Le retour

Le retour, c’est d’abord revenir en soi, retrouver l’œuf que nous avons été dans le ventre de notre mère et de notre terre. Les contrariétés administratives s’éloignent… Le temps de la retraite est celui de la continuité en laissant derrière soi les mauvaises habitudes, c’est une nouvelle transformation.

Le cœur en est le réceptif, laissez pénétrer en soi la moindre chose qui vient faire écho puis le transmettre avec respect et simplicité.

Dans le Yi Jing, cette période correspond au printemps, la vie reprend doucement de la vigueur. Je vais devoir traverser chaque étape de cette transformation et la partager avec vous.

Cela commence par des petits changements de prix, mon nouveau statut administratif me permet d’être un peu moins fiscalisé, j’ai donc revu mes tarifs à la baisse…

Ça commence aujourd’hui et avec quelques ponctuations, cela durera jusqu’à la fin… La fin de quoi ? On verra !

Je suis très heureux de vous retrouver et de continuer le chemin avec vous.

Les pêcheurs de perles de Georges Bizet (1863)

Interprété par David Gilmour

Amitiés,

Claude Sarfati

Mouvement de la retraite

A partir du 01 Avril 2024, je serais officiellement à la retraite. Cependant, je vais continuer mon activité « En activité complémentaire » dés que possible. Administrativement, je dois cesser officiellement mon activité le 31 mars 2024, ensuite il me faudra attendre quelques jours pour me réinscrire avec un statut différent. Je ne sais pas combien va durer cet arrêt mais ce ne sera pas très long. Durant cet intermède, je ne pourrais faire aucune consultation… Ne faites surtout pas de réservation ou de paiement en ligne… La réouverture sera annoncée sur mon site.

En vous souhaitant le meilleur, en vous remerciant pour ces nombreuses années de fidélité mais en préparant déjà les nombreuses à venir, je vous remercie de votre patience.

Je vous propose d’écouter un homme qui voit notre temps avec son coeur...

EN VO…

Don Miguel Ruiz

Voici le lien de son site: Don Miguel Ruiz

A bientôt

Claude Sarfati

Les drogues et l’expérience intérieure

Et cela m’amène à notre conversation, dans les faubourgs de Zürich, avec le docteur et madame Albert Hofmann. Nous autres, êtres humains, nous sommes, selon le mot d’Andrew Marvell, des « amphibies rationnels », habitant simultanément un monde spirituel et un monde corporel, un monde symbolique et un monde d’expérience immédiate, un monde de notions et de généralisations abstraites et un monde d’événements uniques. Le docteur Hofmann est un chimiste éminent, dont les derniers et spectaculaires travaux concernent l’étrange frontière entre les deux mondes, là où le plus minime des changements biochimiques produit des effets énormes et révolutionnaires sur l’esprit (1).

Les éléments synthétiques du docteur Hofmann sont nouveaux; mais les problèmes éthiques, philosophiques et religieux qu’ils soulèvent sont très vieux. La bière (de même que le thé, le café, l’aspirine, les vitamines et une gamme de stimulants et de tranquillisants) « sait mieux que Milton justifier les procédés de Dieu à l’égard des hommes », c’est un fait évident, un fait que certains trouvent humiliant et triste, d’autres, consolant et plutôt drôle. Dans quelle mesure nos pensées, nos croyances, nos actions sont-elles le résultat de l’hérédité et de fluctuations biochimiques de notre organisme? Quelle est la validité d’une philosophie qui peut être changée radicalement par une piqûre d’aiguille ou une petite dose quotidienne de « Ritalin« ? Et que penser des expériences suscitées par les « modificateurs mentaux », pratiquement inoffensifs, du docteur Hofmann: expériences d’un monde transfiguré par une beauté inimaginable, riche de sens profond, plein, malgré la souffrance et la mort, d’une joie essentielle et, il n’y a pas d’autre mot, divine? Oui, que penser? Les opinions diffèrent.

Presque tous ceux qui ont fait l’expérience l’ont jugée d’une valeur évidente. Pour le docteur Zaehner, l’auteur de « Mysticisme sacré et profane », elle est immorale. A quoi le professeur Price répond: « Parlez pour vous. »

Price serait d’accord avec William James pour penser que l’introduction à des états inhabituels de conscience, si elle peut être effectuée sans danger pour soi et pour autrui, est salutaire et enrichissante. Il y a longtemps déjà que Bergson, défendant William James contre ceux qui l’avaient blâmé d’avoir expérimenté l’effet de l’oxyde nitreux, a souligné que le produit chimique n’était pas la cause des remarquables expériences métapsychiques de James, mais seulement leur occasion. Les mêmes expériences auraient pu être provoquées par des méthodes purement psychologiques, les mortifications et autres exercices utilisés par les mystiques et les visionnaires de toutes les traditions religieuses. N’importe quelle technique, en fait, est capable d’affecter les états mentaux ou de changer la biochimie, de telle façon que s’abaisse la barrière séparant le monde de nos perceptions, de cet autre monde étrange, aussi réel, qui se dévoile lorsque la conscience cesse d’être utilitaire pour s’intéresser à l’esthétique ou au spirituel.

(1) Voir Planète n° 1 « Documents sur les drogues psycho chimiques »

Quelle formidable machine que l’homme!

Article d’Aldous Huxley

Revue Planète  (1962)

Amitiés; Claude Sarfati

L’océan et le rocher

Ces dernières années, on a vu croître le nombre de physiciens qui cherchent à sortir du dilemme onde-corpuscule en évitant l’interprétation probabiliste. J’ai moi-même proposé récemment une solution. Il y aurait lieu, me semble-t-il, de faire, dés le départ, la distinction profonde entre le Réel et le Connu.

Illustrons ceci par une image, afin de mettre en relief ce qui distingue cette nouvelle interprétation de celles des théoriciens « quantiques« . Supposons que l’Univers soit comparable à la surface ondulante d’un océan agité par les vagues. Cet océan, c’est le Réel. Il est continu par nature. Un observateur désire faire une mesure pour « connaître » l’état physique d’un point dans ce Réel. Cette opération « mesure » va consister, par exemple, et pour poursuivre notre image, à planter un rocher dans l’océan, rocher sur lequel vont alors venir se briser les vagues. Le choc des vagues sur le rocher aura un caractère essentiellement discontinu. Sans doute la mesure ainsi effectuée sera-t-elle liée de quelque manière à l’aspect ondulant et continu qu’avait la vague avant de se briser. Mais les deux phénomènes seront cependant de nature complètement différentes: la vague était continue, le choc de la vague sur le rocher est discontinu. De la même façon, le Réel, qui est à l’origine de nos perceptions, serait continu: la connaissance, qui est le moyen qu’utilise l’intelligence humaine pour percevoir le Réel, transformerait ce continu en discontinu. Pour la théorie, la seule description possible de l’Univers consiste à « planter » une infinité de rochers dans notre océan, à considérer les résultats de toutes les mesures et à déclarer que ces résultats, à caractères essentiellement discontinus, constituent la description cherchée. Au contraire, nous prétendons qu’il est possible de faire une description directe de l’océan, description qui représentera alors « vraiment » l’état de l’Univers indépendamment de toute mesure.

Récemment, je devais constater que cette solution n’était pas entièrement neuve. Elle avait timidement été proposée par un Eléate, Parménide, vers le quatrième siècle avant notre ère, dans un effort sincère pour tenter de concilier le point de vue « discontinu » défendu par l’école pythagoricienne, alors au bord de la faillite, et celui de la nouvelle école d’Aristote qui prêchait la continuité. Parménide suggéra de distinguer entre le Réel, qui serait continu, et le Connu, c’est-à-dire ce que l’homme peut espérer percevoir de ce Réel, qui serait par nature discontinu. Mais cette idée impliquait de renoncer à l’espoir que l’Homme puisse atteindre directement un jour « le fond » des choses. Le siècle d’Aristote n’était pas mûr pour accueillir un concept aussi peu anthropocentrique

Mais qui osera nier, aujourd’hui, la profondeur de la remarque de Parménide? Qui osera prétendre encore que le Connu est identique au Réel? Qui ne sent clairement que les « limitations » de l’actuelle structure de l’esprit humain entraînent nécessairement un « cloisonnement », une « discontinuité » dans le Connu? Et tout esprit objectif n’apercevra-t-il pas, enfin, ce qu’il y a d' »anthropocentrique » dans l’interprétation du dilemme onde-corpuscule que nous ont proposée depuis 1930 les théoriciens quantiques?.

Jean Charon

Revue PLANETE (1961 / 1962)

Amitiés: Claude Sarfati

Le connu est-il le réel?

L’homme ne possède qu’un nombre limité de sens pour percevoir la réalité extérieure, et chaque sens a ses propres frontières. Quand bien même l’homme s’aiderait-il d’instruments de plus en plus perfectionnés, ces instruments eux aussi auraient une limite. Aussi serait-il hasardeux d’affirmer que nous pouvons avoir accès à l’essence la plus intime des choses. Cette essence, nous l’appellerons le Réel, nous l’appellerons le Connu. On ne saurait supposer que le Connu est identique au Réel. Ceci revient à dire que l’homme ne peut avoir sur les choses qui l’entourent un point de vue absolu mais seulement relatif et qui dépend des moyens dont il dispose.

Est-il possible, cependant, de décrire ce Réel qui ne nous est pas accessible? Possédons-nous un moyen – les mathématiques, par exemple- qui transcende l’esprit?

Pour voir dans quelle mesure cette tentative d’atteindre le Réel se justifie, il nous faut faire un bref retour sur les siècles passés. On s’apercevra que la Physique s’est toujours heurtée à d’énormes difficultés faute d’avoir accepté la distinction nécessaire entre le Réel et le Connu.

Toute la bataille s’est livrée, en fait, sur le terrain suivant: la structure la plus intime de tout ce qui forme notre univers est-elle discontinue, granulaire, « particulaire »? Ou, au contraire, est-elle continue?

Pythagore, cinq siècles avant notre ère, propose une structure discontinue. Pour lui, les nombres entiers (donc la discontinuité) sont à la base de toute chose. Démocrite et Leucippe développent parallèlement l’atomisme: tout se réduit à des atomes insécables et, par ailleurs, immortels.

Mais des difficultés surgissent bientôt: on découvre les nombres « irrationnels » qui ne peuvent se représenter comme des rapports de deux nombres entiers. D’autre part Zénon démontre que le discontinu entraîne l’impossibilité théorique de tout mouvement: on connaît le célèbre « paradoxe de la flèche » qui, dans l’hypothèse du discontinu, n’atteindrait jamais son but.

 Jean Charon

Revue PLANETE (1961 / 1962)