Taoïsme ou Chamanisme ?
…L’une des particularités fondatrices de la civilisation chinoise, comparativement aux autres grandes cultures nées sur le continent eurasien, est sa sédentarité plurimillénaire. Plus profondément qu’aucun autre peuple, les communautés chinoisent plongent leurs racines dans le lieu où elles habitent. Aujourd’hui encore, l’identité entre un village et une famille est une réalité profonde. Quand, en chinois, on parle du « village des Zhang », c’est que véritablement dans ce village la quasi-totalité de la population porte ce patronyme. A Shaoshan, le lieu de naissance de Mao Zedong par exemple, aujourd’hui encore les trois quarts de la population (trois cent mille habitants) ont pour nom de famille Mao !
Unie par le même nom, la communauté villageoise se perçoit elle-même comme une communauté familiale. Elle confirme ce sentiment à des occasions diverses : d’une part, les cérémonies rituelles d’hommage à l’ancêtre fondateur du clan -maillage dans la durée, prolongation du culte ancestral propre à chaque famille- et, d’autre part, celles dédiées à l’esprit du lieu, le shen de l’endroit, qui habite par exemple le grand et vieil arbre qui pousse au centre du village- maillage dans l’espace caractéristique des « cultes populaires ».
A la différence des rituels privés, familiaux, de reliement avec les ancêtres qui ne demandent à celui qui en a la charge aucune autre compétence que d’être le fils aîné, le dialogue avec les esprits n’est pas à la portée de tous. Il requiert des aptitudes spécifiques qui s’acquièrent ou se développent à l’aide d’un apprentissage corporel exigeant et d’un enseignement oral qui se transmet de maître à disciple dans une atmosphère de secret, ce que l’on regroupe généralement sous le nom de « chamanisme ».
L’académicien François Cheng n’hésite pas à employer ce mot dans son anthologie de la poésie chinoise à propos des Chants de Chu, un grand poème de Qu Yuan (310-278) qui est considérée comme l’œuvre fondatrice de la poésie chinoise : « d’inspiration chamaniste, au rythme long et incantatoire, débordant d’images rêvées ou mythiques, les Chants de Chu sont avant tout une recherche de la communion avec les éléments de la nature, transformés en autant d’Esprits, et par là une quête nostalgique du divin ».
Répandu dans toutes les cultures anciennes du globe, le chamanisme est une sorte d’animisme généralisé qui repose sur une triple croyance : tout ce qui vit est composé d’une forme visible et d’une forme invisible ; chez les vivants, la partie visible est prédominante, chez les défunts, c’est le contraire ; certains humains, les chamanes, peuvent voyager entre ces deux niveaux et sont capables d’intervenir dans le monde invisible…
Pages: 36, 37, 38
Taoïsme, Confucianisme, Bouddhisme
Editions: Albin Michel
Merci Cyrille pour la qualité, la simplicité de ton écriture,
la sobriété, le désir d’être compris de tous par tes mots.
Amitiés, bon dimanche: Claude Sarfati.
Bonjour Claude,
Clin d’oeil au Yi King
Un coeur à trois voies
Un choeur à trois voix
Mon ami et mon maître ( chanson de Serge Lama)
Vox Populi , vox Dei
Marie
D’ailleurs, a propos de membre de l’Académie, ll se dit que le fameux libraire Gérard Collard, qu’on voit à la librairie Griffe Noire, envisage de postuler pour devenir académicien !!!. Je pense que ça donnerait un second élan à l’institution, foi de Saint Maurien. Qu’en pensez-vous ?
J’adore cet article!
Javary écrit très bien, j’adore ses livres…
Cette lecture m a semble trop courte, merci bien pour le bon moment passe a vos cote.