace s’ouvre devant et se referme derrière un cavalier. La peine nous quitte avec le lâcher-prise et l’agrément d’une promenade à cheval lui succède. Car la perspective cavalière – toute la peinture de paysage le montre – c’est la perspective chinoise même.
Cependant, contrairement à l’opinion répandue qui voudrait que le Livre de la Voie et de la Vertu soit étrange, bordant l’incompréhensible, nous sommes de l’opinion que rien n’est plus facile à comprendre et à pratiquer.
« Mes paroles si faciles à comprendre
Si faciles à mettre en pratique
Personne ne les comprend
Personne ne les pratique »
Aussi longtemps que nous nous obstinerons à substituer à la logique du Dao De Jing, qui est la logique ordinaire chinoise du vivant, notre logique un peu mécaniste, informatisée aujourd’hui et pour tout dire arithmétique, nous peinerons à saisir un texte qui obéit plutôt aux nécessités d’un message qu’a celle d’un discours.
Dés que nous admettons être en présence de mieux qu’une doctrine, d’un manifeste pour exprimer l’indicible, l’innommable qui est au cœur de la vie, le texte devient accessible, car c’est souvent la dérive intellectualiste qui empêche de saisir le Lao zi.
Libérons donc en nous la puissance qui, par-delà la grammaire et la réflexion, permet de comprendre la leçon du Lao zi. Cessons de caresser des rêves et commençons enfin à apprivoiser la réalité.
Dao De Jing, Le livre de la Voie et de la Vertu, LAO ZI
Traduction et présentation de Claude LARRE (p. 23)
Editions Desclée De Brouwer, Paris.
Bonne lecture,
Amitiès: Claude Sarfati