Où en serions-nous si tout avait pu être prouvé ?

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Interview de Castaneda par Kala Ruiz

Le 26 janvier 97 l’inattendu arriva: Castaneda apparut devant des milliers de personnes réunies pour un séminaire, afin de confirmer que le chemin du guerrier existe, que c’est une expérience possible qui peut être pratiquée par n’importe qui, par le biais de la Tenségrité. Le pittoresque personnage était là, le sorcier nagual. Tout petit et mince, avec des yeux d’aigle, riant joyeusement, jouant à inventer des instants, rompant le formalisme par des blagues intelligentes.(…)

Comment définiriez-vous don Juan, votre maître et ami ?

C’était un chaman, bien que lui me disait toujours : « Je ne suis pas un chaman, connard, je suis un sorcier ! »- Il était grossier.

Qu’est-ce que la sorcellerie ?

C’est l’art d’interrompre le flux du système d’interprétation…c’est une autre manière d’interpréter. Dans l’ancien Mexique, il y avait un « genre » entier qui se vouait à élargir les limites de la perception. Des choses incroyables pour le mental normal pouvaient arriver alors. C’étaient des êtres rituels, capables de cacher des choses d’une valeur inestimable.

Comment se manifeste cette sorcellerie ou magie ?

Nous pouvons percevoir l’énergie telle qu’elle circule dans l’univers. Pouvoir voir l’énergie, ne serait-ce qu’un instant, donne de la réintègration, quelque chose d’inouï se regroupe, nous n’avons pas de pratique. Cela se regroupe dans une autre perception et nous sommes face à un autre univers. Il y a des sorciers capables de faire des choses inouïes. Mais nous restons toujours avec des idées qui ne nous permettent pas de développer le potentiel humain, comme la science. On m’a dit: « ça n’est pas scientifique, Carlos, c’est de la pure superstition ! » Mais où en serions-nous si tout avait pu être prouvé ?

Quels furent les facteurs, dans votre enfance, qui vous ont mené à être le personnage que vous êtes aujourd’hui ?

Quand je fus conçu, il n’y eut pas d’excitation sexuelle, c’est pourquoi je suis sorti biscornu. Don Juan me disait: « Je vois que ta mère n’a même pas su ce qui lui arrivait ; elle n’a rien senti. Ton père n’aimait pas l’acte sexuel et ils t’ont conçu derrière une porte, c’est pourquoi tu es sorti petit et nerveux. Regarde-toi : tu agis toujours comme si tu étais poursuivi. Tu es toujours à la recherche de quelque chose, et tu te déplaces partout avec cette anxiété, parce que ta conception a été super-civilisée; c’est ce qui arrive à presque tout le monde. C’est pour ça qu’il t’est difficile de sauter dans l’intention des sorciers. Si tu veux être l’égal des gens conçus avec passion et qui sont capables de tout, qui ont une énorme énergie qui ne peut pas se perdre, se dissiper…ça va être difficile, parce que tu es le produit d’une baise ennuyeuse. Tu vas devoir faire un énorme travail pour remettre à leur place tous tes morceaux énergétiques afin de pouvoir sauter dans d’autres dimensions.

Pourquoi les élèves de don Juan furent-ils si peu nombreux ?

Don Juan ne voulait pas d’élèves placés sous les projecteurs parce qu’ils se seraient épuisés trop vite. C’est pourquoi moi, les trois sorcières : Florinda, Taisha et Carol, et les Chacmools, sommes en train d’essayer d’enseigner et de transmettre tous ses enseignements.

Nous savons que Carol Tiggs a disparu pendant des années de cette réalité, pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet ?

Carol Tiggs…un être assez extraordinaire. Elle est partie…elle a disparu en tant que personne du monde quotidien. Cela peut sembler stupide, mais si nous suivons le raisonnement de don Juan, c’est tout ce qu’il y a de plus naturel. La Mer de la Conscience est là pour les sorciers, et nous pouvons l’utiliser comme moyen de…des choses irrationnelles peuvent arrivées. Disparaître est naturel dans notre monde cognitif. Carol Tiggs a été absente pendant 10 ans. Mais un jour, j’étais dans une librairie, fouinant, quand soudain…je vois une grosse tâche ambrée, la couleur de la discipline du sorcier.
La couleur ambre n’est pas naturelle…je me suis approchée de la grosse tâche, et j’ai commencé à distinguer comme un tunnel depuis lequel une silhouette avançait vers où j’étais…c’était Carol Tiggs ! Je ne savais pas où elle avait été pendant 10 ans. Notre nostalgie pour elle était telle, pour les trois qui étaient restés, que nous ne pouvions pas parler d’elle, ni penser à elle; c’était très dangereux. Mais maintenant elle est là et elle paraît avoir 25 ans. Elle a navigué dans une autre réalité.

Sommes-nous les héritiers de la connaissance de l’ancien Mexique ?
En vérité non, ça ne nous intéresse pas, nous avons d’autres priorités. Non, ce n’est pas son Mexique ni le mien, mais oui nous pouvons y avoir accès.
Quelle est la barrière, qu’est-ce qui nous retient ? Beaucoup de choses. Mais nous sommes les possesseurs d’un système extraordinaire. Mais que faisons-nous ? Nous nous saoulons, nous engloutissons n’importe quoi : de la nourriture, des pastilles…C’est ça l’amour personnel ? Nous sommes les plus égomaniaques, nous sommes régis par des idéaux qui n’ont pas de sens. Comment contribuons-nous à la connaissance, que voulons-nous de la vie ? Punaise! Quelle stupidité ! Je suis « old age » disait don Juan.

Que désireriez-vous faire de plus dans cette vie ?

Je dois découvrir tout ce que je peux pendant que j’ai cette conscience. Don Juan disait : « Je ne suis pas d’accord avec les accords auxquels je n’ai pas participé. Par exemple, la vieillesse, je n’ai pas accepté d’être vieux. C’est pourquoi je suis jeune, il est de mon devoir de le refuser. »

Que pensez-vous de l’égo, du moi ?

Don Juan disait qu’il n’y a pas à faire étalage de l’égomanie, du moi, moi, moi. On ne peut pas être sous les feux de la rampe tout le temps. Il me disait que j’étais un égomaniaque: « Plus on est petit, plus on est egomaniaque ». Pour lui, j’étais « Monsieur Cauchemar ».

‘Mais qu’est-ce que cela vous apporte don Juan, votre relation avec moi », je lui demandais. Il disait : « Beaucoup, chaque fois que je te vois j’ai la nausée; j’ai envie de vomir ; et tu as remarqué ? Tu vois ?…Tu me renouvelles. »

Je lui ai donné des années de bonheur, parce qu’il était plié de rire avec moi. Il ne laissait passer aucune opportunité pour m’enseigner quelque chose ; en plus, il se voyait toujours si jeune et moi si vieux, car je m’adonnais au vin et à la cigarette, j’allais chez lui à moitié assommé pour me donner du courage.

Un jour, don Juan m’a dit: « Nous allons partir dans la montagne 10 jours. De combien de paquets de cigarettes as-tu besoin? » – « Environ 10 », répondis-je.

« Très bien, dit-il, alors empaquettes-les soigneusement avec du ruban adhésif et compacte-les parfaitement pour que les coyotes ne les trouvent pas. »

Immédiatement après je me mis à préparer les paquets, en faisant plusieurs tours avec du ruban adhésif; j’inventai même un mécanisme où je laissai un trou pour y passer ma main, afin de pouvoir sortir un paquet, et une fois le paquet sorti, le tout pouvait rester à nouveau scellé, une merveilleuse invention ! Nous partîmes dans la montagne. Le deuxième jour au matin, mes paquets de cigarettes avaient disparu ; on voyait seulement les empreintes des coyotes et des paquets arrachés.

« Ah! Ne t’en fais pas, dit don Juan,  je ne crois pas qu’ils l’aient emporté bien loin. Nous allons chercher ton paquet de cigarettes.  »

Pendant huit jours nous avons cherché le paquet de cigarettes, en haut de la colline, en bas de la colline, en haut de la côte, en bas de la côte. Ma condition physique précaire était en train de me tuer, je marchais avec la langue pendante, jusqu’à ce que je m’allonge sur le sol en disant:
 » Je me rends, je n’en peux plus. »
« Tu ne veux plus chercher tes cigarettes ? », me demanda-t-il.
« Non, répondis-je, tout ce que je veux c’est survivre »(avec la gorge sèche, crachant du goudron).
« Très bien, dit-il, alors le voyage se termine ici ». Il entrouvrit quelques buissons et là, juste devant mon nez, apparut sa maison. C’était sa manière de transmettre ce qu’on ne peut interpréter. Là s’arrêta pour moi le vice de la cigarette et du vin, pour toujours. Il faisait ces choses…comme effiler mes pulls de Dinamarca et me remettre la pelote de fil. Pourquoi ? Pour que j’interrompe mon système interprétatif, pour me laisser libre, sans information et sans syntaxe.

Comment est la vie d’un sorcier ?

Si ce que vous faites n’a pas d’influence sur votre vie, ça ne sert à rien. Pour un sorcier c’est une aberration. Vous ne pouvez pas être érudit de 9h à 15h et être un pou le reste du temps. Vous devez être un guerrier impeccable à temps complet. Après avoir eu connaissance de ça, on doit se comporter avec impeccabilité. Don Juan disait qu’on ne peut pas insister sur les choses, elles arrivent d’une manière naturelle, si vous insistez, zou !, la magie s’arrête.

Que pensez-vous de cette vague de mécontentement envers le New Age ?

De quoi pourrais-je me préoccuper si à mon âge je suis old age ? La sorcellerie c’est être vieux et jeune en même temps. Le New Age, c’est de la connerie. Je ne peux pas me permettre le luxe d’être égomaniaque. Don Juan me l’a enlevé. Il me disait: « Ton égo est comme un clou, ça va te faire un peu mal, mais je vais te l’enlever. » Et…poum !, il me l’enlevait. Je lui disais : « Merci, je me sens bien. » – « Ne t’emballe pas…tu as 13 clous. » Parfois je lui disais : »Enlevez-moi un autre clou », et il me répondait : « Non, pas aujourd’hui. »

Vous avez laissé tomber l’anthropologie pour le chemin du nagual ?

J’ai laissé tombé l’anthropologie et tout ce qui incombe au monde quotidien, mais ça m’a donné quelque chose d’inouï : la lutte, le combat… l’objectif est à l’horizon, pas ici. Cessez d’être des hommes, des machos latins, lâchez les rennes. Votre mère vous a fait croire que vous étiez extraordinaire, parce que vous étiez un homme « pimenté ».

On vous a appris que les femmes étaient à votre service ; comme disait Aristote : « Les femmes sont des hommes impotents. » Le fait que beaucoup de femmes et Carol Tiggs soient meilleures que moi, ça c’est une révolution.

Quel était le but de don Juan en transmettant ses connaissances ?

Don Juan n’était ni un maître ni un gourou, il voulait perpétuer sa lignée. Et cette énorme responsabilité retomba sur moi. Mais je ne suis pas comme lui, je ne peux pas la perpétuer. Je suis même plutôt là pour fermer le cercle de la lignée…mais avec extrêmement d’élégance. Et avec les passes magiques de la Tenségrité qui sont une force agglutinante. On nous a enseigné 41 lignes entières de passes magiques. Je n’ai pas de secrets, je veux créer une « commotion cérébrale » pour que nous parvenions à une révolution énergétique.

Rien de old ou new age, pas de religion, rien…mais nous sommes intéressés à utiliser ces passes magiques vieilles de plusieurs milliers d’années ; elles ne peuvent plus rester avec nous. Nous les avons amalgamées ; cela fait 15 ans que nous pratiquons afin de voir si on peut créer un agglomérat de champs énergétiques. Je veux fermer la lignée avec une grande explosion, laissez-moi vous toucher, révéler, transmettre les connaissances.

En 1973, don Juan s’est transformé en lumière, en serpent à plumes. Lui et ses associés ont fait un tour final. Il arrive un moment où la Terre vous dit : « Tu es libre…va t’en ! » Une existence si énorme qui est consciente d’un microbe comme moi ! (presque en pleurant) Elle me transporte !…comme une mère pleine d’amour.

Comment traiter avec un égomaniaque ?

Don Juan disait : « Tu peux dire la pire des insultes aux gens, mais si tu le dis sur un ton d’adulation…ils restent enchantés. » Pour pouvoir être un guerrier, la première chose est de se détacher du moi personnel. A quoi bon se mettre en colère ? La bataille n’est pas ici, elle est à l’horizon.

Peut-on voler son énergie à quelqu’un  ?

Personne ne vole notre énergie, nous la dispersons.

Dans quelles parties du corps s’emmagasine l’énergie ?

Dans la vésicule, la rate, le pancréas, le foie et les glandes surrénales. L’oeuf lumineux qui est autour de tout le corps capte l’énergie et la charge dans ces organes. Les femmes ont un autre centre énergétique : l’utérus.

Qu’en est-il de la génétique ?

La commande génétique ne peut plus être la reproduction; la commande génétique aujourd’hui doit être l’évolution. La semence masculine est à un niveau très bas ; nous sommes sur le point de nous éteindre et nous restons pris dans des imbécillités.

Le dialogue intérieur est-il bien ou mal pour un guerrier ?

Il est toujours en faveur du moi. Il faut arrêter le dialogue à coups de pied, perdre l’importance personnelle. Comment ? Comme on peut.

Pourquoi les exercices de Tenségrité que vous allez enseigner à ce séminaire est-elle si importante ?

Parce qu’ils sont conçus spécialement pour la vallée de Mexico.

La Jornada – janvier 97

Amitiés

Claude Sarfati

Les enseignements du Nagual (l’impeccabilité)

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… Afin de résumer ce qui a été dit précédemment, considérons les principes de base de ces Enseignements, qui sont exceptionnellement riches d’éléments théoriques et pratiques des plus valables.

Don Juan a précisé trois directions dans les Enseignements:

l’art de traquer

l’art de l’intention

l’art de la conscience

Dans l’histoire de cette tradition spirituelle amérindienne, l’art de la traque consistait au commencement, en la capacité d’être furtif, afin de passer inaperçu parmi les personnes qui ne vous comprennent pas (c’est-à-dire, les gens de stades inférieurs dans la psychogenèse) — et de réaliser votre But.

Mais plus tard, particulièrement, en raison de la contribution personnelle de don Juan, cette tendance a été significativement augmentée et a inclus également le traçage de ses propres vices. Nous avons déjà discuté de cela. Laissez-moi dire seulement une brillante citation, donnée par don Juan: Dieu (dans ses termes, la Puissance) donne selon notre impeccabilité. C’est-à-dire, Dieu nous donne une occasion de l’approcher, de nous immerger dans le bonheur croissant de la Fusion avec Lui — à mesure que nous nous perfectionnons éthiquement.

La seconde section — l’art de l’intention. L’intention, dans ce contexte, est identique à l’aspiration au But Suprême. Un vrai guerrier dans la signification dont don Juan a de ce mot est une personne avec l’intention correctement développée.

Le style de vie des guerriers les apportait à la totalité de lui-même/elle-même, c’est-à-dire à l’état d’être non séparé concernant les choses majeures et mineures, l’intégrité, de se consacrer seulement au But Suprême.

Le troisième aspect est l’art de la conscience — ce qu’est le bouddhi yoga.

Ainsi, nous pourrions voir de nouveau, que Dieu mène toutes les personnes qui ont atteint un certain niveau de maturité dans leur psychogenèse, indépendamment des pays ou des cultures religieuses dans lesquels ils vivent, en utilisant un modèle méthodologique commun. Nous devrions étudier ces principes et tendances et les appliquer à nous-mêmes ainsi qu’à ceux qui nous suivent.

Bonne lecture: Claude Sarfati

Voyance et Conscience

Dans ce travail, je vais essayer de donner un sens raisonnable à une chose qui semble ne pas appartenir au domaine de la raison : La voyance. Mon expérience me fait constater plusieurs choses:

-La méditation, le Yoga, la Sophrologie, la relaxation, etc. facilitent les perceptions extra-sensorielles. De nombreuses études scientifiques ont été menées sur les modifications qui se produisent dans le cerveau des personnes qui pratiquent régulièrement la méditation : meilleure santé globale de la personne autant au point de vue du corps que de l’esprit, plus grande ouverture de la conscience : perceptions plus accrues, plus rapides. Amélioration notable du système nerveux qui se fortifie au point que la pratique régulière de la méditation semble mettre à l’abri des maladies dites nerveuses, des états dépressifs, des problèmes du sommeil, et même de la dépression elle-même.

Nous sommes bien loin de connaître de façon rationnelle (scientifique, c’est-à-dire par l’observation extérieure d’un phénomène qui se répète dans des conditions identiques) les bienfaits de toutes les techniques orientales.

Depuis des siècles les orientaux expérimentent à l’intérieur , ce que les occidentaux cherchent à percevoir à travers des phénomènes visibles, extérieurs. Intérieur, extérieur ; cela rappelle le Yi King (trigrammes inférieur : l’intérieur de la situation ; trigramme supérieur : l’extérieur de la situation).

-Les états dits de « conscience modifiée ou altérée » qui augmentent aussi les facultés de perceptions. Ces états sont obtenus soit par l’usages de plantes hallucinogènes (nous en parlerons aussi dans la rubrique Mexique en abordant le travail de Carlos Castaneda), soit par des techniques chamanistes ou spirituelles (mystiques). La maladie, la mort proche, la peur, sont aussi des « états » qui modifient la conscience et augmentent les perceptions.

La conscience modifiée peut percevoir et analyser des informations qui lui sont généralement inconnues.

Il me semble que ces états de conscience augmentée (méditations, etc.) ou altérée (drogues, transes) sont tout à fait comparables à ce qui se passe en voyance, tout du moins en partie.

Donc la voyance peut-être comparée à une transe, cette hypothèse à été avancée par bon nombres de scientifiques, je vous propose ci-dessous le travail de : EDOUARD COLLOT

Cette théorie, bien que séduisante réduit considérablement le champ d’action du voyant. Tout est « transmission de pensée », cela facilite le travail de la science, mais le voyant ne fait-il que répéter ce que pense le consultant?

Dans les informations que délivre le voyant, certaines vont bien au-delà de la pensée du consultant.

La tenségrité ou les Passes Magiques.

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Qu’est-ce que la Tenségrité?

La tenségrité est le nom donné à la version moderne des passes magiques: positions et mouvements du corps et respirations qui ont été rêvées et traquées par des hommes et des femmes voyants qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, et enseignées à Carlos Castaneda, Florinda Donner-Grau, Taisha Abelar et Carol Tiggs par leur maître, don Juan Matus, un indien Yaqui de Yuma Arizona et de Sonora, Mexique, et l’héritier d’une lignée de voyants originaire du Mexique ancien.

Le mot Tenségrité est emprunté à un architecte, ingénieur et rêveur que Carlos Castaneda connaissait et admirait : R.Buckminster Fuller, qui décrivait la tenségrité comme une combinaison d’intégrité tensionnelle, les forces au travail dans une structure qui est formée par un réseau fini de compression, ou éléments rigides interconnectés par des éléments tensionnels, ou élastiques qui donnent à la structure son intégrité générale. A cause de cette propriété élastique des interconnections, quand un élément de la structure de tenségrité est déplacé, ce mouvement est transmis à travers l’ensemble de la structure, et tous les autres éléments se déplacent aussi, ou s’adaptent à une nouvelle configuration, s’adaptant à ces mouvements sans se rompre.

Carlos Castaneda a trouvé que ce processus, la tenségrité, est une description énergétique parfaite de la pratique moderne des passes magiques et de la manière d’être que don Juan Matus lui a enseignée. Dans le cas des passes magiques, la Tenségrité se réfère aux jeux de tension et de relaxation des tendons et des muscles, et à leurs contreparties énergétiques, d’une manière qui contribue à l’intégrité générale du corps en tant qu’unité physique et énergétique. Dans le cas de la vie quotidienne, disait Carlos Castaneda, la Tenségrité est un art: l’art de s’adapter à sa propre énergie, et à l’énergie de chacun des autres d’une manière qui contribue à l’intégrité de la communauté que nous sommes.

« Rechercher la perfection de l’esprit du guerrier est la seule tâche digne de notre existence temporelle et de notre âge d’homme » Carlos Castaneda

La Roue du temps

Editions  Broché

Bon dimanche: Claude Sarfati

Les enseignements du Nagual (dialogue intérieur)

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Un autre aspect important du travail avec les disciples était la maîtrise de la pause mentale ou, en d’autres termes, l’arrêt du dialogue intérieur (le premier terme est plus approprié, car avec les dialogues intérieurs il y a aussi les monologues intérieurs).

C’est un préalable absolument nécessaire à la maîtrise du nagual, car le nagual est maîtrisé au moyen de la méditation, et la méditation, comme Rajneesh l’a si bien dit, est l’état de non-mental. C’est-à-dire, pour apprendre à immerger la conscience dans le nagual, on doit apprendre à cesser, à couper le mental.

Afin d’atteindre la pause mentale, don Juan employait les techniques suivantes:

1. Drogues psychédéliques. Il devrait être noté, cependant, que don Juan a employé cette méthode seulement au début de leur travail commun, et l’a abandonné plus tard. En second lieu, Castaneda s’est plaint après que bien qu’il ait été immensément reconnaissant à don Juan pour tout ce qu’il avait fait pour lui, néanmoins son foie (de Castaneda) était encore marqué par des cicatrices. Par conséquent, il est absolument non recommandé de suivre leur exemple quant à l’emploi de drogues psychédéliques. D’autant plus qu’il y a d’autres moyens bien plus efficaces et plus inoffensifs afin de maîtriser la pause mentale à notre disposition.

2. Regarder fixement. On devait regarder fixement un certain objet pendant longtemps, par exemple, un ravin, le courant de l’eau, et ainsi de suite. En conséquence, la première attention devenait épuisée laissant place à la deuxième attention.

3. Suspension prolongée de son corps sur des appareils comme une balançoire.

La formation mentionnée ci-dessus résultait en l’atteinte de l’état appelé wu-wei dans le yoga chinois — non agir, c’est à dire non agir sur le plan physique, quand le mental (manas) s’arrête, alors nous obtenons l’occasion pour la méditation dirigée, pour l’activité de la bouddhi (conscience). Manas et bouddhi sont en interrelations: ils ne peuvent agir simultanément; à tout moment un seul d’entre eux fonctionne. (Ce qui ne signifie pas qu’une personne sans corps ou en état de méditation perd la raison. Non. Une conscience développée cristallisée pense. Mais elle pense d’une autre manière, pas d’une manière terrestre).

Une autre technique unique qui a été développée dans cette École par les prédécesseurs de don Juan est l’interaction intentionnelle avec des personnes-tyrans. La technique était utilisée pour l’accomplissement de l’impeccabilité du guerrier, c’est-à-dire la capacité de suivre des principes éthiques et d’adhérer à la stratégie du comportement objectivement valide dans des situations d’urgence. Autrefois dans le passé don Juan lui-même a été envoyé par son professeur à un féroce contremaître-tyran pour une telle formation. Au Mexique de telles personnes étaient considérées très rares, et d’en trouver un était considéré comme une grande chance par les guerriers.

… Maintenant, énumérons les méthodes de travail psycho énergétique utilisé dans l’École de don Juan:

1. Nettoyage de la luminosité intérieure ( le raffinement de la conscience).

2. L’utilisation de lieux de puissance — des zones énergétiquement favorables à la maîtrise de méditations particulière.

3. Rêver-ce à quoi l’on a donné beaucoup d’attention dans le travail de l’École. Qu’est-ce que c’est? Beaucoup de personnes, ayant lu les livres de Castaneda, essaient d’employer leur sommeil à cette fin sans succès. Non, ceci n’est pas la manière que cela doit être fait. Rêver est un synonyme du mot méditation. Du au fait qu’ils n’étaient pas au courant des termes généralement admis dans les autres pays, les Amérindiens d’Amérique Central ont dû trouver leurs propres mots pour dénoter des techniques, phénomènes, et objets de la pratique spirituelle. C’est la façon dont le terme rêvé est né, puisque les images méditatives ont des similitudes avec les images que l’on voit dans les rêves.

La formation spéciale en rêvant permettait aux disciples, en état de détachement du corps, de courir sur les murs, de s’élever le long des faisceaux d’énergie (les lignes du monde), et ainsi de suite.

4. Apprendre à agir dans des situations magiques extrêmes, intentionnellement créées par le maître. À cette fin, les vices moraux des disciples étaient employés. À ces fins, si un disciple avait une inclination à attaquer égoïstement d’autres personnes, on lui suggérait de participer à un combat magique qu’il perdrait à coup sûr. Et cela s’avérait salutaire pour tous les participants.

5. La technique de changement du point d’assemblage par l’impact énergique du maître (cela est appelé le coup nagual; le terme nagual avait une autre signification dans ce cas-ci: un chef qui maîtrisait le nagual était capable d’agir en lui et sur lui).

6. Pratique méditative de la mise à niveau des émanations d’énergie à l’intérieur du cocon en accord avec les émanations externes des plus hautes dimensions spatiales.

7. Le travail avec le hara visait le développement de l’aspect de puissance.

8. L’utilisation d’alliés (c’est-à-dire, d’esprits). Cela était fait en deux variantes.

La première — l’apprivoisement des esprits qui devaient, selon les plans, devenir des aides et des protecteurs du sorcier. Don Juan et son ami Genaro ont eu de tels alliés au commencement de leur recherche spirituelle.

Mais chacun doit être averti que c’est une pratique incorrecte et dangereuse, que nous ne devrions nullement essayer d’imiter. D’ailleurs, don Juan et Genaro ont renoncé à cette pratique plus tard.

L’autre variante du travail avec les alliés consistait à les chasser. Il n’est pas étonnant qu’une telle pratique ait été inventée par les Amérindiens qui vivaient en contact constant avec la nature. Ainsi, on disait aux disciples qu’à un certain moment ils étaient certains de trouver un allié sous la forme humaine masculine qui les défierait au combat. On peut perdre ce combat, laissant place à la peur, ou on peut le gagner. Dans le dernier cas, le guerrier acquiert la puissance de cet esprit.

Et les disciples se préparaient pour un tel combat, qui pouvait avoir lieu à n’importe quel moment, en développant la vigilance (vivacité) et d’autres qualités nécessaires aux guerriers.

Sur la base de ce jeu éducatif, les disciples effectuaient, en particulier, le travail de développement de la bulle inférieure de perception.

Bon dimanche: Claude Sarfati