Le retour

Le retour, c’est d’abord revenir en soi, retrouver l’œuf que nous avons été dans le ventre de notre mère et de notre terre. Les contrariétés administratives s’éloignent… Le temps de la retraite est celui de la continuité en laissant derrière soi les mauvaises habitudes, c’est une nouvelle transformation.

Le cœur en est le réceptif, laissez pénétrer en soi la moindre chose qui vient faire écho puis le transmettre avec respect et simplicité.

Dans le Yi Jing, cette période correspond au printemps, la vie reprend doucement de la vigueur. Je vais devoir traverser chaque étape de cette transformation et la partager avec vous.

Cela commence par des petits changements de prix, mon nouveau statut administratif me permet d’être un peu moins fiscalisé, j’ai donc revu mes tarifs à la baisse…

Ça commence aujourd’hui et avec quelques ponctuations, cela durera jusqu’à la fin… La fin de quoi ? On verra !

Je suis très heureux de vous retrouver et de continuer le chemin avec vous.

Les pêcheurs de perles de Georges Bizet (1863)

Interprété par David Gilmour

Amitiés,

Claude Sarfati

Mouvement de la retraite

A partir du 01 Avril 2024, je serais officiellement à la retraite. Cependant, je vais continuer mon activité « En activité complémentaire » dés que possible. Administrativement, je dois cesser officiellement mon activité le 31 mars 2024, ensuite il me faudra attendre quelques jours pour me réinscrire avec un statut différent. Je ne sais pas combien va durer cet arrêt mais ce ne sera pas très long. Durant cet intermède, je ne pourrais faire aucune consultation… Ne faites surtout pas de réservation ou de paiement en ligne… La réouverture sera annoncée sur mon site.

En vous souhaitant le meilleur, en vous remerciant pour ces nombreuses années de fidélité mais en préparant déjà les nombreuses à venir, je vous remercie de votre patience.

Je vous propose d’écouter un homme qui voit notre temps avec son coeur...

EN VO…

Don Miguel Ruiz

Voici le lien de son site: Don Miguel Ruiz

A bientôt

Claude Sarfati

L’année du Dragon

Nouvel An Chinois

L’année du DRAGON DE BOIS (année chinoise 4722) commencera le samedi 10 février 2024. Elle remplace l’année du Lièvre d’Eau. Elle se terminera le 28 janvier 2025 pour laisser la place au Serpent de bois.

Le Nouvel An lunaire ou Nouvel An Chinois 农历新年 (Nongli Xinnian) aussi appelé Fête du Printemps 春节 (Chunjie) ou Fête du tet au Vietnam est le festival ancestral le plus important pour les communautés asiatiques à travers le monde entier.

Cette fête spectaculaire marque le début du calendrier lunaire chinois et dure généralement 15 jours, se terminant par la célèbre Fête des lanternes 元宵节 (Yuanxiaojie).

Au cœur de cette festivité, se trouve une tradition vieille de plusieurs millénaires, qui s’enracine dans la mythologie et l’histoire chinoise. Chaque année est représentée par l’un des douze signes du zodiaque chinois, attribués en fonction du jour et de l’année de naissance de chaque individu.

La préparation de cette fête débute plusieurs semaines à l’avance. Les familles nettoient et décorent leurs maisons pour chasser les mauvais esprits et faire place à la bonne fortune. Les couleurs rouges et dorées dominent la décoration, car elles symbolisent la chance et la prospérité. Les festivités commencent la veille du Nouvel An avec un dîner de réunion de famille appelé Nianyefan 年夜饭, où l’on déguste une variété de plats traditionnels tels que les dumplings, les gâteaux de riz gluant et le poisson, chacun portant une signification spéciale.

Le point culminant de la célébration est le défilé du dragon, une danse enivrante et colorée qui se déroule dans les rues, avec un dragon en papier et tissu porté par des danseurs habiles. Les feux d’artifice éclatent dans le ciel, chassant les esprits maléfiques, tandis que les lanternes illuminent les rues, créant une atmosphère magique.

Le Nouvel An chinois est également marqué par les célèbres enveloppes rouges 红包 (hongbao), remplies d’argent et offertes aux enfants et aux célibataires en signe de bon augure. Les visites aux temples et aux ancêtres sont également une partie importante de cette période, où l’on prie pour la santé, la prospérité et la réussite.

Le Nouvel An chinois est une occasion de se réunir en famille, de célébrer la richesse de la culture chinoise et de renouveler l’espoir pour l’avenir. C’est un moment de joie, de partage et de tradition, où chacun peut se plonger dans l’atmosphère enivrante de cette fête extraordinaire.

Alors, que la nouvelle année du calendrier lunaire chinois vous apporte chance, bonheur et prospérité !

L’année du DRAGON DE BOIS débute le 10 février 2024, marquant ainsi le début de la 4722e année selon le calendrier chinois traditionnel. Cette année succédera au signe du Lièvre d’Eau et précédera le Serpent de Bois, qui débutera le 28 janvier 2025.

NDLR : Cette publication vise à fournir des informations sur la culture chinoise et les croyances populaires à titre purement informatif, sans exprimer aucune adhésion personnelle à ces croyances.

L’année du Dragon dans le calendrier chinois

L’année du Dragon est l’une des douze années du zodiaque chinois, chacune étant associée à un animal du zodiaque. Le Dragon est la cinquième des douze années, précédée par l’année du Lapin et suivie par l’année du Serpent. Le calendrier chinois, également appelé le calendrier lunaire, diffère du calendrier grégorien utilisé dans la plupart des pays occidentaux. Ainsi, l’année du Dragon ne suit pas nécessairement l’année civile occidentale, mais commence généralement entre la fin janvier et la mi-février.

Symbolisme du Dragon

Le Dragon est l’une des créatures mythiques les plus vénérées en Chine et dans d’autres cultures asiatiques. Il est associé à des traits tels que la puissance, la chance, la prospérité, la sagesse, la longévité et la protection. Le Dragon est souvent considéré comme un gardien bienveillant et est un symbole de l’empereur en Chine, représentant le pouvoir suprême.

Le Dragon est également associé aux éléments traditionnels chinois, notamment le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, chacun ayant des caractéristiques spécifiques qui influencent le caractère de l’année du Dragon.

Histoire et origines

Les origines de l’année du Dragon remontent à la Chine antique, où le zodiaque chinois a été développé il y a des milliers d’années. Le zodiaque chinois a évolué au fil du temps et a été influencé par des croyances et des pratiques spirituelles. Le Dragon est apparu comme l’un des douze animaux du zodiaque chinois au cours de cette évolution.

Renommée

Le Dragon jouit d’une renommée exceptionnelle en Chine en raison de sa place importante dans la culture, la mythologie et la symbolique chinoises. Plusieurs facteurs contribuent à cette renommée :

Ancienneté et tradition : Le Dragon est l’un des animaux du zodiaque chinois, un système de calendrier et d’astrologie qui remonte à des milliers d’années dans l’histoire chinoise. Cette longévité et cette tradition ont renforcé la signification du Dragon dans la culture chinoise.

Puissance et bienveillance : Le Dragon est perçu comme une créature puissante et majestueuse, mais il est souvent considéré comme bienveillant et protecteur. En Chine, le Dragon symbolise la puissance suprême et est associé à l’empereur, incarnant l’autorité et la prospérité.

Éléments naturels : Le Dragon est souvent associé aux éléments naturels, y compris l’eau, le feu, la terre, le bois et le métal, qui sont importants dans la philosophie chinoise. Chacun de ces éléments confère au Dragon des attributs spécifiques qui renforcent sa symbolique.

Croyances spirituelles : Le Dragon est étroitement lié au taoïsme et au bouddhisme, deux des principales religions en Chine. Dans ces croyances, le Dragon est considéré comme un être spirituel doté de pouvoirs magiques et de sagesse.

Culture populaire : Le Dragon est omniprésent dans la culture populaire chinoise, apparaissant dans des contes, des légendes, des cérémonies et des festivités. Les danses du Dragon lors du Nouvel An chinois et d’autres festivals sont un exemple célèbre de cette intégration dans la culture.

Symbole de chance et de succès : En Chine, le Dragon est étroitement associé à la chance et à la réussite. De nombreuses personnes cherchent à avoir des enfants nés sous l’année du Dragon, car cela est considéré comme porteur de chance et de prospérité pour la famille.

Dans l’ensemble, la renommée du Dragon en Chine découle de sa symbolique riche et complexe, de sa signification spirituelle, de son rôle dans la culture et de son importance dans la vie quotidienne des Chinois. Il incarne la quintessence de nombreuses valeurs et croyances chinoises, ce qui en fait un symbole emblématique de la culture chinoise.

Personnalité du Dragon

Les personnes nées sous l’année du Dragon sont censées posséder des caractéristiques particulières en fonction de la tradition astrologique chinoise. Ils sont considérés comme ambitieux, confiants, dynamiques, charismatiques et passionnés. Cependant, ils peuvent également être perçus comme impulsifs et autoritaires. Les Dragons sont souvent encouragés à prendre des responsabilités de leadership et à poursuivre leurs rêves avec détermination.

Influence sur la société

L’année du Dragon a souvent une influence marquée sur la société asiatique, en particulier en ce qui concerne les naissances. Beaucoup de couples aspirent à avoir des enfants nés pendant l’année du Dragon, car cela est considéré comme porteur de chance et de succès pour l’enfant. Cette tendance a parfois conduit à un pic de naissances pendant cette période.

L’année du Dragon se répète tous les 12 ans selon le cycle des 12 animaux du zodiaque chinois. Le calendrier chinois traditionnel étant basé sur les phases lunaires contrairement à notre calendrier grégorien, les années traditionnelles en Chine ne débute pas le 1er janvier (tel que nous le connaissons) mais le 1er jour du 1er mois lunaire qui change chaque année et tombe entre les mois de janvier et février. Voici donc les différentes périodes qui correspondent aux années du Dragon :

Année du Dragon de Terre (1928)
Début : 23 janvier 1928
Fin : 9 février 1929

Année du Dragon de Métal (1940)
Début : 8 février 1940
Fin : 26 janvier 1941

Année du Dragon d’Eau (1952)
ébut : 27 janvier 1952
Fin : 13 février 1953

Année du Dragon de Bois (1964)
Début : 13 février 1964
Fin : 1er février 1965

Année du Dragon de Feu (1976)
Début : 31 janvier 1976
Fin : 17 février 1977

Année du Dragon de Terre (1988)
Début : 17 février 1988
Fin : 5 février 1989

Année du Dragon de Métal (2000)
Début : 5 février 2000
Fin : 23 janvier 2001

Année du Dragon d’Eau (2012) 
Début : 23 janvier 2012
Fin : 9 février 2013

Année du Dragon de Bois (2024)
ébut : 10 février 2024
Fin : 28 janvier 2025

Année du Dragon de Feu (2036)
Début : 28 janvier 2036
Fin : 14 février 2037

Compatibilités selon le zodiac

Selon le zodiaque chinois, la compatibilité entre les différents signes du zodiaque est influencée par divers facteurs astrologiques. Les Dragons ont tendance à bien s’entendre avec certains signes tout en éprouvant plus de difficultés avec d’autres. Voici une liste des meilleurs et des pires partenaires du Dragon dans le zodiaque chinois :

Meilleurs partenaires pour le Dragon :

  • Rat : Les Dragons et les Rats forment souvent une excellente équipe. Le Rat est astucieux et peut aider le Dragon à réaliser ses ambitions.
  • Serpent : Le Serpent et le Dragon partagent de nombreuses caractéristiques positives, notamment la passion et le charisme, ce qui les rend compatibles.
  • Singe : Le Singe et le Dragon sont tous deux énergiques et aventureux, ce qui les rend compatibles sur le plan social et romantique.

Partenaires moyens pour le Dragon :

  • Dragon : Deux Dragons peuvent partager une grande passion, mais ils peuvent également être trop têtus et compétitifs ensemble.
  • Tigre : Bien que le Tigre et le Dragon soient tous deux courageux, leurs personnalités fortes peuvent parfois entraîner des frictions.

Pires partenaires pour le Dragon :

  • Chien : Le Dragon peut trouver le Chien trop conventionnel et restrictif, tandis que le Chien peut être agacé par l’impulsivité du Dragon.
  • Cheval : Le Dragon et le Cheval peuvent être en désaccord en raison de leur approche de la vie très différente. Le Cheval préfère la liberté, tandis que le Dragon est plus axé sur les objectifs.
  • Lièvre (ou Lapin) : Le Lièvre est souvent perçu comme trop timide et réservé pour le Dragon énergique et ambitieux.


Chance et malchance

Les éléments qui apportent de la chance aux Dragons comprennent :

  • Des nombres chanceux tels que 1, 6 et 7.
  • Les jours favorables du 1er et du 16 du mois du calendrier lunaire chinois.
  • Les couleurs propices, notamment l’or, l’argent et le blanc grisâtre.
  • Des fleurs bénéfiques telles que le cœur-saignant et les fleurs de dragon.
  • Les directions chanceuses, à savoir l’est, le nord et le sud.
  • Les mois favorables, notamment le 3e, le 4e et le 7e mois du calendrier lunaire chinois.

D’un autre côté, les Dragons devraient éviter :

  • Les couleurs malchanceuses comme le bleu et le vert.
  • Les nombres défavorables, à savoir 3 et 8.
  • La direction malchanceuse du nord-ouest.
  • Les mois moins propices, notamment le 5e et le 6e mois du calendrier lunaire chinois.

Emplois idéaux

Les Dragons sont destinés à briller dans une variété de métiers prestigieux et stimulants qui correspondent à leur nature passionnée et ambitieuse. Leur charisme et leur détermination les prédisposent à exceller en tant que gérants, vendeurs, directeurs de publicité, avocats, producteurs de films, premiers ministres ou présidents. De plus, leur créativité peut les guider vers des carrières en tant que photojournalistes, architectes ou artistes, tandis que leur désir d’exploration les rend aptes à devenir astronautes. Certains Dragons peuvent même conquérir le monde du divertissement en devenant des stars de cinéma ou en couvrant les événements mondiaux en tant que correspondants de guerre. Quel que soit le chemin qu’ils choisissent, les Dragons sont destinés à laisser leur empreinte dans le monde professionnel grâce à leur énergie et à leur détermination inébranlable.

Bébés Dragon

L’année du Dragon de Bois, tout comme les autres années du Dragon, est souvent considérée comme une période spéciale et bénéfique pour avoir un enfant dans la culture chinoise. Le Dragon est associé à des qualités positives telles que la puissance, la chance et la prospérité, et l’élément Bois renforce encore ces attributs en ajoutant des caractéristiques de croissance, de renouveau et de vitalité. Par conséquent, de nombreuses personnes aspirent à concevoir ou à accueillir un enfant pendant cette année spéciale.

Source: Chine Informations.

Amitiés, Claude Sarfati

Déchiffrer l’univers (2)

De la divination aux Mutations des Zhou

 Le Yi Jing, cependant, n’est pas qu’un recueil de formules divinatoires. Il fait également référence à des événements historiques précis survenus au XI° siècle av. J.-C.; période qui vit la fin du règne des Shang et l’avènement de la dynastie des Zhou. Les protagonistes de ce renversement sont mis en scène au gré des situations décrites dans les hexagrammes, qu’il s’agisse de modèles prestigieux comme le roi Wen, fondateur de la lignée promue, de ses fils, ou des derniers seigneurs du  clan Shang avec qui les tensions allèrent s’accentuant jusqu’au bouleversement final. Dans ce décor féodal, ces différents personnages deviennent emblèmes de comportements définis, nourrissant de leurs hauts faits les circonstances décrites. Il est fort probable que c’est dans les premiers siècles de la nouvelle dynastie que ces différents éléments commencèrent à être rassemblés en livre proprement dit. C’est d’ailleurs sous le nom de Mutations des Zhou qu’il accompagnera toute la période de transition entre la culture antique et la fondation de l’Empire en 221 av. J.-C. par Qin Shi Huangdi*.

Les premières citations des Mutations se trouvent dans le Commentaire de Zuo, un écrit du IV° siècle avant J.-C.; où l’on peut lire des comptes rendus de consultations effectuées entre 672 et 485 av. J.-C. Selon Anne Cheng, le recueil apparaît à ce stade comme « un manuel de divination consulté par des hommes d’état sur des enjeux d’ordre personnel ou le plus souvent politique** ». Cette diffusion dans la classe dirigeante – la divination n’est déjà plus à ce stade une prérogative royale – ira s’élargissant à partir de Confucius (551-479 av. J.-C.), même si les célèbres Entretiens du Maître ne font aucunement allusion aux Mutations***. Il semble toutefois que des retouches soient encore apportées au texte durant toute cette période, notamment à l’époque des Royaumes Combattants qui fut celle où apparurent les grands courants de la pensée chinoise, taoïsme et confucianisme****.

Quoi qu’il en soit, il est avéré qu’au début de la dynastie des Han, qui succède au règne bref mais décisif du premier Empereur, le texte original est établi: c’est, abstraction faite de quelques variantes, celui trouvé dans la tombe de Ma Wang Dui. Les Mutations des Zhou se composent alors de soixante-quatre figures constituées de la superposition de six traits qu’un commentaire annexe pour la première fois Yin et Yang. A chacun de ces hexagrammes sont rattachées une sentence globale appelée Jugement, et une ou plusieurs formules concernant chacun des six niveaux de la situation décrite, le Texte des Traits. C’est ce texte original que la tradition reconnaît comme Texte Canonique.

* Il s’agit du premier Empereur, dont le mausolée contenant la célèbre armée de guerriers en terre cuite fut mis au jour en 1974. Voir Corrine Debaine-Francfort, La Redécouverte de la Chine ancienne, Gallimard, 1998.

** Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise, éd. du Seuil, 1997.

*** Excepté dans une phrase « dont le sens est plus qu’incertain ». Voir Anne Cheng. Ibidem,p.257.

**** On trouve par exemple dans le texte de l’hexagramme 30 (ligne 3) une anecdote visiblement tirée du Zhuang Zi, ouvrage de la fin du IV° siècle av. J.-C.

Pierre Faure

LE YI JING PAR LUI-MÊME

Editions Alphée

Amitiés

Claude Sarfati

Déchiffrer l’univers

De la divination aux Mutations des Zhou

Le Yi Jing prend sa source dans les pratiques divinatoires qui avaient cours aux premiers temps de ce qui n’était pas encore la Chine. Dans le monde incertain du II° millénaire avant J.-C.; il importait de se concilier les esprits de a nature et de garder le lien avec les mânes protectrices des ancêtres. C’est dans ce but que les devins attachés à la cour des Shang, héritiers des chamanes de Sibérie orientale, préparaient les sacrifices que le roi offrait au Souverain d’en haut – entité où se mêlaient l’image du premier ancêtre et celle d’une puissance capable de juguler les forces de l’univers. Responsables de l’ordonnancement des rituels, les devins avaient pour coutume d’observer les restes des ossements calcinés afin d’en vérifier à postériori le succès ou l’échec. L’analyse des traces du feu et des craquelures donna naissance à une étude très poussée des signes, que certains dénomment aujourd’hui une « sémiologie expérimentale* », laquelle allait se développer dans deux directions.

D’une part, alors qu’elle avait d’abord servi à s’assurer a posteriori de la bonne exécution du sacrifice, cette divination sur os, appelée ostéomancie, devint un moyen a priori de le régler. Pratiquée non plus après, mais avant les offrandes, selon des techniques de plus en plus perfectionnées, elles allait dorénavant permettre d’en établir au mieux les modalités (jour, lieu, type et nombre d’animaux à brûler, etc.). Dans ce passage du diagnostic au pronostic, il y a déperdition de l’aspect purement religieux du sacrifice au profit de la forme rituelle- évolution vers le rite qui imprégnera toute la culture chinoise ultérieure.

D’autre part, et, plus remarquable encore, la réflexion s’étendit peu à peu à tous les aspects des événements à propos desquels les sacrifices étaient effectués, que ce soit pour protéger des éléments naturels (inondations, cataclysmes) ou pour assurer le succès d’entreprises humaines (guerres, chasses, travaux agricoles…). Pratiquée à l’origine dans un souci d’efficacité rituelle, « la spéculation a progressivement débordé sur toutes les formes et tous les mouvements de l’ensemble des  êtres de l’univers** ». Les résultats des observations étant soigneusement analysés, comparés, classés, c’est une véritable science des formes et des correspondances qui s’est progressivement mise en place, articulée sur la description des rythmes naturels et l’étude des changements constants auxquels ils président.

La technique des devins poursuivit son évolution par deux étapes  significatives; la tortue et l’achillée, nom de la plante dont les tiges étaient utilisées pour des opérations de comptage. Dans la première, appelée chéloniomancie– du grec chelonios qui signifie tortue – leurs investigations ne s’effectuaient plus sur des omoplates de bœuf ou de mouton mais sur des carapaces de tortue, animal qui symbolise l’univers dans l’imaginaire chinois. La phase suivante, celle de l’achilléomancie, marque un passage à l’abstraction, l’observation de l’univers trouvant son prolongement dans une spéculation sur les nombres. Les archéologues ont ainsi pu étudier des superpositions de chiffres renvoyant aux différents types de fissure qui apparaissaient lors des opérations de brûlage, catégorisation dans laquelle la répartition entre le pair et l’impair semble avoir joué un rôle déterminant. Ce sont ces empilements de données qui allaient se standardiser en soixante-quatre figures à six niveaux appelées hexagrammes, chacune de ces figures rendant compte d’une configuration déterminée du réel. Et c’est par le décompte effectué avec cinquante tiges d’achillée que se ferait désormais la mise en relation de la situation considérée avec l’une ou l’autre de ces configurations.

Qu’elles soient issues d’inscriptions sur os, gravées sur écailles de tortues ou transposées sur des lattes de bambou, les annotations oraculaires des devins furent rassemblées en différents recueils dont les plus anciens ont été perdus***. Elles constituent les bases d’un savoir qui s’est transmis de siècle en siècle pour se sédimenter dans la strate la plus anciennes de ce qui allait devenir le texte canonique du Yi King.

* Voir Léon Vandermeersch, Wang Dao ou la Voix Royale, Ecole française d’Extrême Orient, Paris, 1977.

** Ibidem, tome II, p.281.

*** Il aurait ainsi existé dans les temps anciens trois canons divinatoires correspondant, d’après l’historien Seu-Ma Tsien, aux trois dynasties ayant précédé celle de Han: le lian Shan qui s’ouvrait sur l’hexagramme 52 (le texte de sa Grande Image commence par cette formule) et daterait de la lointaine dynastie des Xia, le Gui Cang qui aurait eu cours sous les Shang, et le Zhou Yi qui nous est finalement parvenu sous le nom de Yi Jing.

Pierre Faure

LE YI JING PAR LUI-MÊME

Editions Alphée

Amitiés

Claude Sarfati